La chimie veut une réglementation "raisonnable" face au risque industriel
L'industrie chimique s'est inquiétée jeudi de la "complexité" des règles encadrant la sécurité industrielle, notamment les plans de prévention des risques technologiques (PPRT), qui ont pris beaucoup de retard, et a plaidé pour une réglementation "raisonnable" et "proportionnée".
Les PPRT ont été créés par une loi en 2003 après la catastrophe de l'usine AZF de Toulouse (septembre 2001, 31 morts). Ils visent à contrôler l'urbanisme autour des sites industriels à risques Seveso (à seuil haut, SH) et à limiter l'exposition des habitants en cas d'accident.
La mise en oeuvre de ces plans de prévention constitue une "vraie préoccupation", a affirmé l'Union des industries chimiques (UIC), alors que les écologistes les jugent appropriés.
Plus de 600 sites industriels sont classé Seveso SH en France. Au total, 421 PPRT ont été déposés mais seulement 94 ont été approuvés, alors que le processus devait théoriquement s'achever en 2008.
L'UIC impute ces retard à la "grande complexité" du processus et parle désormais d'une échéance à fin 2012 ou 2013.
Mais elle redoute un gel du développement des activités industrielles autour des sites.
Les industriels du secteur sont "des acteurs responsables au quotidien pour la gestion des risques" et sont "mobilisés pour l'amélioration continue des performances de sécurité", a plaidé Jean Pelin, directeur général de l'UIC.
Mais "il ne faut pas forcément réglementer et encore réglementer, il faut s'assurer que la réglementation soit raisonnable et proportionnée", a-t-il lancé. "La surréglementation n'est pas forcément un gage d'amélioration de la sécurité", a insisté le directeur général de l'UIC.
Cependant pour Maryse Arditi, qui pilote le pôle risque et impact industriel de France Nature Environnement (FNE), "la réglementation est à la dimension de la complexité des usines d'aujourd'hui et de leur taille".
"Des lois plus importantes pour sécuriser vraiment le tissu industriel" contribuent "à ce qu'il soit accepté", et ont aussi pour effet de "permettre d'installer des industries en France", ajoute-t-elle.
Selon Gaëlle Dussin, expert sécurité industrielle pour l'UIC, le coût de la mise en oeuvre est évaluée par l'administration à 2 milliards d'euros pour les mesures foncières, comme des possibles expropriations, et à 200 millions d'euros pour les travaux de renfort des habitations.
La responsable de FNE estime que les PPRT "posent un problème de financement aujourd'hui": le crédit d'impôt pour aider les travaux d'aménagement demandés aux habitations des riverains de sites à risque a été réduit cette année. Un avis partagé par l'UIC.
Autre dispositif dans le collimateur des industriels de la chimie: le "Plan de modernisation des installations industrielles", lancé en janvier 2010, qui concernerait pour le secteur ses 400 sites Seveso et 1.000 installations soumises à autorisation.
Ce programme prévoit des inspections et les cas échéant des réparations. Son coût est évalué à 300 millions d'euros par l'industrie chimique.
Et pour l'UIC, d'autres règles se profilent comme le "risque spécial" pour les séismes avec "des conséquences économiques potentiellement majeures sur les sites existants".
"Oui il faut moderniser des installations, oui il faut des PPRT", a déclaré M. Pelin. Mais "les études, tant sur les PPRT que sur le plan de modernisation, sont toujours très lourdes et très complexes", a-t-il affirmé.