Pollution : Avec une telle production de plastique, le recyclage ne suffira pas
crise « Vu l’augmentation de l’utilisation du plastique, il est clair que nous ne sortirons pas de ce pétrin par le recyclage », met en garde la patronne de l’ONU-Environnement
La crise de la pollution plastique semble insurmontable avec comme seul moyen de lutte le recyclage. C’est le message que veut faire passer la patronne de l’ONU-Environnement Inger Andersen. « Nous devons recycler autant que nous pouvons, mais vu l’augmentation de l’utilisation du plastique, il est clair que nous ne sortirons pas de ce pétrin par le recyclage », a-t-elle déclaré à l’AFP jeudi, appelant à agir sur « toute la chaîne », comme la refonte des produits de consommation.
« Il y a différentes voies d’accès vers des solutions. Mais je pense que tout le monde reconnaît que le statu quo n’est simplement pas une option », assure Inger Andersen en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, appelant à attaquer cette pollution à large échelle sur tous les fronts.
Réduire les emballages
D’abord « éliminer autant que possible les plastiques à usage unique » et « tout ce qui n’est pas nécessaire », note-t-elle, jugeant par exemple « stupide » d’emballer oranges ou bananes déjà protégées « par la nature elle-même ».
Ensuite, « il faut penser au produit lui-même : est-ce qu’il doit forcément être liquide, est-ce qu’il pourrait être en poudre, compacté, ou concentré ? », dit-elle, racontant comment en entrant dans un supermarché elle se rend directement au rayon des savons pour voir si des versions solides sont proposées. « Nous devons réduire l’offre de nouveaux polymères bruts », option évoquée par le projet de texte, insiste-t-elle.
Une production qui a doublé en 20 ans
La production annuelle de plastiques a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait tripler d’ici à 2060 si rien n’est fait. Or, seulement 9 % est recyclé. Des déchets de toutes tailles se retrouvent de nos jours au fond des océans, dans l’estomac des oiseaux et au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta. « Si nous continuons à injecter tous ces polymères bruts dans l’économie, il n’y a aucune chance de stopper le flot de plastique vers l’océan », met en garde Inger Andersen.
Les défenseurs de l’océan espèrent que le traité sur la haute mer, qui prévoit notamment la création d’aires marines protégées dans ces eaux internationales, pourra entrer en vigueur en 2025, seul espoir de respecter l’engagement pris par la communauté internationale de protéger 30 % des océans d’ici 2030. « Avec détermination, je reste optimiste que nous y parviendrons ».