Pour faire face à la croissance démographique et économique, l'humanité devra «faire plus avec moins»

ETUDE Les experts du Programme des Nations unies pour l'environnement pointent la nécessité de découpler la consommation des ressources naturelles de la croissance économique...

Audrey Chauvet
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Un marché à Kolkata, en Inde, en mars 2011.
Un marché à Kolkata, en Inde, en mars 2011. — Bikas Das/AP/SIPA

Il va falloir faire autrement. Selon le dernier rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), il n’y aura pas d’autre solution pour assurer un développement soutenable du monde que de «découpler» le taux de croissance économique du taux de consommation des ressources naturelles.

D’après leurs calculs, le volume de minéraux, minerais, combustibles fossiles et biomasse consommés chaque année par l’humanité pourrait atteindre 140 milliards de tonnes (soit trois fois les niveaux actuels) d'ici à 2050. Or, sous l’effet conjugué de la croissance démographique et économique, notamment dans les pays en développement, la consommation de ces ressources pourrait aller «bien au-delà des niveaux supportables». Si les Indiens consommaient autant que les pays développés, par exemple, ils multiplieraient par quatre leur besoin en matières premières et énergie. Insoutenable pour la planète, juge le Panel international des ressources du PNUE. 

«Le bien-être n’est pas nécessairement lié à la consommation de ressources»

Leur rapport,  rendu public à New York lors de la session annuelle de la Commission des Nations unies pour le développement durable, souligne que «les technologies qui ont permis à l’homme d'extraire des quantités toujours plus importantes de ressources naturelles doivent être désormais mises au service d’une utilisation plus efficace des ressources».  

«Nous devons garder à l’esprit que la prospérité et le bien-être ne sont pas nécessairement liés à la consommation de quantités toujours plus grandes de ressources, a déclaré Ernst U. von Weizsäcker, co-président du Panel des ressources du PNUE. Le découplage ne signifie pas un arrêt de la croissance. Il consiste plutôt à faire plus avec moins.» En pratique, les experts voient dans l’urbanisation un levier pour économiser les ressources naturelles.  «La consommation par habitant dans les zones densément peuplées est inférieure à celle des régions faiblement peuplées du fait des économies réalisées aux niveaux de la distribution d’eau, du logement, de la gestion des déchets et du recyclage, de la consommation d’énergie et des transports», indique le rapport.

Toutefois, les solutions restent à trouver, surtout dans les pays en développement: «La demande croissante de biens matériels, notamment en Chine, en Inde, au Brésil et dans d’autres économies émergentes ont multiplié par huit la consommation de ressources qui est passée de 6 milliards de tonnes en 1900 à 59 milliards aujourd’hui», estime le rapport.  «Les pays les plus pauvres, qui seront sans doute les premiers à subir les effets des pénuries de ressources, doivent avoir la possibilité d'améliorer leur niveau de vie. S’ils souhaitent cependant s'engager à leur tour dans un schéma de croissance excessif, ils courent le risque d’exposer leurs économies à des difficultés d’approvisionnement et d’exercer une pression encore plus insoutenable sur le stock de ressources de la planète».