José Bové demande le gel des prospections de "gaz de schiste"

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Le député européen écologiste José Bové demande un "gel" des prospections du gaz emprisonné dans les schistes sous le plateau du Larzac (Aveyron) et dans d'autres départements du sud, autorisées au printemps dernier par le ministère de l'Environnement.

"On a donné les autorisations sans analyse ni réflexion et sans aucun débat public sur les avantages et les inconvénients, il faut un gel des permis de prospection pour mener ce débat public avant de commencer le moindre forage", a-t-il déclaré mercredi à l'AFP.

A la préfecture de l'Aveyron on précise qu'aucun forage n'a encore été effectué et on ignore pour l'instant à quelle date ils pourraient intervenir.

Trois cents personnes, dont José Bové se sont réunis lundi soir à Saint-Jean-de-Bruel, village situé aux confins des départements de l'Aveyron, du Gard et de la Lozère, visés par l'un des principaux permis d'exploration et ont décidé de constituer un "comité de vigilance".

Les protestataires envisagent que les communes concernées adoptent des arrêtés municipaux pour interdire les forages, comme certaines l'ont fait pour les essais OGM. "On verrait si les préfets attaquent ces arrêtés", a déclaré José Bové.

Le permis dit de Nant (Aveyron) a été accordé, sur une zone d'environ 4.400 km2 pour 3 ans au groupe américain Schuepbach Energy, par un arrêté publié au Journal Officiel le 30 mars dernier, en même temps que le permis de Montélimar (Drôme) accordé pour cinq ans au groupe Total sur une surface équivalente et qu'un troisième, de moindre importance autour d'Alès (Gard) attribué au Suisse Mouvoil.

Schuepbach Energy s'est engagé à investir 1,72 million d'euros, et Total bien davantage, 37,8 millions, dans la zone de Montélimar.

Schuepbach, qui s'est allié sur ce dossier avec GDF-Suez, a obtenu quelques jours plus tard un autre permis en Ardèche, où il devrait investir près de 40 millions.

Les gaz de schiste sont une ressource "non conventionnelle" de gaz naturel. L'exploitation fait appel à des nouvelles techniques, telle que la fracturation de la roche par injection d'un liquide à haute pression, qui fait remonter le gaz vers la surface.

Ces techniques ont connu un considérable développement depuis environ trois ans aux Etats-Unis, mais les associations écologistes dénoncent les dangers de contamination des nappes phréatiques par les produits chimiques accompagnant l'eau sous pression et la pollution en surface par les eaux usées.

Elles dénoncent aussi la consommation extrêmement importante d'eau nécessitée par cette exploitation.

"La ruée des firmes gazières sur les Cévennes et le Larzac laisse présager un nouveau combat fondamental pour la sauvegarde de nos ressources naturelles", ajoute José Bové, quarante ans après le combat contre l'extension du camp militaire du Larzac.

L'ancien leader paysan et altermondialiste dénonce particulièrement la technique de la fracturation hydraulique "qui impliquerait de faire des trous tous les 200 mètres et de créer un vrai no man's land là où vivent des gens".

Le dommage selon lui serait d'autant plus grand que "le Larzac est considéré comme le château d'eau de toute la région sud de la France".