Une alliance de chercheurs pour répondre aux défis environnementaux
SCIENCES Créée il y a un peu plus d'un an, l'Alliance nationale de recherche pour l'environnement présentait ce mardi une première synthèse de ses travaux. L'organisme entend décloisonner le milieu de la recherche française au service de l'environnement...
Un grand établissement de recherche au service de l’environnement. C’est l’ambition que possède AllEnvi, l’Alliance nationale de recherche pour l’environnement, qui tenait ce mardi une conférence de presse pour présenter son premier rapport d’étape. Créé le 9 février 2010, AllEnvi regroupe douze établissements scientifiques de renom, comme le CNRS, le Muséum national d’Histoire naturelle, l’Inra, le Cemagref, l’Ifremer… Soit un potentiel de 15.000 chercheurs. Plus de 250 experts scientifiques composent les douze thématiques environnementales transversales retenues dans les programmes de recherche d’Allenvi, comme l’agroécologie, l’alimentation, le biodiversité, le climat, l’eau, les risques environnementaux...
«L’objectif de l’Alliance est de traiter les interfaces, explique Roger Genet, son président, et se concentrer face à des problématiques très compliquées qui ne peuvent être traitées par un établissement tout seul. Ces établissements ont été créés pour la plupart au lendemain de la Seconde guerre mondiale pour répondre à des besoins précis, le résultat est que nous avons compartimenté la recherche, face à une problématique sociétale qui est globale. L’Alliance entend répondre à cela, pas dans un but d’écologie militante, mais pour rationaliser la recherche environnementale.»
«Evaluer l’agriculture selon d’autres critères que la productivité»
Et dans le but d’orienter les politiques publiques. L’Alliance vient en effet de soumettre à l’Agence nationale de recherche trois nouveaux champs de recherche pour 2012: les risques environnementaux (prévention, prévision des catastrophes…), le fonctionnement des écosystèmes en relation avec leur biodiversité, et la capacité de prévision aux échelles de temps intermédiaires pour le climat. Dans le cadre du Grenelle de la mer, AllEnvi s’est également vu confier l’élaboration d’un programme spécifique pour la mer. «Ce programme doit rassembler l’ensemble des activités qui touchent le domaine marin et côtier» explique Patrick Vincent, de l’Ifremer. «Par exemple au moment d’aborder la question de la marine du futur on l’abordera dans son aspect «vert».»
Sur ses autres thématiques de recherche, l’Alliance a présenté une synthèse de ses premiers travaux, et dessiner les actions à venir. Sur l’agroécologie il s’agira par exemple «d’évaluer l’agriculture selon d’autres critères que la productivité. En particulier sa capacité de limiter la production de gaz à effet de serre». Toutefois, comme le rappelle l’Inra et le Cirad dans leur note portant sur le groupe de travail «Aliments et alimentation», «l’enjeu global est d’assurer à la population mondiale une sécurité alimentaire et nutritionnelle» dans un contexte de «croissance démographique avec une population mondiale devant atteindre neuf milliards en 2050 et de pression concomitante sur les denrées alimentaires et sur l’usage de la terre.» Les premières lignes d’action porteront sur «les alternatives à l’organisation et aux procédés de fabrication des aliments selon une approche de développement durable, c’est-à-dire dans un souci d’économie d’énergie et de matière.»
Des domaines de recherche très vastes, qui doivent servir «autant la France, l’Europe, que le développement des pays du Sud », estime Roger Genet. «Il n’est plus possible de concevoir l’agriculture sans prendre en compte l’environnement.»