Nice : A quoi va servir le nouveau « Haut conseil local pour le climat et la biodiversité » ?

LES EXPERTS Un comité regroupant « dix-sept experts et scientifiques » a été installé « afin d’éclairer les grandes décisions à venir » de la métropole de Nice. Il remplace une structure qui n’avait « jamais donné de résultats concrets », selon une association

Fabien Binacchi
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Le Haut conseil local pour le climat et la biodiversité est créé « afin d’éclairer les grandes décisions à venir » de la métropole niçoise
Le Haut conseil local pour le climat et la biodiversité est créé « afin d’éclairer les grandes décisions à venir » de la métropole niçoise — SYSPEO/SIPA
  • Le Haut conseil local pour le climat et la biodiversité a été installé ce lundi à Nice pour « orienter les décisions stratégiques » de la collectivité.
  • Il regroupe les dix-sept « meilleurs spécialistes français dans tous les domaines », dixit Christian Estrosi. Sa mission est d’aider la métropole à atteindre ses objectifs en matière de production de gaz à effet de serre, soit la neutralité carbone en 2050.
  • « La nouvelle commission regroupe des personnalités tout à fait respectables, mais on peut craindre que si leurs recommandations ne vont dans le sens de ce que veut Christian Estrosi, elles seront gentiment rangées dans un tiroir », craint de son côté l’élue ELLV Juliette Chesnel-Le Roux.

Le Conseil de métropole pour le climat est mort. Vive le Haut conseil local pour le climat et la biodiversité ? Installée ce lundi à Nice, cette nouvelle commission calquée sur le Haut conseil national initié par Emmanuel Macron et créée pour « orienter les décisions stratégiques » de la collectivité fera-t-elle mieux que son prédécesseur ? Lancée en 2019, la structure avait finalement été dissoute en décembre 2022, « n’ayant jamais donné de résultats concrets », avait dénoncé le collectif Citoyen06.

Le nouvel outil, qui fait appel à « dix-sept experts et scientifiques indépendants », selon la collectivité, serait « plus à même de répondre aux grands défis de l’accélération territoriale de la transition écologique ». Il devrait fonctionner main dans la main avec un « conseil de développement » déjà crée avec les acteurs socio-économiques et institutionnels, et une « convention citoyenne » regroupant 100 habitants.

L’opposition, elle, reste pour le moment circonspecte. « Le Conseil de métropole pour le climat s’est terminé avec quelques réunions qui ont un peu tourné en boucle et des ateliers qui n’ont rien donné, rappelle Juliette Chesnel-Le Roux, élue EELV, interrogée par 20 Minutes. La nouvelle commission regroupe des personnalités tout à fait respectables, mais on peut craindre que si leurs recommandations ne vont dans le sens de ce que veut Christian Estrosi, elles seront gentiment rangées dans un tiroir ». En attendant la publication d’un premier rapport, promis pour l’automne prochain par le maire et président de la métropole, 20 Minutes fait le point sur le mode de fonctionnement de ce Haut conseil local pour le climat et la biodiversité.

Quels experts ont été mobilisés ?

La métropole a voulu taper tous azimuts pour pouvoir respecter ses engagements en matière de production de gaz à effet de serre. Soit -22 % en 2026, -55 % d’ici 2030 et une neutralité carbone à l’horizon 2050. C’est pourquoi les « meilleurs spécialistes français dans tous les domaines » ont été appelés à la rescousse dixit Christian Estrosi.

Wolfgang Cramer, écologue et géographe (CNRS), Eric Daniel-Lacombe, architecte, urbaniste, Pascal Dassonville, directeur régional d’Enedis, le Pr. Patrick Fenichel, expert des perturbateurs endocriniens, Jean-Pierre Gattuso, océanologue, Philippe Grandcolas, chercheur en biologie de l’évolution de la biodiversité (CNRS), Nathalie Hilmi, auteur du Giec, Stéphane Linou, « spécialiste du rapport entre l’alimentation et la sécurité », Frédéric Marchand, sénateur, présenté comme un « spécialiste de l’agriculture et de l’alimentation », Pierre-Charles Maria, président d’Atmosud, Carlos Moreno, expert « villes, territoires de demain », Nicolas Peraudeau, économiste à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), Gabriel Plassat, cofondateur de La Fabrique des Mobilités, Damienne Provitolo, spécialiste des « risques, des aléas aux résiliences des territoires littoraux et urbanisés » (CNRS), Kalina Raskin, directrice générale du Centre d’études et d’expertises et biomimétisme (Ceebios), Magali Reghezza, géographe, et Nicola Viaux, directeur du Master 2 « Climat Risques Environnement et Santé » à l’Université Côte d’Azur ont répondu présents.


Christian Estrosi et neuf des dix-sept experts mobilisés, ce lundi
Christian Estrosi et neuf des dix-sept experts mobilisés, ce lundi - F. Binacchi / ANP / 20 Minutes

Comment ça va marcher ?

Dès le printemps, plusieurs groupes de travail commenceront à se réunir sur quatre différentes thématiques : « l’anticipation et la préparation aux évènements climatiques extrêmes », « la gestion des ressources », « l’aménagement durable du territoire et la protection de la biodiversité » et « la mobilisation et l’adhésion de la population et des acteurs locaux ». Après leur comité d’installation ce lundi, une nouvelle séance plénière du Haut conseil sera ensuite organisée « d’ici cet été ». Elle donnera lieu à un premier rapport sur « la stratégie d’adaptation du territoire face au réchauffement climatique et à l’érosion de la biodiversité » attendu en octobre. Juste à temps pour inscrire les premières mesures dans la préparation du budget 2024, assure la métropole.

« Nous sommes amenés à prendre des décisions, dont certaines sont ''impactantes'' pour nos concitoyens et nos activités. C’est pourquoi ces grands arbitrages feront l’objet d’une lecture et d’une aide à la décision du Haut conseil, notamment sur les questions de mobilité ou de rénovation énergétique des bâtiments par exemple. Les experts devront également être force de proposition », explique Christian Estrosi. « Nous allons émettre des avis scientifiquement étayés », précise Damienne Provitolo, qui se dit quand même consciente que « toutes [leurs] propositions ne pourront peut-être pas être suivies ».

Comment fonctionnera la « convention citoyenne » ?

Parallèlement aux travaux de ces experts, des habitants de la métropole devraient également être mis à contribution. « Nous organiserons en mars 2023 un tirage au sort à l’échelle de nos 51 communes, pour désigner 100 citoyens chargés de plancher tout au long de cette année et des suivantes sur nos stratégies environnementales, a fait savoir Christian Estrosi. Ils pourront être renouvelés tous les douze à dix-huit mois ». Juliette Chesnel-Le Roux craint de son côté que « ce ne soit que de la communication, comme toutes les instances qu’il met en place ». Premières réponses dans quelques mois.