Changement climatique : Macron propose un « pacte de décarbonation » aux industriels les plus pollueurs

Effort Le président propose de doubler les aides publiques si des projets pour doubler les efforts sont identifiés

20 Minutes avec AFP
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Une carte des 50 sites les plus pollueurs doit être dressée pour permettre leur suivi.
Une carte des 50 sites les plus pollueurs doit être dressée pour permettre leur suivi. — Canva

Donnant-donnant. Emmanuel Macron a proposé, mardi, aux industriels français les plus émetteurs de CO2, qu’il a reçu à l’Elysée, un doublement de l’aide publique à 10 milliards d’euros. En échange, ces derniers vont devoir accélérer la cadence sur la décarbonation de leur activité. « Si des projets et des sites sont identifiés d’ici à 18 mois, si vous doublez vos efforts, si on arrive à passer des 10 millions de tonnes de CO2 évités à 20 millions instruits, nous doublerons les moyens consacrés à cet enjeu et passerons l’enveloppe de 5 à 10 milliards d’euros d’accompagnement », a lancé le chef de l’Etat aux industriels réunis à l’Elysée.

Ciment, aluminium, acier, engrais, sucre ou carburants : les dirigeants des cinquante sites industriels français les plus émetteurs de CO2, dont le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné, ont été reçus dans la salle des fêtes de l’Elysée. A eux seuls, ces 50 sites représentent 30.000 emplois et la moitié des émissions de l’industrie, soit 10 % des émissions du pays. « Le but c’est de diminuer par deux les émissions de gaz à effet de serre de ces sites en dix ans, donc d’enlever 5 % des émissions françaises », explique-t-on à l’Elysée.

Cinquante sites surveillés

Pour arriver à cet effort, le chef de l’Etat, tout juste de retour de la conférence mondiale sur le climat (COP27) à Charm el-Cheikh en Egypte, a aussi annoncé que le gouvernement allait dérouler une planification précise à six mois et dans les années à venir, « filière par filière ». Ce sont les sites sidérurgiques d’Arcelor Mittal à Dunkerque ou Fos-sur-Mer, les cimenteries de Vicat, Lafarge ou Calcia, des usines chimiques du Grand Est, de l’étang de Berre ou de Normandie, les fabricants d’engrais Yara ou Borealis, la verrerie d’Arcques, les raffineries d’ExxonMobil et TotalEnergies en Normandie, Air Liquide en région PACA, ou les sites de production de sucre de Tereos et Cristal Union dans le nord de la France qui sont visés.

« Nous mettrons en ligne la carte de France des 50 sites » les plus émetteurs de CO2 pour suivre les progrès, a promis Emmanuel Macron devant une carte de France géante montrant les émissions, où se distingue le nord de la France avec 12 millions de tonnes de CO2 émises, suivi par le bassin de Marseille-Fos avec un peu plus de 10 millions de tonnes de CO2, et l’embouchure de la Seine en Normandie. Les cinq milliards d’euros supplémentaires annoncés mardi s’ajoutent aux 5 milliards déjà prévus dans le plan France Relance pour la décarbonation de l’industrie.



Il faut « sous six mois que le gouvernement puisse présenter un plan pour intégrer » ces montants « dans les travaux de programmation pluriannuelle de l’énergie », a précisé le président. La planification devra se faire « par technologie », a-t-il dit en évoquant aussi bien l’hydrogène - qui sera utilisé notamment par la sidérurgie en remplacement du charbon –, le développement de la biomasse pour remplacer le gaz, l’électrification des ports maritimes et fluviaux pour l’acheminement des marchandises, ou la capture et la réutilisation du CO2. « La décarbonation c’est un des éléments qui doivent nous permettre à continuer de créer de l’emploi industriel », a aussi souligné le chef de l’Etat.