Tiques : Une carte pour suivre le nombre de piqûres en temps réel

SCIENCES PARTICIPATIVES L’Institut de la recherche agronomique vient de mettre en ligne une carte pour suivre la progression du nombre de piqûres en temps réel partout en France, sur le modèle de « Covid Tracker »

G.T.
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A Strasbourg en avril 2017, des images de tiques prises par des chercheurs du Centre national de recherche sur la borréliose de Lyme.
A Strasbourg en avril 2017, des images de tiques prises par des chercheurs du Centre national de recherche sur la borréliose de Lyme. — Centre national de recherche sur la borréliose de Lyme.
  • L’Inrae vient de mettre en ligne une carte interactive pour recenser le nombre de piqûres partout en France, en temps réel. 
  • Les régions où le nombre de signalements est le plus important sont le Grand Est, l’Ile-de-France et la Nouvelle-Aquitaine.
  • Cet outil de sciences participatives permettra de mieux informer les citoyens tout en faisant avancer les travaux des chercheurs.

Une piqûre de tique ? Après avoir désinfecté la plaie, « le nouveau réflexe doit être de la signaler » sur Citique, nous explique Jonas Durand, chercheur à l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Sur le modèle de Covid Tracker, l’outil développé pour suivre en temps réel la propagation de l’épidémie de Covid-19, une carte interactive vient d’être mise en ligne afin d’indiquer le nombre de piqûres de tiques chaque jour, pour les humains comme pour les animaux.

La plateforme rend compte des données région par région et précise l’environnement dans lequel elles ont eu lieu (forêt, jardin, domicile), ce qui permettra de mieux comprendre cette bestiole susceptible de propager la maladie de Lyme.



Le Grand-Est en tête, l’Ile-de-France second

Actuellement, l’équipe de recherche en charge du programme reçoit déjà « une centaine de courriers contenant des tiques par jour », poursuit le chercheur. Depuis 2017, plus de 70.000 piqûres ont été reportées auprès de l’Inrae. La carte permet d’avoir un aperçu des régions qui comptent le plus de signalements : en première place, le Grand Est (11.556 piqûres), suivi par l’Ile-de-France (près de 6.000) et la Nouvelle-Aquitaine (un peu plus de 5.300). Dans le détail, « des départements comme le Limousin et les Pyrénées » semblent être particulièrement affectés, nous précise le chercheur. Ce qui paraît logique, puisque l’espèce la plus présente en France, l’Ixodes ricinus, apprécie le climat et l’environnement naturel qu’on trouve sur ces territoires : « des forêts et un temps chaud, ni trop sec, ni trop humide ».

Les piqûres n’ont pas lieu qu’en forêt

Citique permet aussi de tordre le cou à une idée reçue : non, les piqûres de tiques n’ont pas lieu uniquement en forêt, bien que la majorité de celles qui ont été recensées l'ont été. Les endroits dits « familiers » (jardins privés, domiciles et parcs publics) arrivent en deuxième position dans le classement. Moralité : pas question d’attendre le week-end ou les vacances pour être vigilant, le bon réflexe doit être de vérifier « tous les soirs » si l’on n’a pas été piqué, en passant la main dans les replis de notre corps (coudes, genoux). Plus tôt le repérage est fait, moins le risque d’être infecté par une maladie est élevé.

Envie d’en savoir davantage, voire de vous glisser dans la peau d’un chercheur ? L’Inrae organise régulièrement des stages gratuits destinés au grand public dans son laboratoire, à Nancy. L’objectif : réfléchir aux prochaines questions que la science tentera d’éclaircir, et analyser ensemble les données reçues.

Des piqûres qui augmentent avec le changement climatique ?

Envie d’en savoir davantage, voire, de vous glisser dans la peau d’un chercheur ? L’Inrae organise régulièrement des stages gratuits destinés au grand public dans son laboratoire, à Nancy. L’objectif : réfléchir aux prochaines questions que la science tentera d’éclaircir, et analyser ensemble les données reçues.

Parmi les interrogations, l’une des plus importantes en ce moment concerne le changement climatique : avec la hausse des températures, faut-il craindre une augmentation du nombre de piqûres de tiques ? « Pour le moment, il est impossible de donner une réponse catégorique à cette question », répond Jonas Durand. « En revanche, il est certain qu’on trouve désormais davantage de tiques en altitude, alors qu’il fait de plus en plus chaud ». Par ailleurs, une espèce qu’on trouvait auparavant principalement en Asie, en Afrique du Nord voire en Corse, Hyalomma marginatum, et qui peut être porteuse du virus de la fièvre de Crimée Congo, est de plus en plus présente dans le sud de la France, comme le révèle un avis de l’Anses publié en mai… « Ce qui pourrait être une conséquence du changement climatique », conclut Jonas Durand.