Mongolie: Oulan-Bator, capitale peu peuplée mais très polluée

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Même si elle ne compte qu'un million d'habitants, la capitale de la Mongolie, Oulan-Bator, est l'une des villes les plus polluées au monde, ce qui suscite des inquiétudes croissantes sur la santé publique et des critiques sur l'inaction du gouvernement.

Le mois dernier Tsakhia Elbegdorj lui-même, le président du pays enclavé entre la Russie et la Chine, a reconnu que la situation était "catastrophique".

La Banque mondiale estime de son côté que les niveaux de pollution dans les zones urbaines mongoles sont parmi les plus élevés du monde.

La situation s'aggrave pendant l'hiver, quand la température tourne autour de -20°C à Oulan-Bator.

Narantuya, une chômeuse de 39 ans, et ses sept enfants, vivent dans une yourte traditionnelle, aux murs de feutre, dans la capitale. Leur seule source de chaleur est un poêle dans lequel la famille brûle chaque jour deux sacs de charbon et un demi-sac de bois.

La mère dit ignorer pourquoi la ville est en permanence recouverte d'un épais brouillard, auquel elle n'a pas conscience de contribuer.

"Je ne sais pas d'où cela vient mais je sais que cela affecte mes enfants. L'hiver, ils sont constamment malades avec des rhumes et de la toux. J'ai tout le temps peur que l'un d'entre eux tombe gravement malade", relate-t-elle à l'AFP.

Des études menées par l'Université nationale de Mongolie ont montré que la pollution était particulièrement forte dans les quartiers d'Oulan-Bator où l'habitat est composé de yourtes.

L'an passé, le gouvernement a adopté une législation prévoyant des amendes pour les industries polluantes telles que les centrales thermiques ou les mines de charbon, ainsi que pour les conducteurs de véhicules. Les modalités d'application du texte semblent toutefois floues et lacunaires.

Selon Munkhbat Tsendeekhuu, qui travaille au ministère de l'Environnement, le gouvernement espère lever cette année 30 milliards de tugriks (17,7 millions d'euros) pour investir dans les technologies énergétiques propres.

Mais les experts sont dubitatifs et pensent que le plan ne cible pas les vraies causes de la contamination de l'air.

"90% de la pollution de l'air provient des poêles dans les yourtes et moins de 10% des voitures et des centrales électriques", a affirmé à l'AFP Lodoysamba Sereeter, un spécialiste de l'Université nationale de Mongolie.

"Le gouvernement a dépensé sept milliards de tugriks de 2007 à 2009 pour produire des briquettes de charbon de presse. Hélas elles ne réduisent pas les émissions car les poêles des yourtes ne sont pas conçus pour les utiliser", a-t-il ajouté.

Les dizaines de milliers de familles qui vivent dans les quartiers de yourtes d'Oulan-Bator -- un nombre croissant vu l'exode rural dans le pays qui a la plus faible densité de population au monde -- n'ont pas accès au réseau de chauffage urbain des immeubles du centre-ville.

Des organisations internationales telles que la Banque asiatique de développement (BAD) ou l'agence de coopération technique allemande GTZ travaillent avec des partenaires locaux à la conception de nouveaux poêles moins polluants. Les diffuser largement sera une autre paire de manche.

"Les familles des yourtes sont très pauvres. Pour changer leur poêle, elles ont besoin d'argent", souligne M. Lodoysamba.

Selon Onno van den Heuvel, du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), les véritables conséquences de la pollution dans les zones urbaines mongoles pourraient n'être connues que dans des décennies: "Les plus graves problèmes sont devant nous. A long terme, nous verrons les impacts, mais pour l'instant la population ne semble pas convaincue qu'il y a un réel danger".