Bernard Vallat veille sur la santé des animaux dans le monde

PORTRAIT A l'occasion de l'année mondiale vétérinaire, qui célèbre les 250 ans de la profession, 20minutes.fr fait le portrait de vétérinaires hors du commun. Bernard Vallat est le directeur général de l'OIE, l'organisation mondiale de la santé animale...

Audrey Chauvet
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Bernard Vallat, président de l'OIE.
Bernard Vallat, président de l'OIE. — OIE

Vache folle, peste bovine, fièvre aphteuse… L’OIE (Organisation mondiale de la santé animale) est sur tous les fronts dans la lutte contre les maladies animales. A la tête de cette organisation internationale, Bernard Vallat, un vétérinaire passé par l’Afrique et les ministères avant d’arriver en 2000 à l’OIE.

Quand les vétérinaires ont une mission économique

Après une formation vétérinaire spécialisée en médecine tropicale, Bernard Vallat part au Tchad, au Zaïre et en Centrafrique, où il apporte un appui technique aux éleveurs locaux pour assurer la santé des troupeaux et améliorer l’alimentation des populations. De retour en France, il intègre le ministère des Affaires étrangères puis celui de l’Agriculture qui le présentent à la direction de l’OIE où il effectue actuellement son troisième mandat.

Au quotidien, Bernard Vallat doit assurer la coordination des actions de l’OIE, et notamment la veille mondiale sur les épidémies. «Les 178 pays membres doivent signaler les maladies présentes sur leur territoire, car derrière il y a des enjeux économiques», rappelle Bernard Vallat. Enjeux qui justifient la mission confiée par l’OMC (Organisation mondiale du commerce) à l’OIE depuis 1994: «Les microbes vont de plus en plus vite avec la mondialisation. Les pays doivent connaître leur situation sinon ils deviennent des dangers publics, explique le directeur général de l’OIE. Notre rôle est de faire en sorte que l’obstacle sanitaire ne puisse pas être utilisé comme un argument pour justifier le protectionnisme».

La prévention des maladies, une priorité

L’OIE porte également une responsabilité de santé publique: «60% des maladies humaines sont d’origine animale. Nous devons prévenir les maladies alimentaires dès la ferme», précise Bernard Vallat. En France, le dispositif de surveillance, qui repose pour beaucoup sur les vétérinaires de proximité, est «très efficace» selon Bernard Vallat.

«La vache folle et la grippe aviaire ont été deux chocs qui ont façonné le dispositif mondial. La maladie était nouvelle et inconnue en Grande-Bretagne. Quand l’alerte a été donnée, elle avait commencé à s’exporter», explique-t-il, mettant en cause la gestion des services publics du gouvernement Thatcher. «L’Etat ne doit pas faire d’économies sur la prévention».

Animaux sauvages et bien-être animal, deux nouveaux axes de travail

Depuis quelques années, l’OIE étend son champ d’action aux animaux sauvages, pour lesquels des systèmes de déclaration des maladies sont mis en place. Ce sont souvent les gardes-forestiers et les chasseurs qui sont sollicités: «En France, grâce au réseau SAGIR, plus de 50.000 prélèvements ont été envoyés en 2010. Cela permet de détecter les maladies et les empoisonnements», explique Bernard Vallat.

L’OIE se penche également sur le bien-être animal. «Nous éditons des normes sur les méthodes d’abattage, sur le transport des animaux vivants et l’usage des animaux de laboratoire, énumère Bernard Vallat. Depuis peu, on s’attaque aux systèmes de production, notamment pour les élevages très intensifs comme au Brésil. Il y a un dilemme entre l’impérieuse nécessité de produire et les conséquences sur le bien-être animal, duquel les vétérinaires ne peuvent se désintéresser.»