Marseille : Les cabanes des plages du Prado vouées à la destruction à l’automne

CIAO Lieux très prisés de fête à Marseille, les cabanes construites sur les plages du Prado qui abritaient des bars dansants vont être détruites au nom du respect de la loi Littoral

Mathilde Ceilles
La cabane des amis est vouée à la destruction, les gérants ayant été priés d'ouvrir un autre espace qui n'est pas sur la plage
La cabane des amis est vouée à la destruction, les gérants ayant été priés d'ouvrir un autre espace qui n'est pas sur la plage — Mathilde Ceilles/20 Minutes
  • A Marseille, des cabanes de bois construites sur les plages du Prado abritent depuis des années des bars dansants, devenus des lieux de fête très prisés.
  • L’Etat demande toutefois la destruction de ces bâtiments, dont la construction est jugée illégale au regard de la loi littoral.
  • Les cabanes seront rasées à l’automne, et les exploitants priés de déménager, à l’image de l’emblématique « Cabane des Amis ».

L’annonce a été faite il y a quelques jours sur les réseaux sociaux. A Marseille, chaque année, la nouvelle rappelle que l’été se profile, au même titre que le soleil qui se couche de plus en plus tard, les gens qui lézardent de plus en plus sur la plage des Catalans et les terrasses qui se remplissent à vue d’œil. Ce vendredi, la Cabane des Amis va rouvrir pour une nouvelle saison estivale dans ce lieu devenu en quelques années un incontournable des soirées marseillaises.

Dans cette petite maison de bois colorée, qui abrite un bar dansant devenu très branché, se retrouvent chaque été touristes et marseillais qui dansent et boivent sur la plage face au coucher de soleil. Un cadre qui fait le bonheur des noctambules… et des instagrameurs. La formule est également appliquée dans d’autres cabanes voisines qui abritent sur le même modèle des bars dansants, les pieds dans le sable des plages du Prado, grande bande artificielle construite avec les résidus des travaux du métro marseillais.


« Permis de démolir »

Et ce vendredi, sous un beau soleil de circonstance, la Cabane des Amis rouvre ses portes. A un détail près. La Cabane des Amis a été sommée de déménager. Fini les fêtes les pieds dans le sable : il faut quitter la petite maison en bois, et en reconstruire une autre sur une digue, près de l’Huveaune. Sur la petite cabane, une feuille est placardée et sans appel. « Permis de démolir » Depuis quelques semaines, l’Etat a décidé de faire le ménage sur le sable marseillais, et de faire appliquer de manière stricte la loi Littoral. Fini les exceptions marseillaises. Circulez, il faut partir.

« L’espace balnéaire du Prado, plus de 50 hectares, a été réalisé puis exploité au travers de concessions de travaux et d’exploitation établies à partir des années 1980 à l’occasion des travaux du métro, confirme à 20 Minutes la préfecture des Bouches-du-Rhône. Depuis, les plages subissent une fréquentation accrue et une multiplicité d’usage de la mer et une évolution du trait de côte. »

Et d’ajouter : « L’Etat et la ville de Marseille se sont accordés dès à présent sur la nécessité de libérer les espaces de plages, par la démolition de bâtiments en dur, pour appliquer le droit actuel de la gestion du domaine public maritime. » « Ces cabanes sont considérées comme étant construites sur la mer, sur le domaine public maritime, explique Hervé Menchon, adjoint au maire en charge de la mer. Cette question n’était pas une priorité de l’Etat les années précédentes, mais nous avons eu cette injonction-là de démolir les cabanes que sont les Sablines, le Mama beach, les Huttes marines et la Vigie connue aussi sous le nom de Cabane des amis. On se trouve dans l’obligation de démolir ces cabanes. C’est non négociable. »

Une cabane préservée ?

Selon l’adjoint au maire, les bulldozers commenceront leur besogne à l’automne, afin de ne pas gêner pendant la période estivale. « C’est vrai qu’on comprend pas, confie Benjamin Aguad, l’un de fondateurs et patron de la Cabane des Amis. On va détruire quelque chose à qui on avait donné une identité si forte. Ce n’est pas compréhensible. Après, je fais pas les lois. Mais bon, on a su rebondir, et au final, c’est un mal pour un bien. Certes, on n’a pas la plage et un accès direct à la mer. On est sur une dalle, mais avec une vue sur Marseille à 180 degrés, on propose beaucoup plus de plats, on a plus de tables… »

Seule l’une de ces quatre cabanes des plages du Prado pourrait échapper à la disparition, au nom de l’intérêt patrimonial. « De ce que je sais, nous avons reçu un avis étrange des architectes des bâtiments de France, qui considère que l’architecture des huttes marines représente une image symptomatique de la vie balnéaire d’une époque, avec à proximité la statue du David, croit savoir Hervé Menchon. Nous attendons donc de voir s’ils nous autorisent à démolir ou pas. » Comme le dernier vestige d’un temps un peu particulier, où la tolérance frôlait avec l’illégalité, et que l’Etat veut aujourd’hui révolu.