Champagne : Une exploitation viticole utilise de petits cochons pour entretenir ses vignes

en tire-bouchon Cette race de cochon, nommée Kunekune, est une très bonne option pour limiter l’usage des pesticides et des tracteurs

G.V. avec AFP
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Un cochon « Kunekune » dans les vignes de Jean-Etienne Bonnaire à Cramant, en France
Un cochon « Kunekune » dans les vignes de Jean-Etienne Bonnaire à Cramant, en France — FRANCOIS NASCIMBENI AFP

Ils sont tout bios ces petits cochons ! Courts sur pattes, incapables de lever la tête, ils pèsent, en moyenne, 40 kg. Pas de quoi se tailler un bon jambon donc. Pourtant, plusieurs agriculteurs et viticulteurs les surveillent de près, avec une drôle d’envie. Celle de les laisser gambader dans leurs vignes… pour faire du nettoyage. Bien meilleurs pour la planète que les produits phytosanitaires, ces petits cochons originaires de Nouvelle-Zélande et nommés « kunekune » sont de véritables petits nettoyeurs.

Désherbage, aération du sol, lutte contre le mildiou et autres champignons dévastateurs : ces cochons font un « travail complet », et « de précision », assure Olivier Zebic, ingénieur agronome et consultant viticole et œnologue. Quatre d’entre eux labourent actuellement un vignoble de Cramant (Marne), village de Champagne classé grand cru. Une mission de toilettage des vignes aux petits oignons dans le cadre d’un projet pilote visant à limiter l’usage des herbicides et des tracteurs. Bien meilleur éco-désherbeur que le mouton, qui lui « ne fait que tondre », le Kunekune, élevé en France, retourne « toutes les mottes d’herbes et mange même les racines pivotantes », ce qui « empêche la repousse », détaille Olivier Zebic.



Diminution significative des produits phytosanitaires

Aute avantage et non des moindres, il est strictement herbivore et donc épargnerait aussi les vers de terre. Et comme sa physiologie l'empêche de lever la tête, il ne s’attaque pas non plus aux grappes et rameaux.  « Ils dévorent les feuilles dès qu’elles tombent au sol », une action anti-champignons. « C’est une solution pour diminuer très significativement », l’usage de produits phytosanitaires, selon l’ingénieur agronome

L’expérimentation est menée depuis janvier sur le domaine de 22 hectares de Jean-Etienne Bonnaire, qui dirige avec son frère la maison de champagne éponyme. L’exploitation est en conversion bio, les herbicides remplacés depuis 2005 par des engins mécaniques, mais qui tassent la terre, peuvent blesser les plants, et tournent au gasoil. « On ne pourra pas tout révolutionner avec les cochons », mais ils sont un « complément », « un outil en plus pour les parcelles les plus difficiles », juge Etienne Bonnaire. Notamment « sur les sols en coteaux, où avec les orages, on perd quatre à cinq cm de terre par an ».

Pour l’heure, les kunekune s’affairent sur une seule parcelle de Chardonnay, gardés et protégés par une clôture électrique, sous l’œil de deux caméras de surveillance. L’ingénieur agronome imagine déjà pour sa part une « transhumance de cochons » dans les vignes, alors que le Comité interprofessionnel du vin de Champagne vise, d’ici 2030, une certification environnementale pour 100 % des exploitants.