Gironde : La solution des ballons géants pour prévenir la reprise des feux de forêt
idée ardente•Aerostats, une petite entreprise basée à Mimizan (Landes), va signer un accord avec les pompiers de la Gironde pour déployer des ballons de surveillanceNathan Tacchi
L'essentiel
- Dans la lutte contre les feux, les pompiers sont en recherche de nouvelles technologies pour leur venir en aide.
- Parmi les nouveautés dans l’équipement des sapeurs pompiers de la Gironde, un ballon de surveillance des feux.
- Développé par l’entreprise landaise Aerostats, ce ballon autonome appelé Egg50 permettra grâce à des capteurs thermiques de surveiller une potentielle reprise des incendies.
Depuis les « mégafeux » de l’été dernier en Gironde, les pompiers tentent de trouver de nouvelles solutions pour surveiller, prévenir et combattre les incendies. Intelligence artificielle, drones, dirigeables… Toutes les pistes sont bonnes à explorer. A l’occasion du salon du Bourget, les résultats d’un appel à manifestation d’intérêt lancé par l’Aérospace Valley ont été dévoilés. Des géants Thalès figurent dans la sélection aux côtés d’un « petit Poucet » venu tout droit de Mimizan.
Il s’agit d’Aerostats, une « TPE artisanale de technologie » comme la décrit Laurent Ignacel, son PDG. Avec quatre salariés en tout et pour tout, elle produit des dirigeables et des ballons et grâce à leur projet de ballons autonomes, appelé Egg50, les Landais vont pouvoir s’attaquer à un nouveau secteur. Celui de la surveillance post-incendie.
Une première expérimentation dès juillet
Lorsque les pompiers éteignent un feu, des fumerons - des feux de sous-sols - mais aussi des sautes de feu - des braises emportées par le vent - peuvent raviver l’incendie. Pour éviter cela, des forestiers, des chasseurs, des bénévoles de la DFCI (défense des forêts contre les incendies) et des agents communaux sont en constante vigilance « seulement équipés d’un arrosoir, d’une pelle et d’une citerne d’eau ». Des moyens insuffisants selon Laurent Ignacel. « On ne peut pas attendre que le feu remonte », soutient l’entrepreneur. Et si, par malheur, ces circonstances se présentent, l’Egg50 sera déployé dès juillet.
Pour sa première expérimentation avec les pompiers de Gironde (Sdis33), deux ballons à hélium de trois mètres d’envergure seront envoyés au-dessus de la ville d’Hostens, au sud du département. Là-bas, le lignite, une sorte de charbon, continue un an après les incendies de brûler dans les sous-sols. « Il fait encore près de 200 degrés à dix mètres de profondeur », explique Laurent Ignacel. « Et ça couve ». Ce qui laisse planer la crainte d’un nouvel incendie avec la sécheresse conjuguée à une possible remontée des températures.
Les fameux ballons, à l’inverse des dirigeables, sont reliés au sol grâce à un treuil. A basse altitude, à 50 mètres de hauteur, ces engins vont analyser 24 h/24, 7 J/7 les températures des sols grâce à des capteurs thermiques. Si le feu remonte des sous-sols, la température augmente et une alarme sera envoyée instantanément aux soldats du feu.
Des nouvelles versions à venir
Dès que le « go » sera donné par le conseil d’administration du Sdis33, ces petits ballons seront déployés pour la saison des feux. Laurent Ignacel espère que cette expérimentation sera fructueuse et permettra de signer d’autres accords pour un nombre plus important d’Egg50, conçus pour être déployés en grappe. « J’ai de bons espoirs », nous glisse-t-il. La même expérimentation devrait prochainement débuter dans les Landes, mais aussi à Nîmes. « L’objectif final : dès qu’il y a une surveillance des feux, il y a un de nos ballons. »
En parallèle, Aerostats développe de nouvelles améliorations de ses ballons, avec notamment la sortie prochaine d’un Egg120. Celui-ci pourra voler à 120 mètres de hauteur et n’aura besoin que d’une révision technique tous les mois, contre une fois tous les 14 jours pour les modèles actuels.
Des utilisations dans d’autres cadres
Mais alors pourquoi attendre qu’il y ait des feux pour déployer ces ballons ? Pourquoi ne pas les disposer en amont ? « Généralement, l’intervention des pompiers a lieu lorsqu’une colonne de fumée est repérée. Il y a donc intérêt d’avoir un outil qui vole très haut couvrant une grosse surface. Tandis que nous sommes plutôt dans un zonage tactique, couvert à basse altitude », détaille le PDG.
Dans le futur, Laurent Ignacel voit d’autres utilisations pour son ballon, notamment dans le cas d’inondations. « Lors de montée des eaux, les personnes sont évacuées sur des bateaux. Mais les animaux, par exemple, sont parfois laissés derrière. Grâce aux signatures thermiques, nos ballons sont capables de les localiser et de dire précisément où ils sont », explique Laurent Ignacel.
Sur le marché de la surveillance de la reprise de feux, Aerostats n’est pas seul. Comme le dévoile la revue spécialisée Géomètre, le cabinet Parallèle 45 de Lacanau a effectué l’été dernier des courts vols de drones à caméra thermique sur le même principe que les ballons de Laurent Ignacel. « J’ai tendance à rappeler une statistique : un drone utilise 76 % de sa batterie pour se maintenir en l’air », déclare l’homme d’affaires. Un argument de plus en faveur de ses ballons autonomes.
À lire aussi