Sécheresse : Le constat inquiétant du parc national du Mercantour
BIODIVERSITE EN DANGER Le parc national du Mercantour, situé dans les Alpes-Maritimes, a vu, cet été, ses lacs et ses cours d’eau se dessécher, ses plantes faner et ses espèces perturbées
- La sécheresse qui touche la France est historique.
- Dans les Alpes-Maritimes, l’année hydrologique 2021-2022 est la plus sèche jamais observée.
- Des conséquences directes sur la faune et la flore sont observées au sein du parc national du Mercantour.
Météo-France l’a officialisé ce week-end. « L’année hydrologique, qui débute en septembre, 2021-2022 a été la plus sèche jamais observée dans les Alpes-Maritimes », avec 620 mm de précipitations en un an, soit 56 % de moins que les normales. Et les conséquences de cette sécheresse historique peuvent également être observées en montagne.
Dans le parc national du Mercantour, le niveau des lacs a baissé, parfois jusqu’à un mètre, « des zones humides sont asséchées, certaines sources sont déjà taries et le débit des torrents devient très faible », est-il écrit sur le site du parc. « On n’a jamais vu ça », s’exclame Emmanuel Gastaud, du service sensibilisation et valorisation du territoire du parc national du Mercantour. Et ces constats ne datent pas de l’été. « Déjà durant l’hiver, il y a eu peu de neige due au peu de précipitations, poursuit-il. Il y a eu alors une baisse générale du niveau d’eau des lacs. »
Le stress hydrique néfaste pour la flore et la faune
Le manque d’eau touche directement les populations des montagnes. Le parc national du Mercantour abrite 8.000 espèces différentes et plus de 40 % de la flore française pour qui l’absence de pluie a entraîné « un stress hydrique ». Le référent du parc national explique : « Pour n’importe quelle population, même les fleurs, le but de l’existence est de se reproduire et de perdurer. Et une fleur qui n’a pas d’eau, ne peut pas faire son fruit et fane. »
Olivier Bressac de Guides Tinée Mercantour, accompagnateur depuis huit ans, complète : « De manière générale, les plantes avaient cet été, un mois d’avance sur les floraisons. Par exemple, le génépi, qui peut être cueilli à partir du mois d’août, était déjà cramé mi-juillet. »
Même constat pour les animaux. « La faune aquatique pâtit de l’assèchement des lacs et se réduit, reprend Emmanuel Gastaud. Les grenouilles rousses par exemple, sont maintenant obligées de se déplacer et de trouver de nouveaux endroits pour se reproduire. »
Des « catastrophes » à venir
Des comportements qui se généraliseront d’ici la fin du siècle avec l’augmentation des températures de 2 °C à 5 °C que prédisent les dernières estimations climatiques. Ce qui veut dire qu’il faudra « monter 900 m supplémentaires en montagne pour retrouver la même température qu’avant, calcule le guide accompagnateur. Les espèces vont alors migrer vers le haut car la nature va essayer de trouver son équilibre. Mais si ces événements se répètent, les problématiques seront générales : pour la faune, la flore et pour nous, qui vivons en montagne. » Pour Emmanuel Gastaud, « on touche alors du doigt ce qui va nous arriver dans quelques années avec la disparition de certaines espèces. »
Et pour les sols, les conséquences sont également « catastrophiques » car, étant complètement secs, ils absorbent plus difficilement les pluies. Jeannine Blondel, bénévole à la Fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement (FNE) Paca, affirme : « Si des orages arrivent demain, ce sont des pans entiers de montagne qui vont tomber. »
Cet été, elle s’est personnellement « battue » pour limiter l’eau des douches sur les plages. Et des gestes, « chacun peut en faire » même « si on ne peut rien faire face à la nature », comme le souligne Emmanuel Gastaud. Il conclut : « Le constat est là, on ne peut plus rien faire. Mais chacun, à son niveau, subit et doit s’adapter pour faire des économies d’énergies. »
Pour en savoir davantage sur ces sujets, la FNE organise le 24 septembre à Saint-Laurent-du-Var des ateliers, des échanges et une table ronde pour sensibiliser et informer « le grand public » sur les « enseignements à retenir pour l’avenir de cette sécheresse 2022 ».