Méditerranée : Une société lance un service de transport de passagers à la voile Corse-Continent

BELLE AVENTURE Sailcoop transportera ses premiers passagers le 6 mai prochain pour un Toulon – Calvi à bord d’un monocoque de 15 mètres. Il faudra pour ça compter une petite vingtaine d’heures de traversée. Cet automne, Sailcoop se déploiera vers les Antilles

Alexandre Vella
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Sailcoop lance son service de transport de passager à la voile entre Toulon et la Corse (Illustration)
Sailcoop lance son service de transport de passager à la voile entre Toulon et la Corse (Illustration) — ROMUALD MEIGNEUX/SIPA
  • Une société lance le 6 mai un service de transport de passagers à la voile entre le Continent et la Corse.
  • Il faudra débourser 180 euros pour une traversée d’une petite vingtaine d’heures.
  • Le voilier de 15 mètres de long peut embarquer jusqu’à 10 passagers et effectuera l’hiver des rotations vers les Antilles.

Régulièrement, nous nous faisons l'écho de la pollution atmosphérique issue des navires de croisières en Méditerranée. Moins des alternatives possibles à ceux-ci. Une société coopérative, Sailcoop, inaugure ce 6 mai le transport de passagers à la voile entre la Corse et le continent, entre Toulon et Calvi en Corse. Une idée qui a germé voilà deux ans dans la tête de Maxime de Rostolan, entrepreneur qui n’est pas à son premier coup d’essai dans le domaine de l’écologie.

« La veille de mes 40 ans [il en a 41 aujourd’hui], je me suis mis à faire sur les réseaux un post par jour reprenant une idée d’entreprise que j’avais eue, mais que je n’avais pas montée », rembobine Maxime. Et dans le lot, figurait cette idée de transport de passagers à la voile qui a bien pris. « Rapidement, des personnes intéressées m’ont contacté ». Maxime, qui indique « ne plus prendre l’avion depuis 8 ans », ne voulait plus convaincre d’en faire de même « sans proposer d’alternative ». Lui-même a déjà une expérience des voyages en voiliers puisqu’il a réalisé un tour du monde il y a 15 ans.

Peu après avoir suscité l’intérêt sur les réseaux, une équipe solide se constitue. Parmi eux, Arthur Le Vaillant, coureur professionnel, (notamment 2e de la transat Jacques Vabre en 2017), Grégoire Théry, anciennement chez Towt, société bretonne qui a lancé la construction d’un cargo à voile, ou encore Yann Royer, ancien directeur adjoint du port du Crouesty.

La Corse l’été, les Antilles l’hiver

« Nos bateaux peuvent embarquer jusqu’à 10 passagers, en cabine simple ou double, accompagné d’un skipper et d’un matelot, car la législation impose des quarts [rotation] de 14 heures maximum et la traversée dure entre 20 et 24 heures, selon les conditions », explique Yann. Les conditions météo, voilà un aléa bien méditerranéen. Pour ça, Sailcoop compte dans son équipe un préparateur de voilier et analyste météo. « L’idée est de donner aux passagers une première tendance à J-4 et de confirmer le voyage à J-2. Nous sommes aussi en train de voir pour un partenariat avec une compagnie maritime afin d’assurer les traversées pour les passagers qui ne peuvent pas décaler si les conditions météo sont trop fortes », poursuit Yann.

Pour l’heure, cette jeune société a acquis un premier voilier de 50 pieds et prospecte pour en acheter deux ou trois autres. Avec l’idée d’avoir une rotation saisonnière : l’été en Méditerranée et proposer l’hiver des transatlantiques vers les Antilles. Au-delà d’offrir un simple transport de passager, Sailcoop entend « faire vivre une expérience » en permettant aux voyageurs « de participer aux manœuvres et à la vie à bord ».

Au niveau juridique, quelques équipements spécifiques sont imposés dans les voiliers de transport de passagers, comme disposer d’un téléphone satellite et d’outils de réceptions météo. Et si le vent venait à manquer, reste la possibilité d’avancer au moteur avec une consommation d’environ 4 litres à l’heure. « Mais les bulles sans vent sont plutôt rares, généralement proches des côtes et pas plus large qu’une dizaine de miles (approximativement 20 km) », détaille Yann Royer.

La place pour une traversée Corse-Continent coûte 180 euros, repas inclus. Avec la promesse d’une expérience à bien des égards inoubliable. Rares sont les occasions dans une vie de se trouver sans terre à l’horizon, et de contempler la nuit un ciel sans pollution lumineuse ni autres bruits que celui d’une étrave qui fend la mer, d’une écoute qui se tend et du souffle du vent dans les voiles.