« Minute Papillon ! » : En rejetant les normes vestimentaires, Harry Styles relance le débat sur le « queerbaiting »

podcast Le chanteur britannique Harry Styles est érigé en modèle de l’homme déconstruit, mais, lui refuse, de se définir comme queer. Une position qui passe mal pour certaines personnes de la communauté LGBTQ+. On en discute dans ce nouvel épisode

Jeanne Cerin
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C’était le concert le plus attendu de l’année. En juillet 2022, une horde de Harries, des fans du chanteur Harry Styles, arrivent avec des boas colorés, à l’Accor Arena. Paillettes, débardeurs fluo, bandanas, notre journaliste Marion Pignot, présente sur place, constate des looks libérés des normes de genre.

« Ce sont des fans qui sont là pour être en sécurité, dans une ''safe place'' où tout style vestimentaire est permis et où tout jugement est proscrit », raconte Marion Pignot dans cet épisode de « Minute Papillon ».




Refus de se définir ou opportunisme ?

« Certains accusent parfois Harry Styles de faire du queerwashing », explique Marion Pignot. Ce qui est reproché à Harry Styles ou d’autres personnalités masculines qui se défont des normes de genre vestimentaires, c’est d’entretenir le flou sur leur orientation de genre et sexuelle.

Le chanteur refuse en effet de se définir. Interrogé en août 2022 par le magazine Rolling Stone, il répond : « Je n’ai jamais parlé publiquement de ma vie en dehors du travail et je trouve que ça ne m’a apporté que du positif ». Parler non, mais le chanteur s’est plusieurs fois affiché publiquement en couple avec la mannequin Kendall Jenner ou la chanteuse Taylor Swift par exemple. Des femmes, uniquement.

Aussi, le doute s’est installé chez certains fans. Harry Styles profite-t-il d’une tendance à la déconstruction de la masculinité pour continuer d’attirer un public queer qui ne se définit pas par les catégories de genre et d’orientations sexuelles traditionnelles ? Son image gender fluid est-elle seulement motivée par un intérêt commercial ?

Attention à l’obligation de se définir

Dans ce nouvel épisode de « Minute Papillon ! », nous sommes allés poser la question à Déborah Gay, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Toulouse II et spécialiste des représentations de genre dans l’industrie culturelle.

Selon la chercheuse, le « queerbaiting » concerne essentiellement les industries. « Cela vise les industries essayant d’attirer un public non hétérosexuel en faisant la promesse d’introduire dans leurs productions des romances gays ou des personnages transgenres, et où finalement la promesse est fausse ou marginale ».

Parler de « queerbaiting » pour un individu, cela reste beaucoup plus compliqué. « Il faut différencier l’identité de genre, l’expression du genre et l’identité sexuelle », alerte Déborah Gay pour qui le débat sur le queerbaiting entretient une confusion entre genre et sexualité. Elle se questionne : « Harry Styles doit-il se dire gender fluid ou se définit-il juste comme cisgenre et apprécie casser les codes de la masculinité ? ». De plus, elle alerte : « Les identités de genre et les identités sexuelles ne sont pas figées. ». Aussi un refus de se définir peut être le signe que la personne reste en questionnement.

Un refus à respecter, selon elle, afin de ne pas alimenter les discriminations vis-à-vis de la communauté LGBT+. Rappelons qu’en 2022, SOS homophobie a reçu 1.506 témoignages via ses dispositifs d’écoute et de soutien aux victimes de LGBTIphobies, selon le rapport de 2023 de l’association.

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