17.000 sites contaminés aux polluants « éternels » PFAS en Europe, révèle une enquête journalistique
Pollution L’enquête s’appuie sur des méthodologies d’experts, des données et des « milliers de prélèvements environnementaux »
C’est le résultat d’une enquête de plusieurs mois auxquels de grands médias européens comme Le Monde ou The Guardian ont participé. 17.000 sites sont contaminés en Europe dont 2.100 à des niveaux dangereux pour la santé par les polluants PFAS dits « éternels ».
Baptisée « Forever Pollution Project », en allusion à ces composés chimiques de synthèse quasi indestructibles et développés depuis les années 1940 pour résister à l’eau et à la chaleur, l’enquête s’appuie sur des méthodologies d’experts, des données et des « milliers de prélèvements environnementaux » ayant permis de réaliser, selon eux, la première cartographie européenne des sites contaminés et suspectés de l’être.
Des niveaux dangereux pour la santé pour 2.100 sites
Un lac norvégien, le Danube Bleu, une rivière tchèque et des zones immenses entourant la plupart des bassins de la chimie industrielle… Le collectif de journalistes présente sa cartographie validée selon « une forme de "peer-reviewed journalism", sur le modèle des travaux scientifiques validés par des pairs ». « D’après notre estimation prudente, l’Europe compte plus de 17.000 sites contaminés à des niveaux qui requièrent l’attention des pouvoirs publics [au-delà de 10 nanogrammes par litre]. »
« La contamination y atteint des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts que nous avons interrogés [plus de 100 nanogrammes par litre] dans plus de 2.100 hotspots », indique le quotidien français. Les journalistes ont également localisé vingt usines de production de PFAS, dont cinq en France, et 230 usines identifiées comme utilisatrices de PFAS, des composés dotés de propriétés antiadhésives et imperméables, utilisés dans l’industrie et présents dans des objets de la vie courante : produits en Teflon, emballages alimentaires, textiles, automobiles.
L’Allemagne et la France en première ligne
Les usines de production sont principalement localisées en Allemagne, berceau de la chimie industrielle avec l’implantation notamment des entreprises Archroma et des américains 3M Dyneon et W.L. Gore, et en France avec Arkema et Daikin au sud de Lyon mais aussi Chemours et Solvay.
« Viennent ensuite le Royaume-Uni avec trois sites, l’Italie (deux), puis la Pologne, l’Espagne, les Pays-Bas et la Belgique (un) », ajoute Le Monde. A partir de ces localisations mais aussi de l’identification d’activités industrielles actuelles ou passées, les journalistes ont repéré 21.500 sites « présumés contaminés » en Europe, notamment les zones autour d’aéroports, qui utilisent des mousses anti-incendie contenant des PFAS.
Les lieux épargnés sont « rares »
« Prélevés par des équipes scientifiques et les agences environnementales de 2003 à 2023, les dizaines de milliers de données collectées le montrent : rares, désormais, sont les lieux épargnés par cette contamination omniprésente encore largement inconnue du public, y compris les plus intimes comme nos propres corps », ajoute le quotidien.
Les autorités sanitaires allemande, danoise, néerlandaise, norvégienne et suédoise ont déposé mi-janvier auprès de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) un projet visant à bannir ces composants, appuyées par d’autres pays dont la France qui a récemment présenté son propre « plan d’action ».