Toulouse : C’est quoi ces vols nocturnes « basculants » qui rendent les riverains insomniaques ?
Bruit En cœur de nuit, le bruit généré par les avions de l’aéroport Toulouse-Blagnac a atteint son niveau d’avant Covid-19. Au grand dam des riverains qui ont les vols « basculants », c’est-à-dire en retard, dans le collimateur
- Pour les riverains de l’aéroport Toulouse-Blagnac, la pollution sonore nocturne a retrouvé son niveau d’avant Covid-19.
- Ils pointent notamment les avions en retard qui « mordent » sur le cœur de nuit pour repartir.
- Les habitants exposés estiment que la réduction des vols de nuit, expérimentée depuis une décennie, n’a pas porté ses fruits.
A quelque chose malheur est bon. Le Covid-19 avait offert aux riverains de l’Aéroport Toulouse-Blagnac (ATB) exposés au bruit des avions une parenthèse enchantée et reposante. Mais elle vient de se refermer. En particulier pour le « cœur de nuit », la période entre minuit et 6 heures du matin, pour laquelle les autorités et la plateforme aéroportuaire se sont engagées il y a dix ans à faire des efforts de réduction du trafic pour atténuer l’impact sanitaire sur les habitants.
« Nous assistons à un retour de la situation nocturne dégradée d’avant Covid, il est toujours impossible de dormir sous les couloirs aériens », déplore le Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT) à la lecture des chiffres de l’Observatoire Cœur de nuit livrés le 27 janvier par la direction générale de l'aviation civile et ATB pour la saison (aéronautique) de l’été 2022 qui s’étale en fait de début mars à fin octobre.
« Nous sommes de retour à des niveaux supérieurs ou égaux à 2019 pour Toulouse et le sud densément peuplé, et ce bien qu’il y ait moins d’avions », précise Jérôme Favrel, le spécialiste du collectif, qui pointe notamment l’utilisation de « très bruyants » Boeing 787-800.
Enfiler « les avions comme des perles »
Pour les riverains, la saison s’est traduite par 569 vols entre minuit et 6 heures, soit quatre en moyenne, et autant de réveils par nuit, et une dizaine concernant les gros pics. Mais il y a eu aussi 463 vols dits « basculants », contre 398 en 2018. Il s’agit des vols censés décoller entre 22 heures et minuit mais qui prennent du retard sur leur rotation et s’envolent au final en cœur de nuit.
« On enfile les avions comme des perles sur la plage 22 heures-minuit et ceux des compagnies low cost qui sont en retard mais doivent absolument redécoller - car leur modèle économique repose sur des rotations complètes - s’envolent en cœur de nuit », peste Chantal Demander, la présidente du CCNAAT. La militante anti-bruit suggère « une vigilance accrue et une programmation plus réaliste » voire tout bonnement « un arrêté préfectoral contraignant » pour la plage 23h30-minuit qui interdise aux avions qui ne sont pas dans les délais de redécoller. Joint par 20 Minutes sur ce point, ATB souhaite effectuer une « analyse plus poussée des chiffres » de l’Observatoire avant de s’exprimer.
Des efforts mais peut mieux faire
Quand elle tire le bilan d’une décennie du dispositif « Cœur de nuit », Chantal Demander concède « un effort louable » et récent pour le petit matin : désormais, les avions décollent vraiment après six heures et ne font plus chauffer leurs réacteurs un quart d’heure avant. Mais, globalement, elle reste très sévère. « La population soumise au bruit nocturne a augmenté de 72 %, assure-t-elle, c’est donc un échec et il faut revoir la copie.
La solution du collectif est bien connue. C’est d’instaurer un moratoire n’autorisant que les vols urgents ou officiels au milieu de la nuit. Comme à Orly depuis cinquante ans, à Bâle-Mulhouse depuis un an (mais où les vols basculants semblent persister), ou comme à Montréal où la maire vient d’annoncer la mesure pour 2024. « Et il faut arrêter de nous accuser de vouloir mettre à terre l’économie toulousaine. Sur l’été 2022, il y a eu en tout et pour tout deux vols d’essais d’Airbus », anticipe la riveraine.