Réchauffement climatique : Christophe Béchu appelle à « sortir du déni » et à « se préparer »

hausse des températures Le ministre de la Transition écologique a ainsi installé jeudi le Comité de pilotage ministériel chargé de finaliser le troisième plan national d’adaptation au changement climatique

20 Minutes avec AFP
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Cette photographie prise le 23 février 2023 montre le lit asséché de l'Agly, principale rivière du bassin versant, à la périphérie d'Estagel, dans le sud de la France.
Cette photographie prise le 23 février 2023 montre le lit asséché de l'Agly, principale rivière du bassin versant, à la périphérie d'Estagel, dans le sud de la France. — RAYMOND ROIG

La France se réchauffe inévitablement. Et même si elle n’atteint pas 4 °C supplémentaire, il faut s’y préparer. C’est désormais le discours que tient le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Selon lui, « ne pas s’y préparer c’est exposer nos concitoyens, nos agriculteurs, nos activités économiques à des risques sans leur donner les moyens d’y faire face », a-t-il prévenu sur Europe 1 vendredi.

Le ministre a ainsi installé jeudi le Comité de pilotage ministériel, chargé de finaliser le troisième plan national d’adaptation au changement climatique, le PNACC3. Ce plan doit être soumis à consultation publique au printemps avant d’être finalisé d’ici la fin de l’année 2023. La future stratégie française reposera sur deux scénarios de référence, dont l’un, pessimiste, se traduirait par un réchauffement de 4 °C en France par rapport à la fin du XIXe siècle, la hausse des températures y étant plus importante que la moyenne mondiale.



« Il faut bien comprendre que se préparer à une France à +4 °C, ça n’a rien à voir », avec la situation actuelle du pays, a souligné Christophe Béchu, citant des risques aggravés pour la montée des eaux, la perte d’enneigement, les sécheresses ou encore les canicules, durant lesquelles « on peut tangenter les 50 °C » en ville. « S’adapter à ça, c’est sortir du déni », a-t-il jugé. « Il faut qu’on investisse dans des matériaux qui nous permettent de résister à ces températures, ça veut dire penser l’organisation des services publics, les lois sur l’eau, la protection de la biodiversité, des sols, des règles sur les assurances… » « En avril nous présenterons ces différents éléments et nous les rendrons publics », a indiqué le ministre.

Prévisions revues à la hausse

L’actuel plan d’adaptation français, établi en 2011 et révisé en 2018, n’envisage que les risques d’un réchauffement à +2 °C. Alors que le pire scénario Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) se traduirait pour la France par une hausse des températures de 3,9 °C vers 2050, selon Météo-France.

« Ni la France ni l’Europe ne sont une île, on ne vit pas sous cloche, et d’autres pays dans le monde continuent à avoir des trajectoires qui ne correspondent pas à aux accords de Paris », commente l’entourage du ministre pour justifier d’intégrer désormais le scénario catastrophe. D’autant qu’une récente étude du CNRS a revu à la hausse les prévisions pour la France : même si le scénario intermédiaire du Giec, celui qui exige une réduction volontariste des émissions mondiales, se réalisait, le réchauffement y serait de +3,8 °C d’ici la fin du siècle.

Le dernier rapport du Giec a montré que la planète avait déjà gagné en moyenne près de 1,2 °C depuis l’ère pré-industrielle en raison des gaz à effet de serre générés par les activités humaines. Pour la France en particulier, cette hausse est déjà de quelque 1,7 °C. Sans un renforcement des politiques écologistes actuelles, le monde se dirige selon le Giec vers un réchauffement de +3,2 °C d’ici 2100, qui serait plus important encore en France.