Le réchauffement climatique causé par l’humanité atteint un rythme inédit à plus de 0,2 °C par décennie

alerte rouge Les scientifiques préviennent que l’humanité se retrouve face à une décennie « critique » alors que le seuil de 1,5 °C pourrait être atteint ou dépassé au cours des 10 prochaines années

20 Minutes avec AFP
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Des piétons traversent une rue par temps chaud dans le quartier de Shinjuku à Tokyo, le 1er juin 2023.
Des piétons traversent une rue par temps chaud dans le quartier de Shinjuku à Tokyo, le 1er juin 2023. — Philip FONG

C’est maintenant ou jamais. La décennie actuelle est jugée décisive pour sauver l’objectif de l’accord de Paris de 2015 alors que le réchauffement dû aux activités humaines s’accroît désormais à un rythme inédit, selon une vaste étude internationale publiée jeudi. « Sur la période 2013-2022, le réchauffement causé par l’humanité a augmenté à un niveau sans précédent de plus de 0,2 °C par décennie », écrivent une cinquantaine de chercheurs de renom dans la revue Earth System Science Data, s’appuyant sur les méthodes du Giec, les experts climat mandatés par l’ONU.

L’intérêt de l’étude est de fournir des indicateurs actualisés à partir du rapport du Giec de 2021, sans attendre le prochain cycle dans plusieurs années. Les scientifiques entendent fournir des données ouvertes à jour chaque année, pour nourrir les négociations des COP et le débat politique. « C’est un dur rappel à la réalité des faits, par rapport à l’urgence de réduire les émissions mondiales de CO2 et de méthane, pour permettre de limiter le réchauffement planétaire et l’intensification des risques qui en découle », a dit à des journalistes la paléoclimatologue française Valérie Masson-Delmotte, qui a participé à l’étude.

Des actions insuffisantes

Les scientifiques préviennent que l’humanité se retrouve face à une décennie « critique » alors que le seuil de 1,5 °C pourrait être atteint ou dépassé au cours des 10 prochaines années. « Les dernières preuves disponibles montrent que les actions prises au niveau mondial ne sont pas encore à l’échelle nécessaire pour occasionner un changement significatif dans la direction de l’influence humaine sur les déséquilibres énergétiques de la planète et le réchauffement qui en résulte », écrivent les scientifiques.

Ce rythme du réchauffement est causé par des émissions de gaz à effet de serre à des niveaux record, avec quelque 54 milliards de tonnes de dioxyde de carbone-équivalent par an sur 2012-2021, ont-ils calculé. Elles ont atteint 55 milliards de tonnes pour la seule année 2021.

« C’est principalement lié aux émissions de méthane, de N2O [protoxyde d’azote, lié aux engrais] et d’autres gaz à effet de serre », précise Pierre Friedlingstein, tandis que les émissions de CO2 liées à l’utilisation d’énergies fossiles sont pour leur part plus ou moins stables. Le réchauffement a aussi été causé par une réduction de particules polluantes dans l’air, qui ont un effet refroidissant. C’est un effet paradoxal et de court terme d’une moindre utilisation du charbon.