Comment les multinationales transforment l'eau en argent
JOURNEE DE L'EAU Le documentaire «Water makes money»est diffusé mardi soir à 20h40 sur Arte...
L’eau française, trop privée pour être honnête? Water makes money, documentaire dénonçant la «privatisation» de la gestion de l'eau par les multinationales à travers plusieurs exemples français, est diffusé mardi 22 mars à 20h40 sur Arte, à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau.
Particularité de ce documentaire militant: il a été financé à hauteur de 120.000 euros par «un millier de souscripteurs en France mais principalement en Allemagne» (particuliers, associations, collectivités), selon son distributeur en France, La mare aux canards.
La France, exception dans la gestion de l’eau
«Le film se passe pour les deux tiers en France. La France a la particularité d'être le pays où la proportion de délégation de service public est quasiment inversée par rapport au reste du monde: près de 80% de l'approvisionnement en eau est géré par Suez, Veolia et la Saur», souligne Jérôme Polidor, de La mare aux canards.
Ce que dénonce le film, ce sont les augmentations du prix de l’eau, la baisse de sa qualité et un manque de transparence lié à un climat de corruption dans le secteur des délégations de service public. En s’appuyant sur les témoignages de villes qui, à l’instar de Paris et Rouen, ont repris en main la gestion de leur eau, les réalisateurs veulent démontrer que «le contrôle citoyen de l’eau est nécessaire et possible».
«Beaucoup d’erreurs» selon les entreprises concernées
«C’est un film militant, donc forcément orienté», commente Yannick Astesana, de la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E), qui a vu le film mercredi soir. Interrogé par 20minutes.fr, il regrette que le film «comporte beaucoup d’erreurs et d’informations fausses sur les entreprises, sur la qualité de l’eau et plus largement sur les services publics d’eau et d’assainissement». Mais pas d’affolement au sein de la fédération, qui regroupe la quasi-totalité des opérateurs de service d’eau et d’assainissement en France (dont Véolia, Suez et la Saur): «Des choses fausses qui se disent, il y en a tous les jours, sur tous les sujets. Mon vrai sentiment, c’est que les grandes problématiques de l’eau, comme l’accès à l’eau des plus démunis ou la protection de l’environnement et des zones de captage, trouvent leur solution dans la collaboration plutôt que dans l’opposition».
Yannick Astesana affirme que «les entreprises de l’eau sont plutôt ouvertes au débat» et qu’elles «encouragent un débat objectif et local avec les parties prenantes».
Une sortie discrète, pour éviter la censure
La «première internationale et simultanée» du film, jeudi, sera discrète pour éviter toute censure de la part des multinationales dénoncées. «Le principe était que le film ne soit pas vu avant et sorte d'un coup dans plein de villes pour empêcher tout blocage des entreprises concernées. Il y a 150 projections d'un coup, il sera difficile de l'arrêter après», a expliqué à l'AFP Jérome Polidor.