500 tonnes de déchets amiantés à l'air libre à Toulouse

DECHETS Une entreprise toulousaine de démolition a laissé ses déchets à ciel ouvert...

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Photo prise le 28 mai 2011 à Saint-Alban, dans la banlieue nord de Toulouse, de la zone de stockage à l'air libre de 500 tonnes de déchets amiantés.
Photo prise le 28 mai 2011 à Saint-Alban, dans la banlieue nord de Toulouse, de la zone de stockage à l'air libre de 500 tonnes de déchets amiantés. — AFP PHOTO/PASCAL PAVANI

ne poubelle qui dérange: le stockage de 500 tonnes de déchets amiantés à ciel ouvert par une entreprise toulousaine de démolition a fait tant de bruit depuis l'alerte donnée par la CGT que la préfecture a rappelé lundi qu'elle l'avait «mise en demeure» le 10 mai, et que son patron a promis d'agir vite. La CGT, qui a dénoncé les faits en fin de semaine dernière, a souligné que 5 des 15 salariés de cette entreprise familiale avaient fait valoir leur droit de retrait jeudi tandis que trois autres étaient en arrêt maladie. Le syndicat compte déposer cette semaine une plainte auprès du parquet de Toulouse pour «mise en danger de la vie d'autrui», a réaffirmé lundi un responsable du syndicat local de la construction CGT.

L’entreprise assure de sa «bonne foi»

A l'arrière de l'entreprise, à environ 5 kilomètres de Toulouse, tout près de l'autoroute, dans une zone de stockage à l'air libre en bordure d'un champ de céréales et d'un camp de gens du voyage, de nombreuses plaques grises et de gros sacs sont entassés, a constaté un journaliste de l'AFP. Des salariés de l'agence «Réseau pro» (groupe Wolesey, distribution de bois et matériaux), qui n'est séparée de Gerlero que par un grillage, envisagent aussi de faire valoir leur droit de retrait, a déclaré à l'AFP leur délégué CGT Mohammed Kassimi.

Thierry Gerlero, fils du propriétaire et gérant de l'entreprise, assure de sa «bonne foi». Il explique que l'entreprise «est tombée dans une violente crise économique à la fin 2008» et qu'elle a peu à peu laissé s'accumuler chez elle des panneaux de fibrociment démontés chez des clients qu'elle aurait dû évacuer, en payant, vers des centres d'enfouissement agréés. Il assure cependant que l'entreprise a seulement stocké «des panneaux non friables contenant 2% d'amiante» et qu'il aurait les résultats d'une analyse de l'air mercredi pour rassurer le voisinage et les salariés, qui ne veulent plus entrer sur le site.

Le procureur de la République lance une enquête

La préfecture a publié un communiqué soulignant que sa «mise en demeure» imposait à l'exploitant «de cesser l'apport de nouveaux déchets sur le site», de «stocker sous un mois, avant élimination, les déchets dans les conditions prévues par le code de l'environnement» et «d'éliminer sous trois mois les déchets dangereux et non dangereux sur le site dans des installations autorisées à cet effet».

De son côté, le procureur de la République de Toulouse Michel Valet a confirmé qu'il avait été saisi par les services de l'Etat et avait décidé d'ouvrir une enquête le 18 mai. L'enquête, qui pourrait prendre quelques mois, a été confiée à la gendarmerie et à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP). La plainte éventuelle de la CGT devrait y être jointe, a ajouté le procureur. L'affaire «a pris de telles proportions» selon le gérant, que Gerlero a promis d'agir vite. «Une entreprise agréée devrait intervenir dans une grosse quinzaine sous le contrôle de la caisse d'assurance maladie et de l'inspection du travail», assure-t-il. «Cela représente 17 à 18 semi-remorques à évacuer, on devrait finir à la mi-juillet», déclare-t-il, évaluant le coût de l'opération à 200.000 euros, soit environ 2 mois et demi de chiffre d'affaires. Gerlero est en redressement judiciaire depuis deux semaines, et le tribunal de commerce a prescrit «un plan de poursuite de l'exploitation avec recapitalisation», selon le gérant.