Sobriété énergétique : Les déchets pourraient produire plus d’énergie, plaident les entreprises
CIRCUITS COURTS Les déchets produisent pour le moment 4 % de la chaleur produite en France
Le traitement des déchets pourrait plus que doubler son apport actuel à l’approvisionnement énergétique de la France, sous réserve d’adaptations réglementaires, plaide la Fnade, fédération des entreprises du secteur. « Le monde des déchets doit se faire entendre car les urgences actuelles nous concernent : les déchets sont des ressources, locales et de grande valeur, qui peuvent générer de l’énergie », a souligné mardi devant la presse Antoine Bousseau, président de la Fnade (Fédération des activités de la dépollution et de l’environnement).
A ce jour, la valorisation énergétique des déchets génère environ 4 % de la chaleur produite en France. Le gaz issu des incinérateurs fournit ainsi 45 % de l’énergie alimentant les réseaux de chaleur urbains, soit 15 térawattheures (TWh). Alors que le pays entend fortement renforcer la capacité de ces réseaux, les entreprises de gestion des déchets estiment qu’elles pourraient passer à 25 TWh. Cela pourrait passer par l’essor des chaudières à « combustibles solides de récupération » (CSR, les déchets ne pouvant être recyclés), mais à condition que les soutiens publics soient adaptés pour que ces unités puissent produire de la chaleur mais aussi de l’électricité, et ainsi être plus rentables.
La question du biogaz
Le secteur insiste aussi sur le rôle du biogaz produit naturellement par les centres d’enfouissement. Aujourd’hui, la loi impose de capturer et traiter ce gaz, mais « il faudrait plutôt le réinjecter dans les réseaux », souligne la Fnade, qui y voit un potentiel de 3 TWh d’ici 2030. Par ailleurs, avec l’obligation de tri à la source des biodéchets, attendue pour début 2024 pour les ménages comme les entreprises, ce gisement pourrait fournir 3 TWh supplémentaires d’ici 2030.
Pour autant, le prix actuel de rachat de ce gaz ne permet pas aujourd’hui l’équilibre économique de ces installations. « Toutes ces énergies se substituent aux énergies fossiles, et on est prêt à accélérer », insiste Antoine Bousseau, dont la fédération voudrait notamment voir amender le projet de loi sur l’accélération des énergies renouvelables, que le Sénat doit commencer à étudier fin octobre. En matière de pollution, selon la Fnade, les déchets à l’incinération sont constitués d’environ 50 % d’éléments biogéniques (bois, papier, cartons…).