Bordeaux : La ville veut tripler sa production de fruits et légumes d’ici à 2025

ALIMENTATION La municipalité EELV veut à la fois multiplier les projets nourriciers sur son périmètre et favoriser les projets de maraîchage sur les communes voisines

Elsa Provenzano
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Fruits et légumes. (Illustration)
Fruits et légumes. (Illustration) — congerdesign / Pixabay
  • La ville de Bordeaux veut développer les projets de potagers urbains partout où cela est possible.
  • Elle travaille avec la métropole pour développer la ceinture maraîchère de Bordeaux.
  • Elle considère le marché d’intérêt national de Brienne comme un outil indispensable pour réorienter les productions vers les circuits courts.

Végétaliser la ville tout en pensant à l’alimentation de ses habitants, c’est la volonté affichée par la municipalité écologiste bordelaise, qui a présenté son projet ce mardi en conseil municipal. Mais question surface agricole, on reste un peu sur sa faim sur le périmètre municipal puisqu’on compte seulement 61 hectares de surface productive utile alors qu’il faudrait 829 hectares pour répondre aux besoins alimentaires (fruits et légumes) des habitants, selon un diagnostic réalisé par la ville elle-même, en 2021.

Dans ce contexte, elle ne vise pas l’autonomie alimentaire mais entend mettre à profit chaque parcelle ou bout de jardin disponible, tout en travaillant à plus grande échelle avec la métropole, le département et la région sur le sujet de l’agriculture urbaine.

Des potagers urbains à multiplier

« L’idée est de multiplier a minima par trois notre production de fruits et légumes sur la ville de Bordeaux, explique Eve Demange, adjointe chargée de la résilience alimentaire à la ville de Bordeaux. On a commencé avec le maraîcher du Haillan (4 hectares) , on a aussi permis le maintien des jardins nourriciers des Aubiers qui auraient dû être rasés ». Pour donner l’exemple, tous les parcs et jardins publics vont devenir nourriciers. Les jardins de l’hôtel de ville ont servi de « potagers-tests » et les résultats concernant la présence d’éventuels résidus de polluants permettent de dire qu’ils sont consommables sans problème.

La ville se donne jusqu’à la fin du mandat pour créer un jardin partagé par quartier. Elle va aussi lancer un appel à manifestation d’intérêt (AMI) cette année pour recruter un maraîcher qui sera en charge de deux « quartiers du goût », soit des espaces productifs de 2.000 à 4.000 m2 dans les quartiers du Grand Parc et de la Benauge. Une ferme urbaine suspendue doit voir le jour  sur le toît de la base sous-marine.

Des études complémentaires sur les sols de la Jallère (14 hectares) sont en cours pour qu’un projet agroécologique puisse y prendre racine, cette fois sur une surface assez conséquente. Pour encourager les Bordelais qui ont des jardins à mettre les mains dans la terre, des ateliers gratuits seront proposés dans les quartiers.

Redonner vie à la ceinture maraîchère de la métropole

Pour aller plus loin, la ville travaille main dans la main avec la métropole, pour réfléchir à l’installation de maraîchage à l’extérieur de la ville centre, sur des communes mieux dotées en foncier agricole. Aujourd’hui, il subsiste une activité maraîchère à Eysines qui a été bien plus florissante. La question de la vocation agricole est aussi un enjeu dans ce contexte, et alors même que beaucoup d’agriculteurs vont partir à la retraite dans les prochaines années.

Sans viser l’autonomie alimentaire, la ville revendique de se saisir du sujet de la résilience alimentaire, qui consiste à « traverser des chocs comme les sécheresses, tempêtes, guerres etc. en continuant à nourrir la population avec une nourriture saine et de qualité », précise Eve Demange. A l’autre bout de la chaîne, l’idée est de favoriser les circuits courts en utilisant le marché d’intérêt national (MIN) de Brienne (marché de gros pour les opérateurs de la filière agroalimentaire) comme pivot d’une réorganisation. Actuellement 87 % des Bordelais font leurs courses en grandes surfaces quand seulement 20 % achètent fréquemment via des circuits courts.

« On a une énorme marge de progression quand on sait que certains [producteurs locaux] mettent leurs productions dans des camions qui montent à Rungis par exemple, pointe Eve Demange. Il faut réorganiser nos circuits pour que cela puisse profiter à Bordeaux, mais aussi à toute la métropole et aux territoires alentour. »