Animaux 2.0 : Faut-il interdire l’élevage du Cavalier King Charles ou du bouledogue français ?

toujours malades Carlin, boxer ou encore bouledogue français… Ces races de chiens peuvent parfois souffrir de maladies graves et certains pays, comme la Norvège, en interdisent l’élevage pour « raisons de santé »

Suzana Nevenkic
Animaux 2.0 : Carlin, bulldog français, Cavalier King Charles, la France doit-elle interdire leur élevage ? — 20 Minutes
  • La Norvège a interdit l’élevage du bouledogue anglais et du Cavalier King Charles. Les Pays-Bas réfléchissent même à une interdiction de détention des chiens brachycéphales.
  • Lorsque les chiens sont hypertypes, c’est-à-dire avec un nez trop court, une tête trop petite ou encore beaucoup trop de plis, ils peuvent souffrir de maladies graves voire mortelles.
  • 20 Minutes a donné la parole, en vidéo, à une éleveuse de Cavaliers King Charles et à l’association de défense des animaux Peta. Regardez notre reportage vidéo en-tête d’article.

Le minuscule nez écrasé du bouledogue français vous fait craquer ? La petite tête du Cavalier King Charles vous rappelle celle d’un bambin ? Ces races de chiens plaisent aux Français et inondent nos réseaux sociaux mais ces caractéristiques physiques, poussées à l’extrême, peuvent avoir des conséquences sur leur santé.

L’année dernière la Norvège a interdit l’élevage de deux races : le bouledogue anglais et le Cavalier King Charles. Les Pays-Bas veulent même aller plus loin et réfléchissent à interdire la possession des chiens « brachycéphales ».

Un chien brachycéphale est caractérisé par un crâne court, un nez écrasé et des yeux globuleux. Parmi les races, on retrouve, entre autres, le bouledogue français, le boxer, le carlin, la Shar-peï ou le pékinois. Pour justifier l’interdiction de l’élevage de deux races, la Norvège a donc invoqué des raisons de santé. Alors est-ce que la France devrait faire pareil ? Regardez notre reportage vidéo en-tête d’article.

Maladies respiratoires et problème de cœur

Concernant les bouledogues anglais, il s’agit principalement de maladies respiratoires et pour les Cavaliers King Charles, de problèmes cardiaques mais aussi de la syringomyélie, un syndrome qui affecte la boîte crânienne et le cervelet des chiens.

« On se trompe de cible et on fait un amalgame entre les éleveurs et ce que j’appellerai les naisseurs » nous explique Alix, éleveuse de Cavaliers depuis plus de vingt-six ans. « Nous aimons nos chiens et nous suivons le standard de la race. D’autres n’ont comme seul but le profit ».

Le club de race du Cavalier King Charles a ainsi mis en place un protocole pour identifier les problèmes de cœur de l’animal. « À partir de dix-huit mois, et ensuite tous les dix-huit mois durant toute la vie, une échographie cardiaque est réalisée par un vétérinaire » décrit l’éleveuse. Une autorisation de reproduction est ainsi délivrée ou non.

Du côté des associations de défense des animaux, la décision de la Norvège est saluée. « C’est un pas dans la bonne direction et nous espérons que la France en fera autant », se félicite Marie-Morgane Jeanneau, porte-parole de Peta. L’association souhaite qu’une telle décision s’accompagne d’une interdiction de détention de l’animal pour lutter contre les importations étrangères et les usines à chiots mais aussi pour favoriser l’adoption en refuge.

Effet de mode sur les réseaux

Les vétérinaires estiment que, selon les races brachycéphales, entre la moitié et les 2/3 des chiens seraient des individus dits « sains ». La problématique de santé résiderait dans les chiens dits « hypertypés », c’est-à-dire avec des exagérations des caractéristiques anatomiques de la race. Des nez toujours plus courts, des têtes toujours plus petites et des animaux avec encore plus de plis.

« Il y a un effet de mode sur les réseaux mais aussi dans la pub et les séries télés » détaille la porte-parole de Peta. « Par exemple, Game of Thrones a lancé la mode du chien type loup. Mais ces animaux ont des besoins très spécifiques ». L’association regrette aussi le manque d’éducation du grand public concernant la santé des chiens hypertypes.

« Tout extrême est mauvais » approuve Alix, « nous avons des consignes précises de la Société centrale canine, en tant qu’éleveur et en tant que juge d’exposition pour lutter contre l’hypertype ». Les chiens doivent donc avoir les narines bien ouvertes et un museau pas trop court.


Alors faut-il que la France interdise l’élevage de certaines races brachycéphales ? Ou faut-il plutôt se concentrer sur les éleveurs qui favorisent uniquement les chiens hypertypés ?

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