Japon: Déjà 7,23 millions de signatures pour dire «au revoir l'énergie nucléaire»
La pétition «Au revoir l'énergie nucléaire» qui vise à rassembler au moins 10 millions de signatures d'ici à la mi-juillet a déjà recueilli 7,23 millions de paraphes, ont annoncé mercredi soir à Tokyo les responsables de l'opération.
Ces anti-nucléaires, bénéficiant notamment du soutien de l'écrivain nippon prix Nobel Kenzaburo Oe, du compositeur et pianiste Ryuichi Sakamoto ou encore du journaliste dénonciateur de scandales Satoshi Kamata, arguent que 80% de la population japonaise aspire à se passer d'énergie nucléaire. Même sans centrales atomiques, la production d'électricité peut suffire, d'autant que des économies supplémentaires sont encore possibles, estiment-ils. Cette initiative, ouverte aux étrangers, découle de l'accident de Fukushima provoqué par le séisme et le tsunami qui ont dévasté le nord-est du Japon le 11 mars 2011.
Une énergie excessivement dangereuse et difficilement maîtrisable
«Depuis cette catastrophe, la nature alentour (prés, champs, forêts, rivières, mers) est polluée et de nombreuses personnes qui vivaient à proximité ont tout perdu», insistent les militants contre l'usage de cette forme d'énergie jugée excessivement dangereuse et difficilement maîtrisable. Et d'ajouter: «De surcroît, les répercussions ne se limitent pas aux environs de la centrale. On ignore les effets que cet accident aura sur diverses régions et personnes, particulièrement les enfants.»
Concrètement, la pétition formule diverses exigences: la non-remise en marche suivie du démantèlement des réacteurs arrêtés, la gel des projets de construction, le renoncement aux surrégénérateurs en projet de même qu'à la mise en exploitation d'une usine de retraitement et enfin l'accélération de la transition vers les énergies renouvelables.
«Une pétition possède une puissante force»
Actuellement, l'ensemble des 50 réacteurs de l'archipel sont stoppés, à cause de tremblements de terre ou pour maintenance régulière, et aucun ne peut être réactivé sans avoir passé des examens de sécurité envers les catastrophes naturelles et avoir reçu l'autorisation des localités voisines. Le Premier ministre japonais doit se prononcer prochainement sur la remise en exploitation de deux unités de l'ouest qui ont franchi tous les obstacles techniques, mais il tarde à prendre une décision politiquement délicate.
«Une pétition possède une puissante force, nous allons continuer», a déclaré mercredi Kenzaburo Oe lors d'une manifestation qui a rassemblé environ 2.300 personnes au coeur de Tokyo, selon les décomptes de médias locaux. Plusieurs événements anti-nucléaires sont également programmés dans la capitale nippone dans les semaines à venir.