Mark Kennedy, l'espion devenu écolo qui embarrasse la police britannique

LONDRES Un policier infiltré dans les ONG écologistes a fini par prendre fait et cause pour l'environnement…

A.C.
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Le siège de Scotland Yard, à Londres, en décembre 2010.
Le siège de Scotland Yard, à Londres, en décembre 2010. — Akira Suemori/AP/SIPA

Après sept années passées avec les écolos, le vert déteint un peu. Mark Kennedy, officier de police britannique, avait été mandaté pour infiltrer les réseaux d’activistes écologistes mais a finalement préféré quitter le Met, la police londonienne, plutôt que les écolos. La révélation, par le quotidien britannique The Guardian, de cet espionnage a provoqué la colère des organisations ayant accueilli Mark Kennedy, et Scotland Yard est forcé de s’expliquer sur les consignes données aux espions après les déclarations de plusieurs femmes affirmant que Mark Kennedy avait eu des relations sexuelles avec elles dans le seul but d’obtenir des confidences sur l’oreiller.

Cheveux longs, tatouages, boucles d’oreilles et faux passeport

Ils le connaissaient sous le nom de Mark Stone. Lorsqu’en 2003 cet homme de trente-trois ans infiltre les réseaux écologistes, alter-mondialistes, anti-racistes et même anarchistes, il se laisser pousser les cheveux, se fait tatouer et se met à porter des boucles d’oreilles pour passer inaperçu. Alpiniste hors-pair, qualité souvent recherchée par les associations pour, notamment, poser des banderoles de protestation sur les immeubles, il a vite intégré les manifestations et a voyagé dans plus d’une vingtaine de pays, muni d’un faux passeport fourni par la police. Inculpé dans un procès contre six activistes qui avaient tenté de pénétrer dans la centrale à charbon de Ratcliffe-on-Soar fin 2009, son dossier avait été très rapidement classé par la justice.

Mais en octobre dernier, des «camarades» de Mark Kennedy découvrent dans ses affaires un passeport portant son vrai nom. Une recherche leur apprend que Kennedy était policier depuis 1994, et l’intéressé finit par avouer. La déception est de taille chez ses anciens amis: «Comme beaucoup d’autres, j’ai été écoeurée quand j’ai découvert que celui que je voyais comme un allié était en fait un espion, écrit Emily Apple, une activiste ayant rencontré Mark Kennedy à plusieurs reprises. Malheureusement, c’est une chose avec laquelle nous, les «activistes», avons à composer. Nous savons que nos mouvements sont fréquemment infiltrés, c’est plus une question de "qui" que de "si". »

Des accusations d’abus sexuels pourraient s’abattre sur Scotland Yard

L’affaire s’envenime au Royaume-Uni après les déclarations d’une activiste, Anna, qui affirme avoir eu «plus de vingt fois des relations sexuelles avec Mark Kennedy», en 2005, alors qu’elle avait 21 ans. Selon elle, il aurait eu de multiples relations au sein des milieux écologistes et elle reproche à Scotland Yard d’autoriser ses espions à utiliser tous les moyens possibles pour recueillir des informations.

«Il devrait y avoir des règles de conduite pour que les officiers restent concentrés sur leur mission», a déclaré Cindy Butts, membre de la Met. «Je pense que "par tous les moyens possibles" ne devrait pas être la méthode.» Mais la police britannique est embarrassée par les accusations d’abus sexuels qui pourraient déferler, comme une revanche pour les militants trompés.