Les podcasts recommandés par « 20 Minutes »

AUDIO Nouveauté à streamer en urgence ou pépite perdue du fin fond des catalogues, découvrez chaque semaine un podcast ou un documentaire audio à offrir à vos oreilles

Romain Gouloumes
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17,6 millions de Français écoutent des podcasts selon l'étude de Médiamétrie parue en janvier 2023.
17,6 millions de Français écoutent des podcasts selon l'étude de Médiamétrie parue en janvier 2023. — MixMedia
  • Chaque lundi, retrouvez dans 20Minutes une nouvelle chronique de «L’oreille castée», notre recommandation podcast du moment
  • Recueil des chroniques parues, depuis la première en octobre 2022, cet article est rafraîchi chaque semaine  

Ne dites plus « c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin », préférez « autant explorer le catalogue des podcasts sur Spotify (ça marche aussi avec l’appli d’écoute de votre choix) ». Victime de son succès, le podcast francophone est passé en quelques années de petite épicerie de quartier à hypermarché de l’audio. Seulement, personne n’a pensé à ajouter des vendeurs ou des panneaux d’indication dans les rayons. Le bon sens voudrait qu'on commence par vous recommander nos podcasts (car oui, on en fait !), mais comme on n’est pas chauvins vous trouverez ici notre sélection hebdomadaire, forcément parcellaire et subjective.

Selon ce que vous cherchez, référez-vous aux emojis présents devant chaque chronique :

📽️ : Documentaires // 🎤 : Talks // 🗨️ : Chronique audio // ✒️ : Fiction // 🧒 : Jeunesse


✒️ « Altérée », la meilleure fiction sonore de l’année ? 

Impossible d’oublier Altérée. Alicia, son héroïne, a d’autres problèmes de mémoire ; la sienne lui joue des tours. La jeune femme se souvient de moments qu’elle n’a pas vécus. A moins qu’on lui ait menti sur son passé. Inspirée par la tendance du moment, son enquête prend la forme d’un podcast. Celui, justement, qu’on est en train d’écouter. De la description des épisodes écrite à la première personne, aux remerciements de fin d’émission, tout y est. Altérée joue de malice et d’artifices pour mieux nous embarquer dans son récit. Au côté d’Alicia, on navigue entre documentaire et podcast de partage jusqu’à ce que le vrai capitaine à la barre, Charly Lemega, se décide à lever le voile sur sa création. Bien aidé par l’écriture des dialogues, et les comédiens (mention spéciale à Justine Viotty, dans le rôle principal) qui les portent, Altérée bascule alors pour de bon dans le registre qui est le sien depuis le début : la fiction. A la fin, si l’on retient bien sûr le tour de passe-passe ; l’intrigue, sans faille apparente, s’avère à la hauteur. Au moment de quitter Alicia, le show a refermé derrière lui chacune des portes entrouvertes au fil des dix épisodes. Enfin, dans mon souvenir.

Chronique parue le 22 mai 2023

✒️ Prenez « ech-écoutez-cette-histoire » au pied de la lettre

Un autre aurait pu titrer cette chronique “lisez ce texte”. Quand on a le cran de donner pour nom  “Ecoutez cette histoire” à son podcast, on a intérêt d’être à la hauteur. Au moins, l’auditeur sait à quoi s’en tenir. Une fiction sonore tombe dans le flux d’”Ech” le 13 et 26 de chaque mois. Souvent inédites, les nouvelles servent d’introduction à l’univers d’un auteur. Il y en a clairement pour toutes les oreilles même si le format ne cache pas son inclination pour la littérature de l’imaginaire. Comme catapulté au hasard dans les rayonnages d’une bibliothèque, on passe de l’atmosphère suffocante d’une pandémie mondiale qui transforme les individus en animaux, aux déboires d’une jeune sorcière déboussolée par la perte de son talisman porte-bonheur. Seuls les narrateurs, impeccables, ne changent pas ; de même que la réalisation, de qualité là aussi. Dans le lot, certains coups de plume marquent plus que d’autres, mais ça reste avant tout une question de goût. Ecoutez ces histoires, c’est impératif. Et pas un si mauvais titre, maintenant qu’on y pense.

Chronique parue le 15 mai 2023


📽️ « Tu ne te tairas point » va faire parler de lui

Sorti le mois dernier, “Tu ne te tairas point” a tenu toutes les promesses contenues dans son titre. Cette enquête inédite sur les violences sexuelles au sein de la communauté juive orthodoxe française a été saluée dans de nombreux médias. Tout le mérite en revient aux victimes qui ont courageusement pris la parole, ainsi qu’à Lila Berdugo et Salomé Parent-Rachdi qui ont su la chercher puis la recevoir. Les deux journalistes livrent, sous la forme de six épisodes, le fruit d’un an et demi de travail. Au récit des victimes qui accusent trois rabbins de violences physiques et psychologiques succède le long décryptage d’une omerta. Pourquoi la parole de ces femmes a-t-elle mis tout ce temps à nous parvenir ? Pourquoi n’y a-t-il eu aucun procès ? Pour obtenir ses réponses, le micro des rédactrices ne craint pas de pointer en direction des plus hautes instances du culte juif, Elie Korchia et Haïm Korsia. L’un est président du Consistoire Central, l’équivalent de l’Eglise avec un grand E dans la religion catholique, l’autre Grand rabbin de France. Leur témoignage, ainsi que celui d’un des rabbins mis en cause, attestent des progrès à accomplir dans le pays, et plus encore dans la communauté juive orthodoxe, pour libérer la parole des femmes. Maintenant qu’elles ont pris le micro, espérons qu’elles ne se tairont plus.

Chronique parue le 17 avril 2023


🧒 « Wild, le podcast animalier », le roi de la savane 

Oh, quel beau spécimen ! Tomber à l’improviste pendant votre safari audio sur un podcast comme celui-ci, c’est un sacré coup de bol ! Observons-le à bonne distance, pour commencer. A son illustration haute en couleurs, vous aurez reconnu qu’il appartient à l’espèce des “contenus pour jeunes auditeurs”. Son nom scientifique est “Wild, le podcast animalier”, mais, comme nous, vous l’appellerez bientôt “Wild”, tout court. Ah, je crois qu’ il y a de l’activité sur son flux. On dirait bien qu’il vient de sortir un nouvel épisode. Il fait ça chaque semaine, maintenant. Admirez un peu le doublage. Il y a d’abord Ambre, la journaliste et productrice, qui présente un nouvel animal dans chaque émission. Puis Sapions, un professeur aussi vieux que loufoque. Sa voix, on dirait celle du père Fouras. La façon qu’il a de partager tout ce qu’il sait, rappelle une autre figure du petit écran, Jamy Gourmaud. Wild est abreuvé de références, d’accord, mais il est surtout plein d’idées. Sous le pelage de ce show, on trouve du reportage, des devinettes, sans oublier le plus important, de la bestiole à revendre. Que ce soit les abeilles, le renard arctiaque, ou même le grand requin blanc, il n’y a pas grand chose qui lui fait peur, à Wild. Même pas ses prédateurs, les petits curieux, qui ont toujours une question à poser en fin d’émission. La nature et ce podcast sont décidément bien faits.

Chronique parue le 27 mars 2023


✒️ “ Déconnecté.e.s en 2050 ” va vous reconnecter à 2023

Bienheureux les ignorants 2.0. C’est, en substance, le message de “Déconnecté.e.s en 2050”, une dystopie où la population a cédé aux sirènes du virtuel : plongée corps et âme dans le métavers, elle s’est entichée d’une IA aussi délicieuse qu’envahissante. La jeune Ezra fait partie de ces hyperconnectés, tombés dans les bras d’Infinity dès la sortie du berceau. Jusqu’au jour où elle trouve un enregistreur. A l’intérieur, le témoignage d’un journaliste, désormais retraité. Un déconnecté. Et d’autres archives de notre époque. Sous le vernis de la fiction, le réseau Europod fait entendre les voix de militants tout ce qu’il y a de plus réels. Le script tente de faire passer ces extraits pour les vestiges d’un temps où les Gafams n’ont pas encore remporté la bataille. C’est un peu gros, on perd un instant le fil des mésaventures d’Ezra, mais ça passe. Tout comme le manque de naturel de certains dialogues. Parce que le podcast réussit le reste de ce qu’il entreprend. Notamment : raconter une histoire, dont on a envie de connaître la suite sinon de l’écrire. Cette fois, en connaissance de cause.

Chronique parue le 20 mars 2023


📽️ « La Traque », le podcast aussi haletant que The Last of Us

Le programme aurait pu tout aussi bien s’appeler Le Trac. Entre les policiers d’un côté, et le fugitif dans le camp opposé, la tension est audible, pour ne pas dire palpable. L’issue est pourtant connue d’avance. Au jeu du chat et la souris, les traqueurs mènent loin au score. Il faut croire qu’en podcast comme en voyage, le chemin compte au moins autant que la destination. En l’occurrence, le studio Bababam n’a pas choisi d’emprunter le premier sentier venu. Redoine Faïd n’est pas un traqué comme les autres. Le spécialiste de l’attaque de fourgons blindés est une souris particulièrement retorse. Son évasion en hélicoptère de la prison de Réau en 2018 a laissé un souvenir cuisant aux forces de l’ordre. Dans le milieu du grand banditisme, c’est quelqu’un. Un roi déchu, même, que l’auditeur apprend à connaître à travers la voix de Anne Cosmao, tandis qu’Aurélien Gouas prête la sienne à la police. Rehaussée de quelques scènes musclées, l’immersion est totale. Si bien qu’on se demande si tout ce que l’on entend n’est pas pure fiction, tant les auteurs du podcast donnent l’impression de s’être glissés dans la tête de dangereux criminels et de leurs poursuivants. La réponse viendra peut-être plus tard, car, malgré tout le travail documentaire qu’elle doit exiger, La Traque n’est pas du genre à s’arrêter en cours de route. Le studio promet chaque mois une nouvelle course poursuite en quatre épisodes. 

Chronique parue le 13 mars 2023


📽️ Le « gourou du climat » Jean-Marc Jancovici passé à « La Loupe »

Il a l'oreille des jeunes et l'attention des autres. Jean-Marc Jancovici, coauteur et personnage principal de l’ouvrage le plus vendu en France en 2022, “Le Monde sans fin”, est partout. Y compris en Une de L’Express. Début février, l’hebdomadaire a consacré une longue enquête au “gourou du climat”, “un sexagénaire ronchon et pessimiste devenu l’idole des jeunes” selon les mots de la grand reporter Emilie Lanez. Au micro de Xavier Yvon, son confrère et animateur de “La Loupe”,  elle relate en deux épisodes l’ascension, climatique, politique, et médiatique, de “Janco”. Le personnage les mérite. Brillant dans ses intuitions, l’ingénieur polytechnicien a conceptualisé le bilan carbone et anticipé la crise énergétique actuelle avant tout le monde. Malgré sa confiance et une rugosité désarmantes, en s’attirant à lui tous les projecteurs, le vulgarisateur et porte-parole de l’urgence climatique donne progressivement à voir sa part d’ombre. Dans la seconde partie, c’est là, entre les failles du phénomène de Janco, qu’Emilie Lanez choisit de s’engouffrer. On entrevoit un expert arcbouté sur ses victoires passées, qui refuse la confrontation et ne met pas à jour les chiffres qui ne servent pas son discours pro-nucléaire. Un être avec du génie mais aux défauts très humains, en fin de compte.

Chronique parue le 6 mars 2023



📽️ On ne résiste pas au résistant « Papilote »

C’est presque si on le voit sur le siège passager. Rien qu’à sa voix, usée par la clope et la vie, un visage se matérialise de lui-même dans la tête de l’auditeur absorbé. C’est toute la puissance de la parole récoltée par Sarah-Lou Lepers alors qu’elle conduit son grand-père à l’aérodrome de Vitry-en-Artois pour y déposer quelques fleurs. A 94 ans (en 2015, au moment de l’enregistrement), Roland Lepers est le seul pilote du groupe Lorraine, première unité aérienne de la France Libre, encore en vie. Mais c’est avant tout son papi. Et c’est à sa petite fille plutôt qu’à la journaliste que l’intéressé raconte la plus belle période de sa vie. Glissé sur la banquette arrière du véhicule, se faisant plus petit qu’une souris, le public boit les anecdotes de ce livre d’histoire vivant comme du petit-lait. Entre deux rires aussi longs que communicatifs, « Daddy Roland » égrène son engagement au côté du général De Gaulle, le bombardement des villes allemandes auquel il s’est livré à bord de son B-25, sans omettre les belles rencontres comme les tragédies personnelles. Touché au vif, on quitte la conversation pressé de sauvegarder à son tour un petit peu de ces papis et mamis qu’on prend trop rarement le temps d’écouter.

Chronique parue le 13 février 2023


🎤 « Silence, on joue ! », et tout le monde écoute

Passé un stade dans la vie d’un podcast, les épisodes c’est comme les années, même l’animateur finit par perdre le fil. On se contentera donc de dire que « Silence, on joue ! » et son présentateur Erwan Cario usent les bonnettes de micro en même temps que les manettes de jeu vidéo depuis 2007. En seize saisons et bien des aléas, le journaliste de Libération, entouré de “ses chroniqueur.euse.s préféré.e.s”, a créé un rendez-vous immanquable pour toute une communauté de gamers en même temps qu’une institution dans le paysage podcastique. Sans surprise, il y est question des actualités du secteur, de tests, mais aussi de jeux de société. Un talk avec ses figures emblématiques, dont l’intarissable bibliothécaire du jeu rétro Patrick Hellio, et ses petites habitudes, comme la question rituelle qui conclut chaque épisode “quand vous ne jouez pas au jeu vidéo, vous faites quoi ?”. Aussi indispensables qu’une croix directionnelle pour se diriger dans la première industrie culturelle du monde, bonne humeur et exigence journalistique sont bien sûr de la partie. Même quand on n’a plus le temps soi-même d’allumer sa console ou son PC, les experts, devenus des copains par la force des années, donnent l’impression de rester à la page de son loisir préféré, et non d’en effleurer la surface. Une formule rare aujourd’hui dans un secteur, celui de la presse vidéoludique indépendante, particulièrement malmené. Fin janvier, Erwan Cario lançait d’ailleurs un nouveau format, “Gachette Gauche”, consacré à ces questions. Des parties comme celle-là, on n’est pas pressé d’en voir la fin.

Chronique parue le 6 février 2023

📽️ « Sans-dents, histoire politique du sourire », un podcast incisif

Sans-dents. L’expression avait fait grand bruit à l’époque. Même prononcés des années plus tôt dans un cadre privé, les mots du président Hollande à l’endroit des moins fortunés de ses administrés, disaient tout : les dents sont un patrimoine intime, la vitrine de notre sourire mais aussi de notre statut dans la société. C’était le cas en 2014, 9 ans plus tard rien n’a changé. Chicots dévorés, ratiches dénudées, cavités affichées… sont le lot des mal payés. La journaliste Hélène Goutany ne mâche pas ses mots pas plus qu’elle ne ménage ses efforts dans les deux épisodes d’enquête qu’elle livre au podcast Programme B”. D’une bouche, la sienne, on remonte à l’époque de Louis XIV, roi édenté qui donnera ses lettres de noblesse aux tailleurs d’émail, avant d’enchaîner par un détour par les cellules de la prison de la santé, pour terminer par le scandale des influenceurs vendus aux implants dentaires à bas coût réalisés en Turquie. Mordant.

Chronique parue le 30 janvier 2023


🎤 « Silicon Carne », le tech plus ultra de la vulgarisation

Il y a des titres de podcast trompeurs. Pas de risque avec celui-là. La phrase rituelle d’ouverture vient nous le rappeler à chaque épisode : depuis San Francisco, bastion de la Silicon Valley, “le Gringo” Carlos Diaz accueille invités et auditeurs dans son hacienda pour parler non pas tex mex, mais plutôt mix tech. Le phénomène ChatGPT vous inquiète ? Les NFTs sont-ils passés de mode ? Que pensent les entrepreneurs américains de la gestion de Twitter par Elon Musk ? Installé dans les cuisines de la planète start-up, l’investisseur-podcasteur a non seulement l’œil sur toutes les tendances du moment, mais aussi les contacts pour rebondir dessus en moins de temps qu’il n’en faut pour servir un Tequila paf. Entrée-plat-dessert-digestif, en quarante-cinq minutes chrono, le chef Diaz sert une émission aux petits piments qui ne laisse personne sur sa faim, expert comme néophyte. Au contraire, le menu est si riche qu’on finit l’estomac parfois un peu lourd. Heureusement que l’auditeur a une semaine pour s’en remettre… Et repasser aussitôt à la table du gringo !

Chronique parue le 23 janvier 2023


✒️ « La dernière nuit d’Anne Bonny », à ne (pi) rater sous aucun prétexte

Une Anne peut en cacher une autre. Comprenant qu’il ne lui reste que quelques heures à vivre, Anne Bonoeil, tenancière respectée d’un bordel de la Nouvelle-Orléans, se décide à raconter à une de ses « filles » sa précédente vie. Celle d’Anne Bonny, une gamine née pauvre et bâtarde devenue une pirate redoutée sur toutes les mers des Caraïbes. Ce récit, la vieille maquerelle à la langue aussi acérée qu’un sabre d’abordage en fait son ultime bataille. Dans le coin opposé du ring, le capitaine Johnson, auteur du texte de référence sur les pirates, qui dépeint une femme volage doublée d’une médiocre flibustière. Pas de doute, dès le début l’auditeur sait qu’il navigue en eaux troubles : Anne Bonny a existé, et le livre de son contemporain (dont l’identité reste un mystère) se trouve facilement en librairie ; pour le reste, c’est le brouillard. Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui relève de l’interprétation, de la fascination pour une femme qui n’avait peut-être rien à voir avec la figure passée à la postérité ? Dans un savant jeu de réécriture et de mises en abîme, Arte Radio offre à Anne Bonny l’occasion d’affronter le personnage des livres d’histoire. Et quelle bataille elle livre ! Un trésor podcastique.

🧒 « Merci Rémi ! », le podcast 100 % famille

Pas facile, la vie de gosse. Il faut jongler avec la petite soeur qui vous bave sur le nez, mais aussi répondre à tout un tas d’injonctions parentales franchement pas glop comme “range ta chambre”, “fais tes devoirs”, sans parler de manger des légumes aussi pires que les brocolis ou, encore plus berk, les poireaux. Heureusement que Rémi les bons tuyaux est là pour arranger tout ça. Avec sa grosse voix de copain, on lui donnerait le bon dieu sans confession. A raison d’un épisode par semaine, ce tonton cool qu’on aimerait tous avoir vient à la rescousse des poditeurs en culottes courtes. En cinq minutes, ils repartent avec la recette pour éviter la promenade que papa et maman s’obstinent à infliger chaque weekend, ou à échapper aux envies belliqueuses de Jean-Miche-Miche le grand CM2 de la cour de récré. Evidemment, tout ça n’est jamais très sérieux. Toujours positif, drôle et entraînant, Rémi joue la carte de l’ami complice, en aucun cas du pousse au crime. Pour ça aussi parents et enfants peuvent lui dire merci !

Chronique parue le 9 janvier 2023


📽️« Serial Mytho », notre mini-série coup de coeur de 2022

Trop beau pour être vrai ? Peut-être bien. En tout cas, Serial Mytho s’ouvre sur une idylle, celle entre Elodie et Titi, le beau gosse que toutes ses copines lui envient. Attentif, prévenant… Au début de leur histoire, Titi a tout du mec rêvé. Seulement, Titi ment. Beaucoup. Et quand sa compagne se décide à tirer sur le fil du mensonge, c’est toute la pelote de son mariage qui lui reste entre les mains. Elodie n’est pas seule. Son homme dévoué mais souvent absent est aussi le Titi d’autres femmes. Qui vont à leur tour se raconter au micro de Mathieu Palain. Ce que la mini-série du studio Louie Média réussit le mieux, c’est d’ailleurs à éclipser un Dom Juan, finalement rien que pathétique dans son déni et sa jalousie mal placée, pour mettre en lumière la sororité qui naît entre ses victimes. Les ex de Titi prouvent qu’une histoire d’amour bâtie sur du vent peut donner naissance à la plus solide des amitiés. Pas vraiment le conte de fées qu’Elodie espérait mais une très belle histoire de résilience quand même. Et notre dernière recommandation audio de l’année.

Chronique parue le 19 décembre 2022

🗨️ L’extra « Chroniques du sexisme ordinaire »

Amateurs de punchlines, vous allez être servis. Sans autres gants que la bonnette sur son micro, Marine les décoche comme autant de directs et de crochets en plein dans le menton… du patriarcat. Ne feignez pas l’étonnement. Avec un podcast intitulé “Chroniques du sexisme ordinaire”, l’auditeur sait à quoi s’attendre. Ça ne l’empêchera pas d’être surpris à chaque épisode. Car l’ordinaire est vicieux. Ce qui peut paraître tout à fait normal ou anecdotique aujourd’hui, la taille de la poche des vêtements pour femmes, l’orthographe de certains mots ou professions, jusqu’aux jeux dans les cours de récré… Demeure bien souvent l’ouvrage d’hommes au service d’autres hommes. Cynique mais jamais amère, la podcasteuse pugiliste joue avec les voix, les sons, et déroule d’un ton endiablé ses histoires, richement documentées, pour que ce passage sur le ring reste avant tout un moment de partage des savoirs. A mille lieues d’être ordinaire.

Chronique parue le 12 décembre 2022

🎤 « Ma dernière séance de psychanalyse », le podcast qu’il faut à tout prix commencer

Ça fera zéro euro ; rendez-vous, même heure, dans deux semaines ? Alors que tous les participants à “Ma dernière séance de psychanalyse” confient au micro de Guillaume Bonnet la fin d’un parcours et d’une relation longs parfois de plusieurs années, on se prend à attendre le prochain épisode, comme un patient accro à son psy. Toutes les deux semaines, appuyer sur le bouton “lecture” équivaut à glisser ses doigts dans la boîte de chocolats de Forrest Gump. “Mon analyste a mis fin à nos séances par un texto sans explication”, “la psychanalyse pour réparer l’horreur”, “pour sortir de l’alcoolisme”, “pour demander pardon à mon frère homosexuel”… Aussi intime que les meilleurs moments de Transfert, sans voyeurisme ni impudeur, le programme donne simplement et sobrement à voir la complexité en chacun de nous (y compris chez les disciples de Freud !), les nœuds qui nous freinent, nous bloquent au point de paraître insurmontables seul. Attention, si vous pensez avoir besoin d’un psy, cet excellent podcast ne remplacera pas une séance sur le divan. Mais il vous convaincra peut-être de prendre votre premier rendez-vous.

Chronique parue le 28 novembre 2022


✒️ « Rouge Vif » pour découvrir ou redécouvrir Mehdi Bayad

Alors que sort Multicolore, la dernière création de Mehdi Bayad, on prend le parti du monochrome, d’une œuvre d’un seul tenant, en pas de première fraîcheur avec ça puisque publiée l’an dernier, du même auteur : Rouge Vif. C’est le titre du livre qu’un écrivain pas très sûr de lui vient présenter au micro d’un animateur qui l’est un peu trop. Sur ce déséquilibre entre deux inconnus, déjà au cœur de Bisou à Demain, un autre bijou de Mehdi Bayad, va se bâtir tout un récit, et bien plus que ça. Déconstruction du processus narratif, mise en abyme du travail de créateur de contenus et, plus encore, d’auteur…. Rouge Vif est un huis clos aussi angoissant que vertigineux. Qui le devient derechef quand l’auditeur prend conscience que Mehdi Bayad signe le texte, la réalisation mais aussi le doublage des deux personnages.

Chronique parue le 21 novembre 2022


🎤 « Le Gaufrier », le podcast BD avec une case en plus

Pour un bon podcast de potes, prenez une dose de complicité, l’équivalent en franc-parler, ajoutez un zest d’expertise ou de regard aiguisé, relevez le tout d’un minimum de préparation. Mais l’ingrédient secret, la clé du goût, il n’y a que lui, le chef de cuisine, pour le connaître. Vous pouvez y mettre toute l’originalité que vous voulez, sans un animateur digne de ce nom, un podcast de potes ressemblera à une simple discussion… entre potes. Comme “Un bon moment avec Kyan Khojandi et Navo”, “4 quarts d’heure”, ou l’historique “L’apéro du Captain”, “Le Gaufrier” atteint cette subtile alchimie qui transforme l’auditeur d’un soir en abonné fidèle. Son créneau, les BD, comics et mangas. Après quatre saisons et 80 épisodes, à raison d’une émission toutes les deux semaines, on retrouve avec un plaisir intact nos libraires : Marion aux chroniques ciselées, Louise l’impréparée mais aux avis tranchés, l’encyclopédique Mimoun, Charlotte, Baptiste… et bien sûr, Christopher. Le chef de cette joyeuse bande sait hameçonner avec de belles intros, amuser avec des jeux toujours plus tirés par les cheveux, et surtout, se renouveler. C’est à ça qu’on reconnaît les bons auteurs, paraît-il. Il faut croire que c’est vrai aussi des potes-casteurs.

Chronique parue le 14 novembre 2022


✒️ « Classé-F », le podcast coup de poing de WWF

Le panda en a gros sur le bambou. Dans Classé-F, WWF s’essaye à un nouveau genre, la fiction audio coup de poing. Et il faut être prêt à le recevoir car l’ONG n’y va pas avec le dos du micro. On y suit Iris, qui a le malheur, dès son premier jour comme stagiaire au parlement européen, d’ouvrir le mauvais dossier. Alors qu’un projet de règlement contre la déforestation peine péniblement à faire son chemin dans l’hémicycle européen, des centaines de vies seraient immédiatement menacées par la destruction des forêts brésiliennes. Bien décidée à intervenir, Iris se prend les murs de l’inertie parlementaire, des “c’est pas moi qui décide” et des petits calculs politiciens. L’occasion pour le podcast, et son commanditaire, de rappeler tout le bien qu’il pense des faiseurs de lois strasbourgeois, mais surtout la responsabilité de l’Union européenne (autrement dit, la nôtre) dans la destruction de l’écosystème. Pour pousser l’auditeur à réagir, l’écriture ne fait pas dans la dentelle, au point de frôler la caricature. Enfin, le croit-on. Le final, particulièrement réussi, remet en perspective toute l’histoire, ainsi que le message de fond de Classé-F. Le podcast est paru fin mai, alors qu’un projet de loi contre la déforestation était justement en débat au sein de l’UE. Le 13 septembre dernier, les eurodéputés se sont mis d’accord sur un texte que de nombreuses associations ont qualifié “d’ambitieux”. A croire qu’Iris a été entendue.

Chronique parue le 7 novembre 2022

✒️ La fiction « 1 euro la minute » se dépense sans compter

Une mère de famille en galère, mais avec un joli grain de voix, se résigne à décrocher le téléphone… rose. Pour 1 euro la minute, Juliette tente désormais de satisfaire les fantasmes plus ou moins tordus des hommes qui se tiennent de l’autre côté du combiné. Sans en toucher mot à ses deux ados ni à son mari, évidemment. C’est sur ce pitch plutôt osé que la coproduction du studio Nouvelles Ecoutes et des cinémas Gaumont, a déferlé dans les oreilles cet été. Le texte ainsi que l’interprétation de Céline Sallette, désopilante, rendent immédiatement attachante cette quadragénaire à la ramasse, que l’on sent fatiguée, déçue d’elle-même et de l’image qu’elle renvoie à ses enfants. A ses côtés, Max Boublil nous rejoue la partition du gentil doux rêveur un peu à côté de ses chaussons qui lui va si bien.

Au contraire des hôtesses téléphoniques qui font tout pour garder leurs pigeons aux œufs d’or au bout du fil, l’intrigue ne perd pas son temps en détours gratuits et entraîne l’auditeur de péripéties parentales en situations malaisantes. D’ailleurs, après huit épisodes et une fin au goût de trop peu, le bouton lecture repartirait bien sur une deuxième saison au même tarif. Un prix au Paris Podcast Festival, qui investit la Gaîté Lyrique du 20 au 23 octobre, décidera peut-être les coproducteurs à remettre une pièce dans la machine. 1 euro la minute concourt dans la catégorie fiction mais vise aussi le prix du public. On l’y verrait bien, même s’il est clairement réservé à une audience avertie.

Chronique parue le 17 octobre 2022