Nantes : Des éoliennes, plus hautes que la Tour Bretagne, en ville ?
ENERGIE Le collectif citoyens Nanteol rêve de voir pousser deux voire trois éoliennes sur un terrain proche du boulevard de la Prairie de Mauves. Nantes métropole ne ferme pas la porte
- Depuis 2017, un collectif milite pour l’installation d’un petit parc éolien urbain et citoyen à Nantes.
- Il demande à la métropole la réalisation d’une étude de faisabilité sur le terrain qu’il a identifié, non loin du boulevard de la Prairie de Mauves.
Elles mesureront 150 mètres de haut, soit encore un peu plus que la tour Bretagne, et seront le « totem » d’un projet décrit comme « dingue, innovant et unique ». Réunis dans un collectif appelé Nanteol, des citoyens rêvent de voir pousser des éoliennes à Nantes, en pleine ville, comme il en existe déjà ailleurs en Europe. « On pense que les urbains doivent eux aussi faire leur part pour contribuer à la transition énergétique, assure Thomas Soulard, le président de cette association réunissant une trentaine d’adhérents, et 150 sympathisants. Ces éoliennes seront un nouveau marqueur, utile. On n’a pas peur de dire qu’elles vont se voir, c’est le but ! »
Si cet ingénieur ne parle pas au conditionnel, c’est qu’il croit dur comme fer en son projet, qui pourrait couvrir la consommation électrique de quelque 8.000 habitants. Né en 2017 après le grand débat sur la transition énergétique organisé par Nantes métropole, le collectif « apolitique » principalement composé de professionnels et passionnés d’énergies renouvelables assure d’ailleurs avoir trouvé le site idéal pour implanter deux, voire trois éoliennes.
« On sait que l’on aura de toute façon des oppositions »
« Nous avons pris en compte toutes les contraintes : les habitations [et notamment la distance minimale de 500 m], les routes, les lignes à haute tension… Et nous sommes arrivés sur cette zone à l’est de Nantes, située entre le boulevard de la Prairie-de-Mauves et la ligne de chemin de fer, détaille Jean-Claude Quinton, le secrétaire de l’association, qui se défend d’éventuelles nuisances. C’est une ancienne décharge, de l’espace aujourd’hui perdu. Personne ne vient s’y balader et il y a déjà l’usine d’incinération qui dépasse… »
A l’instar des projets de parcs éoliens citoyens qui émergent ces dernières années dans les territoires ruraux, Nanteol mise sur sa « solidité technique » et son « sens du dialogue » pour faire avancer le dossier et sensibiliser ses interlocuteurs, y compris les riverains. « On prône la politique de la douceur, explique-t-on. Il ne faut pas être trop vindicatif envers le public, car on sait que l’on aura de toute façon des oppositions. Des étudiants avaient mené une étude d’acceptabilité, avec 85 % d’opinions favorables. » Pour rassurer, ses membres rappellent aussi que l’initiative, dont le coût est estimé à 10 millions d’euros (dont 80 % en emprunt), sera 100 % publique et citoyenne, avec 700.000 euros à lever auprès d’habitants motivés, qui « resteront majoritaires ».
« On va pousser l’étude avec eux »
Mais le premier acteur à convaincre est pour le moment Nantes métropole, à qui Nanteol demande la réalisation d’une étude de faisabilité. « C’est un projet complexe. Ce serait intéressant que Nantes puisse montrer qu’on peut installer des éoliennes en ville », a récemment reconnu Tristan Riom (EELV), en charge de l’énergie à Nantes métropole, qui s’est fixée l’objectif de 100 % d’énergies renouvelables d’ici à 2050. « On va pousser l’étude avec eux, indique l’élu. C’est une solution ambitieuse mais ça ne suffirait évidemment pas pour répondre aux besoins de la ville. L’enjeu est beaucoup plus large. »
Sur ce site de la Prairie-de-Mauves, la métropole espère surtout voir pousser son projet de gigantesque « pôle d’écologie urbaine », qui comprend notamment l’extension de la déchetterie mais aussi la construction d’une plateforme pour le traitement des biodéchets ainsi que d’une station d’épuration. Avec une place pour les éoliennes de Nanteol ? Non loin de là, la collectivité doit aussi mener à bien la construction de la ZAC Doulon Gohards et ses 2.700 logements, qui récolte de vives oppositions.