Lunel : La nuit, un fauconnier lâche des buses pour filer la trouille aux pigeons
INVASION L'opération a débuté dans la nuit de lundi à mardi
- A Lunel, cette semaine, à la nuit tombée, des fauconniers vont effaroucher les pigeons, en lâchant des buses vers les abris où ils ont leurs habitudes.
- Une fois lancées, les buses vont capturer certains pigeons, et effrayer leurs congénères, qui vont s’envoler. L’opération va durer jusqu’à la fin de la semaine.
- Pour contrôler, « à plus long terme », la population de pigeons qui se la coule douce à Lunel, la commune planche aussi sur la réduction des abris qu’ils affectionnent.
Cette nuit a débuté un étrange ballet, dans le ciel de Lunel (Hérault). Le centre de la capitale de la Petite Camargue a été plongé dans le noir, et des fauconniers ont lâché leurs majestueux volatiles. Ce n’est pas un spectacle, mais une intervention très sérieuse, pensée pour réguler la colonie de pigeons, qui squatte le centre-ville.
Car à Lunel, comme ailleurs, l’espèce, particulièrement invasive, s’en donne à cœur joie. Nuisances sonores et olfactives, maladies… Sans compter les fientes, bien sûr, qui décorent les pas-de-porte des habitants et les devantures de commerçants. « C’est très désagréable, pointe Paulette Gougeon (sans étiquette), élue chargée des services techniques à Lunel. Lorsque vous mangez dans un restaurant, vous ne savez pas trop si vous allez vous faire décorer… Et lorsque l’on fait des manifestations, dans le parc, on se demande toujours où est-ce que l’on doit mettre les tentes, pour être protégé. »
Une « bioprédation »
Depuis la nuit dernière, quand le soleil est couché, une équipe de fauconniers lâche ainsi des buses de Harris, une espèce originaire d’Amérique latine, vers des abris où les pigeons ont leurs habitudes. « C’est ce que l’on appelle une "bioprédation", c’est-à-dire le fait de faire appel à un prédateur naturel pour faire peur à une proie », explique Christophe Puzin, l’un des fauconniers les plus demandés en France, mais aussi en Europe. Il intervient dans des communes, comme Lunel, mais aussi des supermarchés, des hôtels de luxe, ou dans des stades, où ses buses effraient les pigeons pour ne pas qu’ils picorent les graines des pelouses fraîchement plantées.
A Lunel, « ce n’est pas un lâcher de buses sur la ville, c’est très, très ciblé », rassure, toutefois, le fauconnier. Une fois lancées, les buses vont capturer certains pigeons, et effrayer leurs congénères, qui vont s’envoler. Puis elles vont retrouver leurs maîtres, qui vont leur donner une récompense, et cacher discrètement leurs proies, histoire qu’elles aient envie d’y retourner. « Le lendemain, les pigeons vont revenir, note Christophe Puzin. Mais, ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’à nouveau, un prédateur sera là. Sur plusieurs jours consécutifs, on dissuade les pigeons de venir dormir à ces endroits. » Car l’espèce « n’a pas forcément peur longtemps d’un prédateur ».
L’opération doit durer jusqu’à la nuit de jeudi à vendredi. Pour contrôler, « à plus long terme », la population de pigeons qui se la coule douce à Lunel, la commune planche aussi sur l’identification et la réduction des abris qu’ils affectionnent. « Sans pour autant être agressif », promet Paulette Gougeon, l’élue aux services techniques. Car l’idée n’est pas de mettre à mal la biodiversité et d’exterminer les pigeons, dans le centre-ville de Lunel, mais bel et bien de réguler une espèce particulièrement invasive.