ZFE à Bordeaux : « Pédagogie » et « accompagnement », la métropole veut avancer « progressivement »
MOBILITE Le président de Bordeaux Métropole Alain Anziani, confirme que seules les automobiles classées Crit’Air 4 et 5 devraient être concernées, à partir de 2025, par la Zone à faibles émissions (ZFE)
- La ZFE doit exclure progressivement de la circulation des grandes métropoles les véhicules les plus polluants, en application de la loi « Climat et Résilience ».
- Seuls les véhicules catégorisés Crit’Air 4 et 5 [c’est-à-dire les moteurs diesel d’avant 2006 et les essence d’avant 1997] devraient être concernés dans un premier temps, a annoncé ce mercredi le président de Bordeaux Métropole.
- « Cela ne concerne que 7 à 8 % du parc automobile en Gironde », assure Alain Anziani.
Le scénario « volontariste » un temps envisagé par la métropole de Bordeaux pour la mise en place d’une ZFE (Zone à faibles émissions), semble bel et bien enterré. Comme le laissait déjà entendre la vice-présidente en charge de la transition énergétique Claudine Bichet (EELV), en novembre dernier dans nos colonnes, seuls les véhicules catégorisés Crit’Air 4 et 5 [c’est-à-dire les moteurs diesel d’avant 2006 et les essence d’avant 1997] devraient être concernés dans un premier temps, a annoncé ce mercredi le président de Bordeaux métropole, Alain Anziani. Et uniquement à partir de 2025, après une marche à blanc en 2024.
« La grande question c’est : veut-on régénérer un phénomène comme les gilets jaunes ? » s’inquiète Alain Anziani. Le président de la métropole pense « aux habitants de Langon ou du nord de la Gironde qui n’ont pas les moyens de changer de véhicule » et à qui l’on va dire : « Vous ne pouvez plus entrer dans la métropole. »
Pour rappel, la ZFE doit exclure progressivement de la circulation des grandes métropoles les véhicules les plus polluants, en application de la loi « Climat et Résilience ». Plusieurs métropoles, comme Strasbourg et Toulouse, ont déjà commencé à en mettre en place sur leur territoire.
« Avancer sans peur »
Malgré la crainte d’un retour des « gilets jaunes », la métropole est toutefois contrainte par la loi de mettre en place une ZFE d’ici à 2025. Et Alain Anziani assure être convaincu du bien-fondé de cette mesure. « Je ne sais pas s’il y a 600 morts par an sur la métropole dus à la pollution, ce qui est certain c’est qu’il y a des morts dus à la pollution. Notre espérance de vie diminue également de deux à trois ans du fait de la pollution. C’est vraiment un enjeu de santé, au-delà d’être un enjeu de transition écologique, et il faut le faire dans l’intérêt de la population. Mais il faut qu’on arrive à l’expliquer. »
Le président de la métropole insiste donc sur le caractère « progressif » de la mesure. « Si on ne vise que les Crit’Air 4 et 5 dans un premier temps, pour une mise en application réelle en 2025, cela ne concerne que 7 à 8 % du parc automobile en Gironde. C’est important, et il faudra que l’on accompagne ces automobilistes dans le changement de leur véhicule, mais ce n’est pas non plus monstrueux. On doit pouvoir avancer sans peur sur cette voie. »
Les procès-verbaux dressés uniquement à partir de 2025
Les choix seront tranchés aux alentours du mois de juin, à l’issue de la concertation qui est en cours. « La seule décision prise pour le moment, c’est le périmètre – l’intrarocade, rappelle Alain Anziani. Pour le reste, on va certainement aller vers un scénario pédagogique, c’est-à-dire qu’en 2023 on fera de la concertation, en 2024 on mettra en place la ZFE, mais à blanc pour ne pas surprendre les habitants, et en 2025 nous appliquerons vraiment la mesure, avec des procès-verbaux à 68 euros qui seront dressés aux contrevenants. »
Et après ? « La vignette Crit’Air 3, on verra plus tard » balaie Alain Anziani. « Il faut surtout se pencher sur les mesures d’accompagnement » pour aider les automobilistes concernés à changer de véhicule. Selon les scénarios, celles-ci pourraient coûter « entre 40 et 100 millions d’euros. »
« Il faut aussi regarder les dérogations que l’on accorde, poursuit le président de la métropole. Faut-il aller aussi loin qu’à Toulouse, où ni les artisans ni les fournisseurs des commerçants ne sont concernés par la ZFE ? Cela fait beaucoup de monde quand même. Mais peut-être faut-il imaginer des pass pour les personnes qui se rendent rarement sur la métropole. Ce sera une grande affaire, il y a un risque de « gilets jaunes », mais je pense qu’on peut arriver à le dissiper… »