Lyon : La prolifération des sangliers en milieu urbain, une question d’adaptation d’une « espèce invasive »
SANGLIERS Les sangliers sont de plus en plus nombreux dans la métropole lyonnaise. Leur forte capacité d’adaptation leur permet de se développer facilement et de s’aventurer dans les zones urbaines
- Grands reproducteurs, les sangliers ne cessent de croître à Lyon, jusqu'à envahir certaines villes de la Métropole. Un phénomène également observé dans la plupart des régions françaises.
- Si ce mammifère se développe si rapidement, c’est parce qu’il peut facilement s’adapter et qu’il a su développer des capacités cognitives importantes.
- Pour lutter contre la prolifération des sangliers, leur chasse serait une solution, mais avec des quotas pour que les chasseurs ne risquent pas de perdre l’un de leurs gibiers favoris.
Présents dans tous les départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes, les sangliers ne cessent de croître en nombre. Un phénomène qui s’accompagne d’une urbanisation de cette espèce : en d’autres termes, le sanglier s’invite dans nos villes. Une transition démographique qu’explique Jean-Michel Gaillard, directeur de recherche au CNRS : « Le sanglier a un fonctionnement démographique totalement différent des autres animaux de taille comparable. Une laie produit cinq jeunes en moyenne par an, alors qu’une chevrette n’en produit que deux au mieux. On a donc une différence marquée de pouvoir colonisateur en faveur du sanglier. »
Un animal qui s’adapte aux contraintes
Pour Jean-Michel Gaillard, qui a étudié et analysé les données disponibles sur le sanglier au Laboratoire de biométrie et biologie évolutive de Lyon, celui-ci a une excellente « capacité de réponse aux contraintes environnementales ». Malgré les changements climatiques, ce mammifère omnivore peut « varier son régime alimentaire ». Cette espèce forestière, qui se nourrit essentiellement de glands et autres fruits de la forêt, dispose même d’un avantage. Avec la hausse des températures au mois d’avril, la quantité de pollen augmente, et les chênes et les hêtres produisent plus de glands. Une situation parfaite pour que les sangliers se reproduisent avec succès.
Pour autant, s’ils viennent à manquer de nourriture, ils n’hésiteront pas à venir en chercher ailleurs. « Les sangliers ont des capacités cognitives importantes, et ils finissent par apprendre qu’entrer dans un parc en ville, ce n’est pas si dangereux, explique Jean-Michel Gaillard. Ils s’adaptent et colonisent ces lieux assez facilement. »
Mais ils sont aussi capables de répondre à d’autres contraintes, comme la chasse. Selon l’OFB (Office français de la biodiversité), 95 % des sangliers ne dépassent pas les 3 ans. En conséquence, « le sanglier répond en se reproduisant plus tôt et en augmentant les tailles de ses portées », développe Jean-Michel Gaillard. Ils peuvent alors « se reproduire dès 1 an ».
Trouver des solutions
Lutter contre la prolifération des sangliers n’est pas évident. La chasse pourrait être une solution. Mais si la législation n’impose pas de quota, contrairement aux chevreuils et aux cerfs, les chasseurs, eux, s’en imposent : « Ils veulent chasser beaucoup de sangliers, mais ils veulent être sûrs de pouvoir en chasser encore à l’avenir », précise Jean-Michel Gaillard.
Selon lui, si le nombre de sangliers diminue grâce à la chasse, le problème sera plus simple à résoudre. Partant d’un même taux de reproduction, un groupe de sangliers se développera moins rapidement qu’un autre s’ils sont moins nombreux.