Comment les voitures sans permis ont-elles séduit les ados ?

Podcast Dans cet épisode de « Minute Papillon ! » , reportage sur les voitures sans permis, qui séduisent de plus en plus les jeunes

Jeanne Cerin
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Conduire dès 14 ans, cela reste le rêve de nombreux jeunes. Pour accéder à ce privilège, deux choses demeurent nécessaires. Le permis AM (« Apprenti Motocycliste »), anciennement Brevet de sécurité routière (BSR). Une formation en huit heures qui se déroule en auto-école. Deuxième étape, le véhicule. Il existe toujours le scooter, mais ces dernières années, il semblerait qu’il soit un peu passé de mode, jugé trop dangereux. Les jeunes se tournent aujourd’hui de plus en plus vers la voiture sans permis (VSP).

Une voiturette autrefois ringarde devenue tendance

Pourtant, ce quadricycle a longtemps été mis sur la touche. Considéré comme « ringard », trop bruyant, il restait majoritairement utilisé par les séniors ou les personnes n’ayant pas, ou plus, le permis B. Ces dernières années, voyant la « hype » chez les jeunes se confirmer, les constructeurs automobiles ne manquent pas d’innovations pour attirer cette nouvelle clientèle. Dernier exemple en date, Ligier. La marque devrait présenter cette semaine au Mondial de l’automobile son dernier modèle : la Mily, la première voiture sans permis électrique de la marque française.

Faïza Boufroura, directrice data et analytics de AAA Data, une société de données sur l’automobile français, observe que la tendance des voitures sans permis a débuté en 2019. « Un frémissement » du côté des immatriculations de ces véhicules. « Mais c’est réellement en 2021 que nous observons un pic spectaculaire avec une augmentation de 26,8 % [des immatriculations] », analyse-t-elle. Cette tendance devrait se poursuivre en 2022, selon l’experte.

Comment expliquer cet attrait pour ces pots de yaourt ? Les jeunes ! L'âge pour passer le permis AM étant passé de 16 à 14 ans, de nombreux jeunes sont arrivés sur le marché. Deuxième facteur, conjoncturel cette fois : la crise du Covid-19. En 2020, de nombreux parents, aux moyens financiers élevés, ont choisi d’investir dans une voiture sans permis. Une manière de détourner leurs enfants des transports en commun et des risques de contaminations. Enfin, c’est l’argument sécuritaire qui prévaut dans l’arbitrage scooter-voiturette. « C’est ma mère qui a choisi, elle a peur du scooter. Elle a préféré me prendre une voiture sans permis », confie Yakov dans cet épisode de « Minute Papillon » , un lycéen parisien de 16 ans qui conduit une voiturette Aixam depuis deux ans.

« Une offre dépoussiérée »

« On relate une progression constante de l’intérêt des jeunes pour la voiture sans permis », confirme Faïza Boufroura de AAA Data. Cet intérêt, les constructeurs l’ont bien compris. « Pour atteindre les nouveaux clients, les constructeurs de voitures sans permis ont largement dépoussiéré leurs modèles. Ils se sont appuyés sur le design, le confort, l’équipement et l’électrification », poursuit-elle.

Le modèle de cette adaptation, c’est Citroën. En 2020, la marque a lancé son premier modèle de voiture sans permis : l’Ami. Ce véhicule, électrique, a rencontré le succès : plus de 15.000 commandes en France depuis son lancement. Aujourd'hui, 42% des utilisateurs de l'Ami ont moins de 18 ans. « C'est vrai qu'on voulait s’adresser aux jeunes de 14 à 18 ans », relate dans ce podcast Alain Le Gouguec, chef de produit Citroën Ami. Pour cela, la marque a misé sur une stratégie : proposer une voiture au design simple et personnalisable, à un prix compétitif. En comptant le bonus écologique de 900 euros, l’Ami est vendue 6.890 euros.

Cependant, en raison de sa vitesse limitée à 45 km/h, et à l’impossibilité de circuler sur les périphériques et les autoroutes, la voiture sans permis reste un véhicule de transition pour les jeunes. Nombreux sont ceux qui revendent, après quelques années d’utilisation, leur quadricycle, ou préfèrent la location à l’achat.

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