Les réserves mondiales d'hélium se dégonflent

PLANETE Un prix Nobel de physique met en garde contre l'épuisement des stocks de ce gaz...

Audrey Chauvet
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Un ballon d'hélium dans le parc André Citroën, à Paris.
Un ballon d'hélium dans le parc André Citroën, à Paris. — REUTERS/John Schults

Ne crevez plus les ballons de baudruche, ils pourraient bientôt valoir cher. L’hélium, le gaz utilisé pour les gonfler, est une ressource naturelle non renouvelable qui pourrait être épuisée dans vingt-cinq à trente ans, selon le prix Nobel de physique Robert Richardson. Les scientifiques appellent à un usage raisonné de ce gaz aux propriétés rares et aux multiples utilisations, qui pourrait passer par une augmentation de son prix.

4,7 milliards d’années pour le créer, cent ans pour le dilapider

Robert Richardson, chercheur à l’université de Cornell aux Etats-Unis, est pessimiste sur l’avenir des réserves d’hélium: selon lui, ce gaz est vendu à un prix beaucoup trop bas, qui ne reflète pas sa valeur et sa rareté: «L’hélium est dilapidé», déplore le scientifique.

En cause, le «Helium Privatisation Act» de 1996, qui prévoit la vente intégrale d’ici à 2015 du principal stock d’hélium des Etats-Unis, situé à Amarillo au Texas. Ce gisement contient près d’un milliard de mètres cubes d’hélium, soit la moitié du stock mondial. «La Terre est âgée de 4,7 milliards d’années, et il a fallu ce temps pour accumuler les réserves d’hélium, que nous aurons épuisé dans cent ans. Une seule génération n’a pas le droit de déterminer la disponibilité d’une ressource pour toujours», alerte Robert Richardson. Le prix Nobel pense que l’hélium devrait être vingt à cinquante fois plus cher qu’il ne l’est actuellement pour favoriser sa réutilisation et une gestion raisonnée des gisements.

Des utilisations importantes en médecine

Car l’hélium est précieux: utilisé dans la fabrication des cristaux liquides LCD et des fibres optiques, il intervient également en médecine dans le refroidissement des aimants utilisés en IRM, pour faciliter la respiration de patients souffrant d’obstruction des voies respiratoires ou pour traiter des tumeurs oculaires. Les bouteilles des plongeurs en mer contiennent aussi de l’hélium, et la Nasa en utilise de grandes quantités pour pressuriser les navettes spatiales.

Gaz «noble» issu de la désintégration radioactive de certaines roches, l’hélium est extrait du gaz naturel et convoité pour ses qualités chimiques: incolore, inodore, insipide, non toxique, et très léger. Toutefois, il n’est que très rarement recyclé et ne peut être reconstitué en laboratoire.