Incendies en Gironde : Non, le projet de centrale solaire Horizeo n'est pas la cause des feux
FAKE OFF Selon des internautes, le feu a été organisé afin de nettoyer proprement le terrain pour la future centrale solaire
- Les incendies ravagent la Gironde depuis le 12 juillet, du côté de La Teste-de-Buch et de Landiras.
- Selon des internautes, ils ont été allumés afin de faire de la place au projet Horizeo, une centrale solaire controversée.
- Mais ces différentes zones sont séparées de plusieurs dizaines de kilomètres, et aucun lien n’a été établi par les autorités.
Depuis quelques mois, le projet Horizeo a du mal à se faire une place dans le cœur des Girondins. Pour cause, la future plus grande centrale photovoltaïque d’Europe – dont les travaux commenceront d’ici à 2025 – doit s’installer sur plus de 1.000 hectares au milieu d’une forêt de pins. Son implantation entraînera par définition la déforestation de toute cette superficie.
Si Engie et Neom – les promoteurs du projet – cherchent des alternatives pour répondre aux inquiétudes des différentes consultations citoyennes, l'installation d'Horizeo semble compliquée. De quoi laisser certains internautes imaginer une corrélation avec les récents incendies survenus dans le département. Selon eux, les feux auraient été déclenchés afin de « résoudre proprement » la destruction de ces milliers d’arbres.
FAKE OFF
Depuis le 12 juillet, plusieurs incendies ont embrasé la Gironde. Deux zones ont été particulièrement touchées : La Teste-de-Buch et Landiras. Le projet photovoltaïque Horizeo, lui, se situe à Saucats. Si les trois villes se trouvent bien dans le département de la Gironde, elles ne sont pas à proprement parler proches. Trente et cinquante kilomètres séparent respectivement Saucats de Landiras et de La Teste-de-Buch. La zone de Saucats, elle, n’a pas été touchée par les flammes.
Qu’en est-il de l’origine de ces incendies ? Dans le secteur de La Teste-de-Buch, elle est désormais officielle. Une camionnette en panne a pris feu au bord d’une route forestière, selon le parquet de Bordeaux. « La panne subite a affecté le véhicule, le conducteur est descendu et s’est aperçu que des flammes se développaient sous la benne. Il a immédiatement alerté les pompiers mais le feu, hors de contrôle, s’est rapidement propagé », a-t-il expliqué dans un communiqué.
Du côté de Landiras, une enquête est toujours en cours. Vendredi, le parquet de Bordeaux a ouvert une information judiciaire. Plus tôt dans la semaine, un homme avait été placé en garde à vue. Suspecté d’avoir allumé le feu, l’homme a finalement été libéré. D’après le parquet, les premiers éléments de l’enquête révèlent pour le moment « un acte volontairement malveillant ».
« Un projet financier joliment décoré de vert »
Ce projet Horizeo, le collectif Horizons forêt n’en veut pas… mais pas de là à imaginer un tel scénario. « Dans ce cas-là, ils l’auraient allumé bien plus près de Saucats », ironise Marlène Coulomb, l’une des bénévoles de l’association qui lutte contre l’installation de la centrale solaire. Mais qu’est-il reproché à ce futur site ? « Cela nous paraît aberrant de vouloir installer des panneaux photovoltaïques en lieu et place de la forêt. C’est opposer deux choses indispensables à la transition énergétique : la forêt et les énergies renouvelables », pointe du doigt la riveraine. Selon cette dernière, Horizeo, « n’est qu’un projet financier joliment décoré de vert ».
En marge de ces incendies en Gironde, l’association alerte d’ailleurs sur les limites du projet. « Avec cette centrale, nous voyons bien qu’on rajoute un risque incendie sur un risque qui existe déjà », s’inquiète Marlène Coulomb. Les batteries au lithium, composantes des panneaux photovoltaïques, seraient, selon l’association, facilement inflammables et plus dures à éteindre pour les pompiers.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule crainte de Horizon forêt, qui interpelle les pouvoirs publics sur les risques menaçant la biodiversité et les répercussions au niveau local, notamment hydrauliques. A l’avenir, Horizon forêt promet de ne pas baisser les bras et espère voir le projet disparaître. « Mais trop d’argent a déjà été mis sur la table », regrette Marlène Coulomb.
Pour répondre à ces questions, 20 Minutes a joint à plusieurs reprises Engie, qui n’avait pas répondu à nos sollicitations à l’heure de publier cet article.