Petit espoirL’effondrement de la faune sauvage est réel mais peut encore être stoppé

« Nous ne sommes pas encore au point de non-retour »… L’effondrement de la faune sauvage peut encore être stoppé

Petit espoirDans un nouveau rapport alarmant, le WWF estime que 73 % des populations d’animaux sauvages ont décliné ces cinquante dernières années
Pour garder l'espoir de sauver les populations d'animaux sauvages, il est urgent de les protéger, notamment en créant des zones protégées, comme ici pour ces girafes en Namibie.
Pour garder l'espoir de sauver les populations d'animaux sauvages, il est urgent de les protéger, notamment en créant des zones protégées, comme ici pour ces girafes en Namibie.  - Goetsch / Animal News Age
Camille Allain

C. A. avec AFP

L'essentiel

  • Un nouveau rapport du WWF alerte sur les pertes colossales de populations d’animaux sauvages depuis cinquante ans.
  • Si le constat est particulièrement alarmant, il est cependant possible d’agir pour endiguer cet effondrement.
  • Des discussions auront lieu pour la 16e conférence de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) qui se tient du 21 octobre au 1er novembre à Cali, en Colombie.

Le constat est accablant mais il reste un espoir. Voici en quelques mots un résumé du dernier rapport intitulé « Planète vivante » dressé par le Fonds mondial pour la nature ou World Wildlife Fund au sujet de nos animaux sauvages. D’après le WWF, les populations de faune sauvage ont décliné de 73 % en moyenne en cinquante ans. Attention, cela ne veut pas dire que deux tiers des animaux ont disparu. Plutôt que la taille des différents groupes d’animaux d’une même espèce a diminué de 73 %.

Alors certes, l’indice utilisé par le WWF pour mesurer le déclin de la faune sauvage est parfois critiqué. Certains scientifiques estiment que la méthode de calcul utilisée dresse un constat exagéré. Mais n’empêche, les faits sont là. Au cours des cinquante dernières années, nos animaux ont sérieusement morflé. Imaginez. En Amérique Latine, cette perte est estimée à 95 %, sous la force des coups portés à la forêt amazonienne. Peut-on se satisfaire de voir notre vieux continent européen plafonner à une perte de 35 % ? Même pas. Dans les sociétés plus industrialisées, le déclin avait déjà été opéré avant 1970, permettant à certaines populations animales de se stabiliser, voire de progresser grâce à d’importants efforts de conservation. On peut citer en exemple le loup, le bison ou les ours, qui avaient bien failli disparaître.

Et c’est là que cet article et ce rapport peuvent nous donner espoir. Car cela montre qu’avec une prise de conscience globale et des efforts (certes colossaux), on peut encore sauver notre planète. « Le tableau dépeint est incroyablement préoccupant », admet Kirsten Schuijt, directrice générale du WWF. « Mais la bonne nouvelle, c’est que nous ne sommes pas encore au point de non-retour », ajoute-t-elle. Prenons l’exemple du bison. Dézinguée par l’homme au point d’avoir disparu à l’état sauvage en 1927, l’espèce européenne comptait 6.800 individus en 2020. Grâce à qui ? Et bien grâce à l’homme, qui a lancé de « l’élevage à grande échelle » pour déboucher sur une réintroduction réussie dans des aires protégées où les bovidés vivent leur vie peinards.

Des paroles, encore des paroles…

Pour sauver ce qui peut encore l’être, le WWF insiste sur la nécessité de mettre en œuvre les accords de Paris ou de Kunming-Montréal qui engageaient les États du monde entier à préserver la nature. Des ambitions qui seront (encore) discutées à l’occasion de la 16e conférence de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) qui se tient du 21 octobre au 1er novembre à Cali, en Colombie. Mais avec quels engagements ? Et quelles sanctions pour ceux qui ne les respecteraient pas ?

La déforestation ravage la forêt amazonienne, comme ici à Chico Mendes au Brésil, faisant planer la menace que le poumon de notre planète ne devienne un véritable émetteur de carbone.
La déforestation ravage la forêt amazonienne, comme ici à Chico Mendes au Brésil, faisant planer la menace que le poumon de notre planète ne devienne un véritable émetteur de carbone. - Eraldo Peres/AP

Au-delà d’une simple catastrophe pour la biodiversité, la disparition de faune sauvage présente également des risques évidents pour la vie humaine. « Les changements pourraient être irréversibles, avec des conséquences dévastatrices pour l’humanité », avertit Daudi Sumba. Le conservateur en chef du WWF a cité l’exemple de l’Amazonie, qui risque de basculer du rôle « de puits de carbone à émetteur de carbone, accélérant ainsi le réchauffement climatique ». Un autre exemple : la perte des coraux, qui altère la régénération d’espèces de poissons victimes de surpêche. Au bout de la chaîne, des millions d’êtres humains pourraient être privés de cette ressource, qu’ils ont eux-mêmes fracassée. « Nous avons vidé les océans de 40 % de leur biomasse », a rappelé Yann Laurans du WWF France. Il y a urgence.