Rio+20: Pour Nicolas Hulot, François Hollande devrait dire que «le changement climatique, c'est maintenant»
ENVIRONNEMENT Collectivités et entreprises se sont réunies ce vendredi, en présence de François Hollande, pour présenter les enjeux du sommet qui aura lieu en juin au Brésil...
Ils sont venus, ils sont tous là: ministres, associations, entreprises et même le président de la République. Ce vendredi, le «Club France Rio+20» se réunissait à Paris pour évoquer la participation de la France au prochain sommet des Nations unies sur le développement durable à Rio, du 20 au 22 juin. La présence de François Hollande, qui a ouvert la journée, a permis d’attirer l’attention sur ce sommet qui, après l’échec de Copenhague et l’indifférence dans laquelle se sont déroulés les sommets suivants, pourrait être la dernière chance de relancer la dynamique des négociations climatiques.
Nicolas Hulot n’ira pas à Rio pour protester contre le statu quo
Pourtant, parmi les personnalités présentes ce vendredi, l’intérêt du sommet était loin de faire l’unanimité. Alors que François Hollande a rappelé qu’il y avait une «urgence environnementale face à laquelle nous avons une obligation de réussite», Nicolas Hulot a affirmé qu’il n’irait pas à Rio pour ne pas «participer à ce qui est seulement de la posture». «Il faut que les Etats investissent ces sujets en dehors des grands sommets, les politiques doivent réaffirmer leur autorité et ne pas laisser le sort de la planète dans les mains du pouvoir économique.»
Quant à la présence du président français à Rio, Nicolas Hulot espère qu’il reverra son slogan de campagne: «J’aimerais qu’il dise que le changement climatique, c’est maintenant», déclare à 20Minutes l’écologiste le plus célèbre de France. «Il faut qu’il porte une radicalité d’exigences et de moyens. Il vaut mieux sortir de Rio avec un clash constructif qu’avec un compromis mou et diffus qui nous ferait aller sur le chemin de l’irréversible.»
L’économie verte fait débat
François Hollande et la ministre de l’Ecologie Nicole Bricq, ainsi que le ministre en charge du développement Pascal Canfin, iront donc à Rio avec un agenda chargé. Reconnaissant que tous les présidents se sont engagés dans la lutte contre le changement climatique, de François Mitterrand en 1992 lors du premier sommet de Rio à Nicolas Sarkozy avec le Grenelle, François Hollande a affiché sa volonté de faire prendre à la France et à l’Europe leurs responsabilités «dans notre consommation des ressources naturelles.» «Notre génération n’est pas la dernière, et l’humanité n’est pas la seule espèce vivante sur la planète», a déclaré le président de la République, qui souhaite soutenir trois objectifs à Rio: un accès plus équitable aux énergies renouvelables dans le monde, la sécurité alimentaire et le soutien à l’économie verte.
Thème central du sommet, auquel participeront de nombreuses entreprises, l’économie verte elle-même fait débat. Nombre d’entreprises, y compris les multinationales dont se méfient les associations, feront le déplacement au Brésil. Face à elles, le Sommet des peuples, organisé en marge du sommet officiel, sera le lieu où la «financiarisation de la nature» sera dénoncée. «L’économie verte veut-elle dire utiliser la nature plutôt que l’exploiter, aller vers une économie circulaire et vers la sobriété?, se demande Nicolas Hulot. Nous devons nous affranchir d’un monde géré par la finance et les marchés», prévient-il.
«L’humanité joue son avenir»
«La présence de François Hollande à Rio montre l’implication forte et sincère de ce gouvernement pour que Rio ne soit pas un échec», a assuré Pascal Canfin, qui reconnaît qu’il y a aujourd’hui «une fatigue du développement durable». «Mais nous n’avons pas d’autre choix», reconnaît le ministre. «Rio va être difficile. L’échec pourrait être une forme de désinvolture ou de légèreté», a déclaré François Hollande. Pour Nicolas Hulot, un échec serait bien plus grave: «L’enjeu de Rio, c’est l’humanité qui joue son avenir». Rien de moins.