Un banc de sable pour renforcer le littoral des Pays-Bas

ENVIRONNEMENT Il devrait permettre de protéger la côte des vents, vagues et courants...

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Plus grand que 200 terrains de football, l'immense banc de sable artificiel qui s'étend désormais au large des Pays-Bas est destiné à être balayé par le vent, les vagues et les courants pour renforcer "naturellement" le littoral néerlandais.
Plus grand que 200 terrains de football, l'immense banc de sable artificiel qui s'étend désormais au large des Pays-Bas est destiné à être balayé par le vent, les vagues et les courants pour renforcer "naturellement" le littoral néerlandais. — Joop van Houdt afp.com

Plus grand que 200 terrains de football, l'immense banc de sable artificiel qui s'étend désormais au large des Pays-Bas est destiné à être balayé par le vent, les vagues et les courants pour renforcer «naturellement» le littoral néerlandais. «Cela fonctionne déjà!», se réjouit Nico Bootsma, coordinateur du projet, depuis le point le plus haut de cette presqu'île en forme de crochet, à sept mètres au-dessus du niveau de la mer. Il montre du doigt la pointe nord du banc de sable, là où les vagues sont les plus hautes: à marée basse, elle frôle la côte. Non loin de là, au milieu du banc de sable, des mouettes pataugent paisiblement dans un petit lac intérieur.

Durant les quinze à vingt prochaines années, le sable (plus de 20 millions de mètres cubes), emporté peu à peu vers la côte, va renforcer des dizaines de kilomètres de plages et de dunes qui protègent de la montée des eaux les Pays-Bas, dont plus d'un quart du territoire se situe sous le niveau de la mer. Soixante pour cent du sable ira vers le nord, 40% vers le sud. «Dans des circonstances naturelles, la côte néerlandaise s'éroderait lentement», assure à l'AFP Leo Linnartz, un expert en écologie ayant conseillé les concepteurs du projet au nom du Fonds mondial pour la nature (WWF), selon lequel l'inondation serait à terme inévitable.  Les Pays-Bas ont développé au fil des décennies une expertise reconnue mondialement en matière de construction hydraulique (barrages, digues et ponts notamment). Quelque 17.500 kilomètres de digues ont été érigées le long de leur littoral et de leurs cours d'eau.

Travailler avec la nature

Imaginé par un groupe d'experts néerlandais chargés par le gouvernement de chercher comment protéger les Pays-Bas de la mer, le banc de sable a été construit entre mars et octobre notamment à l'aide de dragueurs pouvant transporter jusqu'à 10.000 mètres cubes de sable, pompé à 10 kilomètres au large des côtes. Si l'expérience est concluante, le banc de sable, situé entre les communes de Kijkduin et Ter Heijde (ouest), sera reproduit ailleurs aux Pays-Bas. Le système pourrait même s'exporter, de nombreuses délégations étrangères ayant manifesté leur intérêt pour cette solution nouvelle. «Avant, nous utilisions beaucoup de pierre, de béton et d'autres choses de ce style-là», souligne Leo Linnartz, «mais de nos jours, nous préférons travailler avec la nature».

Si l'idée de renforcer le littoral avec du sable n'est pas nouvelle, le fait de le placer au large de la côte au lieu de l'étendre directement sur les dunes et la plage est novatrice et moins néfaste pour l'environnement, selon Leo Linnartz. A chaque fois que du sable est déplacé en grande quantité, l'écosystème est perturbé, aussi bien dans la mer que sur la plage et les dunes. Alors que le renforcement traditionnel doit être effectué tous les cinq ans environ, l'action du banc de sable durera entre 15 et 20 ans, laissant le temps à la nature de se rétablir sur le long terme. De plus, le banc de sable a été construit sur plus de 200 hectares, une surface "limitée", selon Leo Linnartz, si on la compare au chantier de plusieurs dizaines de kilomètres de long qu'impliquerait un renforcement direct, également plus coûteux. «Le banc de sable a une forme de crochet car c'est la forme la plus naturelle», souligne en outre Nico Bootsma, justifiant le choix de la presqu'île plutôt qu'une île par l'accessibilité au public, pour le plus grand bonheur des promeneurs, véliplanchistes et surfeurs.