Dominique Grandjean prend soin des chiens qui sauvent des vies
PORTRAIT A l'occasion de l'année mondiale vétérinaire, qui célèbre les 250 ans de la profession, 20minutes.fr fait le portrait de vétérinaires hors du commun. Premier de la série, Dominique Grandjean, colonel à la brigade cynotechnique des sapeurs-pompiers de Paris...
«Quand j’étais petit, je voulais être vétérinaire à cause de Daktari et pompier». Dominique Grandjean a réalisé ses rêves d’enfant: directeur de l’unité de médecine de l’élevage et du sport à l’Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort et colonel à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris en charge des équipes cynotechniques, il travaille avec les chiens sauveteurs depuis vingt ans. Une activité dans laquelle il met à profit ses connaissances sur la nutrition et la santé des chiens sportifs.
Des chiens entraînés comme des sportifs
«Les chiens pompiers travaillent 40 à 45 minutes d’affilée, ils doivent être en aussi bonne santé que les pompiers», explique Dominique Grandjean. Que ce soit pour dégager des victimes des décombres comme lors de l’effondrement du terminal 2 E de Roissy où pour retrouver des disparus, les chiens sont formés et soignés comme des sportifs de haut niveau: «On les entraîne régulièrement à faire des descentes en rappel du toit du Stade de France ou de la Tour Eiffel, et on travaille sur leur nutrition pour prévenir les malaises et les inflammations musculaires». Particulièrement dans les situations extrêmes, comme lors du séisme en Haïti où un chien sauveteur français est mort: «En situation de stress maximal, après des heures de vol et à une température plus élevée que d’habitude, on doit enrichir leur nourriture en antioxydants naturels», explique le vétérinaire.
«Pour eux, ce n’est pas travailler, c’est leur vie»
Dominique Grandjean intervient dans la formation de vétérinaires de catastrophes mais également dans la formation des chiens. «La formation se fait uniquement par le jeu et la récompense. Pour les personnes ensevelies, le chien doit acquérir une bibliothèque d’odeurs: on a sur la peau des bactéries, des cellules, des odeurs, etc… qui constituent un code-barres d’effluves, explique Dominique Grandjean. Ensuite, il faut former le chien à ce qu’on veut comme marquage: pour la recherche de personnes, il faut qu’il gratte le plus possible, pas pour les explosifs!».
Mais les chiens ne sont pas des machines et l’aspect affectif est primordial: «Les chiens de décombres font des efforts pour leur maître. Il faut beaucoup d’implication du maître chien», explique le vétérinaire, qui se souvient de plusieurs chiens pompiers morts quelques semaines après leur mise en retraite. «Pour eux, ce n’est pas travailler, c’est leur vie».
«Quatre lamas sur le périph’»
Un peu comme pour Dominique Grandjean, qui a souvent fait passer son métier avant sa vie privée. «A Paris, avec les pompiers, nous faisons environ 1000 interventions par an. On ramasse les chiens, les chats parachutistes, les reptiles, les sangliers, les renards,… On ne s’étonne plus de rien: on peut me bipper en pleine nuit pour me dire "Quatre lamas sur le périph’"».
Son combat est aujourd’hui de trouver des fonds pour la recherche sur la santé canine: «Le chien est de plus en plus présent dans la société avec les chiens sniffeurs de cancers de la prostate, de mélanomes, de drogues, de billets de banque, d’explosifs,… Ca marche mieux que n’importe quelle machine mais l’Etat n’a jamais débloqué d’argent pour ça, contrairement à la recherche sur les nez artificiels. Il n’est pas normal que l’on n’arrive pas à convaincre de la nécessité du chien au service de l’homme».