Bakou de mouA Bakou, la COP29 patine et pourrait finir sans accord

COP29 à Bakou : Les négociations sur le climat jouent les prolongations dans l’attente d’un accord financier

Bakou de mouUn mauvais accord ou pas d’accord ? Les pays en développement sont divisés face à l’urgence climatique
20 Minutes avec AFP

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Le démontage de la COP29 a déjà commencé alors qu’aucun accord n’est en voie d’être trouvé. Une relative confusion règne ce samedi matin au stade de Bakou, après une nuit blanche de consultations. La présidence azerbaïdjanaise du sommet prévoit désormais de publier vers 14 heures son ultime proposition de compromis, avant de le soumettre à l’approbation des près de 200 pays réunis ici vers 18 heures, soit 24 heures après la fin théorique de la conférence.

Une première proposition des pays riches d’augmenter leur engagement climatique pour les pays plus pauvres de 100 milliards de dollars par an aujourd’hui à 250 milliards d’ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

« Il y a eu un effort extraordinaire des Saoudiens pour qu’on n’obtienne rien »

L’Union européenne soutient désormais un relèvement à 300 milliards annuels, ont confirmé deux sources au sein de délégations. Mais les Européens exigent que ce chiffre s’accompagne d’autres avancées sur d’autres aspects d’un compromis final. En particulier, l’UE pousse pour une revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre, s’opposant à la résistance de pays comme l’Arabie saoudite.

« Il y a eu un effort extraordinaire des Saoudiens pour qu’on n’obtienne rien », s’étrangle un négociateur européen. Les pays en développement sont pour l’instant « dans le noir », confie Adonia Ayebare, président de l’alliance de pays en développement G77 + Chine. « Je ne suis pas optimiste », soupire le ministre de l’Environnement de Sierra Leone, Jiwoh Abdulai.

Le spectre d’une COP sans accord

Le premier chiffre publié vendredi a été jugé « inacceptable » par les pays africains au regard des catastrophes qu’ils subissent et de leurs énormes besoins d’investissement en énergies bas carbone. Les petits Etats insulaires ont dénoncé le « mépris » pour leurs « peuples vulnérables ». Ils ont calculé qu’avec l’inflation, l’effort financier réel des pays du Nord serait bien inférieur, a fortiori avec les efforts déjà prévus par les banques multilatérales de développement. Il faudrait monter à 390 milliards d’ici 2035, selon des économistes mandatés par l’ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern.

« Si rien de suffisamment fort n’est proposé à cette COP, nous vous invitons à quitter la table (des négociations) pour vous battre un autre jour, et nous mènerons le même combat », ont écrit dans la nuit 335 organisations à une alliance de 134 pays regroupant les pays en développement et la Chine, un groupe appelé G77 + Chine. « Il vaut mieux ne pas avoir d’accord à Bakou qu’un mauvais accord ».

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Une stratégie qui va à l’encontre du message d’urgence porté par de nombreux pays en développement à Bakou, qui craignent que repousser à l’an prochain un accord. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a insisté lors du G20 pour « ne pas repousser » à 2025 la tâche de cette COP.

L’Europe veut « assumer ses responsabilités, mais doit faire des promesses qu’elle peut tenir », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, présente à Bakou. La Chine semble pour l’instant avoir obtenu ce qu’elle souhaitait : elle ne veut aucune obligation financière. Pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés, tandis qu’elle est officiellement classée comme pays en développement.