La Terre pourrait être inhabitable pour la plupart des mammifères dans 250 millions d’années
Trop chaud D’après une étude, seuls 8 % de la planète seront encore habitables, contre 66 % actuellement
- Une étude publiée lundi dans la revue Nature Geoscience indique que la formation d’un supercontinent, dans 250 millions d’années, provoquera la disparition des mammifères, la Terre devenant trop chaude pour eux.
- 92% de la Terre deviendrait inhabitable
- Mais cette étude reste une projection et des chercheurs appellent à la considérer avec prudence.
Si on savait que la vie sur Terre disparaîtrait dans plusieurs milliards d’années sous l’effet du vieillissement du Soleil, ce pourrait être bien plus tôt pour les mammifères. D’après une étude publiée lundi dans la revue Nature Geoscience, la formation d’une Pangée ultime, un supercontinent issu du rapprochement des continents d’ici 250 millions d’années, provoquera une telle hausse des températures que presque plus aucune zone de la Terre ne sera habitable par les mammifères.
Le déplacement des plaques tectoniques lié à l’émergence de ce supercontinent provoquerait en effet une forte activité volcanique. « La formation du continent va créer des rides océaniques, qui vont générer du dégazage, du relâchement de CO2 dans les roches en profondeur de la Terre, explique Anta-Clarisse Sarr, paléoclimatologue à l’Institut des sciences de la terre de Grenoble. Ce CO2 va remonter et être relaché dans l’océan, puis dans l’atmosphère ». Ce phénomène s’ajoute à l’activité magmatique liée à l’affinement de la surface terrestre et au chevauchement de certaines plaques. Tout cela aggraverait l’effet de serre, provoquant ainsi un réchauffement considérable de notre planète que les mammifères ne pourront pas supporter.
92 % de la Terre inhabitables
D’après l’étude, les températures oscilleraient entre 40 et une cinquantaine de degrés Celsius, un climat trop hostile pour les hommes et leurs congénères. Les régions situées au milieu du continent, transformées en déserts, seront inhabitables, « à part pour des mammifères très spécifiques », d’après Alexander Farnsworth, chercheur à l’Université de Bristol et coauteur de l’étude. Le scientifique anticipe « une extinction de masse », et ce « pas seulement pour les mammifères. Cela pourrait aussi concerner le végétal et d’autres types de vie ». Il se peut cependant que certaines espèces survivent et s’adaptent, mais les auteurs de l’étude estiment qu’il est impossible de le prédire.
Dans le pire des cas, c’est-à-dire celui d’une concentration de CO2 dans l’air deux fois plus importante qu’à notre époque, seuls 8 % de la Terre seraient encore habitables, contre 66 % actuellement, d’après les chercheurs.
La hausse globale des températures sera aussi due à l’activité du Soleil, qui émettra, selon les scientifiques, environ 2,5 % plus d’énergie qu’aujourd’hui, dégageant donc plus de chaleur. À l’inverse, si les auteurs de l’étude estiment que la Pangée ultime devrait se former au niveau de l’équateur, il est aussi possible que le supercontinent se situe finalement plus au nord. « La quantité de radiation solaire, et donc de chaleur, est plus élevée à l’équateur car la Terre est ronde, explique Anta-Clarisse Sarr. Aux pôles, il fait donc plus frais », ce qui permettrait des conditions plus propices à la vie.
Une étude à nuancer
Le climat de la Terre est effectivement influencé, hors intervention humaine, par « sa géographie, c’est-à-dire la distribution des continents et des océans, leur hauteur, leur profondeur, et par la concentration, entre autres, de CO2, qui est le résultat de l’équilibre entre le CO2 émis par l’activité volcanique et celui absorbé naturellement par les roches », décrit Anta-Clarisse Sarr.
Mais pour certains scientifiques, parmi lesquels Yves Godderis, directeur de recherche au CNRS affecté au laboratoire Géosciences environnement de Toulouse, cette étude est à prendre avec beaucoup de prudence. « Déterminer la position des continents dans 250 millions d’années n’est pas simple, nuance-t-il. Les chercheurs ont prolongé les tendances actuelles, mais la réalité future est très floue. » Il en va de même pour la notion de mammifères : « On peut extrapoler, mais l’évolution est très complexe, on ne sait pas ce qu’il y aura d’ici 250 millions d’années, c’est un point de vue très anthropocentrique. On n’en sait rien, surtout à cette échelle temporelle. »
Mais cette étude présente tout de même un intérêt pour Anta-Clarisse Sarr : « Elle montre notamment que la vie sur Terre est très fragile ». Elle peut aussi être bénéfique pour les recherches futures car « les chercheurs ont réussi à combiner beaucoup d’outils qui d’habitude sont utilisés de manière indépendante », d’après la paléoclimatologue. Celle-ci précise que cette « construction méthodologique est intéressante car elle est applicable à d’autres objets d’étude », comme la recherche sur la vie passée ou sur l’évolution d’autres planètes.