Bretagne : La justice interdit encore l’abattage de milliers de choucas
ENVIRONNEMENT Le tribunal administratif de Rennes a suspendu les arrêtés pris par trois préfets autorisant l’abattage de milliers de corvidés dans la région
- Le tribunal administratif a suspendu l’arrêté pris par trois préfets en Bretagne autorisant l’abattage d’environ 25.000 choucas des tours.
- Cette espèce protégée est accusée par les agriculteurs de causer des ravages dans les cultures.
- Les associations One Voice et Crow Life, qui avaient saisi le tribunal administratif, crient victoire.
Des milliers de choucas des tours vont avoir la vie sauve en Bretagne. Saisi par les associations One Voice et Crow Life, le tribunal administratif de Rennes a suspendu l’exécution des arrêtés pris par les préfets du Finistère, du Morbihan et des Côtes-d’Armor autorisant l’abattage d’environ 25.000 oiseaux dans ces trois départements. Souvent confondus avec le corbeau ou la corbeille noire, les choucas, espèce protégée depuis 1989, sont accusés de faire des ravages dans les cultures, occasionnant des pertes financières très importantes pour les agriculteurs.
Dans sa décision rendue ce mardi, le tribunal administratif émet des doutes sur la légalité des arrêtés, estimant qu’ils ne précisent « pas l’importance, l’étendue et la localisation des dommages subis par les exploitations agricoles et imputés aux choucas des tours ». Accusés de tous les maux par les agriculteurs, les choucas ont également bon dos selon la justice. Le tribunal administratif estime en effet que les préfets n’apportent dans leurs arrêtés « aucun élément permettant d’établir avec certitude que l’espèce des choucas des tours opère une prédation de grande importance sur les cultures, notamment de maïs et de blé, et que les dégâts constatés et déclarés leur sont exclusivement ou à tout le moins principalement imputables ».
Des solutions alternatives à mettre en place
La justice ajoute enfin « qu’aucune technique alternative visant à limiter le risque de prédation des cultures » n’a été mise en œuvre par les agriculteurs pour éviter l’abattage. Une enquête, commandée par la Dreal à l’université Rennes 1 et qui vient tout juste d’être publiée, préconise ainsi pour limiter l’expansion de l’espèce en Bretagne de « limiter l’accès aux sites de nidification » en obstruant par exemple les cheminées. L’étude évoque aussi l’enjeu pour les agriculteurs de limiter l’accès des choucas à la nourriture. Cela passe par une plus grande fermeture des bâtiments agricoles ou par un changement des pratiques comme « un ajustement des méthodes de semis ».
À la suite de la décision du tribunal administratif de Rennes, l’association One Voice évoque dans un communiqué sa « joie » et son « soulagement ». « Après des années de tirs renouvelés sur les choucas pour des raisons fallacieuses, nous nous réjouissons qu’une fois encore les arguments des préfectures ne cherchant pas de solutions respectueuses des animaux, soient mis en défaut grâce à nos procédures », indique-t-elle. En décembre, le tribunal administratif avait déjà donné raison à la Ligue de protection des oiseaux en retoquant l’arrêté du préfet des Côtes-d’Armor autorisant l’abattage de 8.000 choucas des tours.