Espace : Pourquoi la nouvelle génération de satellites météo va tout déchirer
ATMOSPHERE, ATMOSPHERE Pour la fiabilité des prévisions comme pour l’étude du réchauffement climatique, la nouvelle génération de satellites météo européens, dotée d’un sondeur d’atmosphère dernier cri, est annoncée deux fois plus performante
- Le tout premier des six satellites météo européens de seconde génération doit être lancé fin 2024.
- Il sera doté de sondeur d’atmosphère ultra-performant, mis au point par le Cnes et construit par Airbus.
- Cet instrument doit permettre des prévisions météo plus fiables, de fournir aux scientifiques des données précises et de long terme sur le changement climatique, et de mieux détecter les molécules polluantes.
Les mauvaises langues se réjouiront de bulletins météo plus précis. Les scientifiques et prévisionnistes, eux, s’enthousiasment carrément. Le tout premier des satellites météo européens défilants (en orbite polaire) de seconde génération, MetOp-SG de son petit nom, est en cours d’assemblage dans les salles blanches d’Airbus Defence & Space (ADS) et doit être lancé « en octobre ou novembre 2024 ». Non plus par un lanceur russe Soyouz, mais par une Ariane 6, vu le nouveau contexte international.
« Il constituera une des missions les plus précises jamais lancées sur l’étude de l’atmosphère », assure Cyril Crevoisier, directeur de recherches CNRS au sein du Laboratoire de météorologie dynamique (LMB) de Toulouse. Car, tout en utilisant les mêmes techniques infrarouges pour sonder l’atmosphère, « un domaine où les Français excellent », il est annoncé tout simplement « deux fois plus performant » et précis que la première vague de satellites. Notamment grâce à la nouvelle génération (NG) de son instrument principal – IASI, pour interféromètre atmosphérique de sondage dans l’infrarouge – « un bijou de technologies » mis au point par les ingénieurs du CNES et d’Airbus, et en cours d’intégration chez ADS à Toulouse.
Embarqué sur le satellite, IASI-NG va permettre de sonder l’intégralité de l’atmosphère de la Terre deux fois par 24 heures, de haut en bas, par bandes de 2.400 km de long et de 100 km de large. « A travers la fourniture de paramètres comme des colonnes de températures ou de vapeur d’eau, il va nourrir les modèles de prévisions de Météo-France et les améliorer à plusieurs jours », souligne François Bermudo, chargé du projet au CNES. Mais l’instrument sera aussi capable de traquer plus finement des molécules atmosphériques polluantes. « Comme l’ammoniac en cas d’incendie industriel », indique Cathy Clerbaux, du Laboratoire atmosphères, observations spatiales (Latmos). Ou encore les cendres lors d’éruptions volcaniques.
En sommeil pendant 15 ans
Quant aux climatologues comme Cyril Crevoisier, ils pourront étudier le changement climatique sur le long terme, à l’aide de signaux de température « extrêmement faibles, parfois de l’ordre du centième de degré ». « Depuis le lancement du premier IASI en 2006 jusqu’au dernier IASI-NG prévu en 2038, on aura un programme de 50 ans d’observation de l’atmosphère avec le même type d’instrument. Donc une homogénéité des données », explique le chercheur.
Au-delà des performances attendues, le IASI-NG a cette originalité qu’il sera produit coup sur coup en trois exemplaires, pour trois des satellites MetOp de seconde génération opérés par l’Organisation européenne pour l’exploitation des satellites météorologiques (Eumetsat). Le dernier instrument va donc dormir 15 ans en attendant son envol.