Pesticides dans l’air : Dans les vignes, une « surexposition des riverains », alerte une nouvelle étude

AGRICULTURE L’association Générations futures dévoile les résultats d’une nouvelle étude qu’elle a menée dans les départements viticoles du Rhône et de la Gironde

Julie Urbach
L'observatoire Atmo mesure tous les ans les concentrations de pesticides dans l'air.
L'observatoire Atmo mesure tous les ans les concentrations de pesticides dans l'air. — ALLILI MOURAD/SIPA
  • Générations futures a présenté ce jeudi matin les résultats de sa nouvelle campagne de mesures, réalisées en 2021 et en 2022 dans deux départements viticoles, la Gironde et le Rhône.
  • « On retrouve des valeurs largement supérieures au bruit de fond », et notamment de folpel, dénonce l’ONG, qui demande l’interdiction de la substance.

C’est une nouvelle étude qui enfonce le clou sur une problématique déjà bien connue. Dans les vignes, les riverains qu’ils soient très proches ou un peu plus éloignés des zones de cultures sont confrontés à « une surexposition » aux pesticides dans l’air. C’est en tout cas les conclusions de l’ONG Générations futures, qui a présenté ce jeudi matin les résultats de sa nouvelle campagne de mesures, réalisées en 2021 et en 2022 dans deux départements viticoles, la Gironde et le Rhône. « On retrouve des valeurs largement supérieures à ce qu’on observe habituellement, explique François Veillerette, le porte-parole. Les résultats montrent qu’à 10 mètres, à 25 mètres, ou encore plus loin des vignes, les pesticides sont logiquement de moins en moins nombreux dans l’air mais sont encore bien présents. »

Grâce à des capteurs placés à différentes distances et pendant plusieurs semaines chez des particuliers mais aussi dans une école, l’ONG a mis en évidence que c’est le folpel qui arrivait largement devant tous les autres. Ce fongicide qui permet de lutter contre le mildiou, pourtant identifié et pointé du doigt depuis plusieurs années par les associations environnementales, représentait 93 % des substances retrouvées, selon le résultat des analyses du laboratoire. Assez pour que Générations futures demande de nouveau au gouvernement de soutenir son interdiction à l’échelle européenne. « Cette substance est connue comme étant préoccupante, écrit-elle dans son rapport. Elle est ainsi classée comme cancérogène suspecté pour l’homme. Elle est aussi soupçonnée de perturber le système endocrinien. L’actuelle homologation court jusqu’au 31 juillet 2023 ».



Des « cocktails dangereux »

Ce rapport (qui présente « un certain nombre de limites » reconnaît l’association) démontre également la présence récurrente d’un autre fongicide, la spiroxamine, mais aussi, parfois, de « cocktails dangereux ». « Sur un seul capteur dans le Rhône, nous avons relevé pas moins de 25 substances, sur une même période, note François Veillerette. C’est une problématique importante. » Plus globalement, l’ONG demande « une augmentation forte des zones non traitées en bordure des vignes à hauteur de 100 mètres au minimum ». Elles sont aujourd’hui de 10 ou 20 mètres.

En parallèle, une étude lancée en 2021 par Santé publique France et l’Anses doivent dévoiler leurs résultats l’an prochain. Appelée PestiRiv, elle vise à « mieux connaître l’exposition aux pesticides des personnes vivant en zones viticoles et non-viticoles ».