Nord : Pourquoi une mouette est devenue l’attraction d’une plage et pourrait annuler un projet d'éoliennes offshore
ANIMAUX Le séjour d’une mouette très rare venue de l’Arctique provoque l’engouement sur une plage du Nord et risque, peut-être, de perturber un projet d’éoliennes en mer
- Depuis une semaine, la présence d’une mouette très rare, venue de l’Arctique, est l’attraction de la plage de Leffrincoucke, près de Dunkerque, dans le Nord.
- La particularité de l’oiseau est qu’il ne craint pas l’homme et qu’il se laisse facilement approcher.
- Cette mouette protégée donne un argument supplémentaire aux opposants au projet d’éoliennes au large de Dunkerque.
Depuis une semaine, c’est l’attraction de la plage de Leffrincoucke, près de Dunkerque, dans le Nord. Dimanche, une centaine de paparazzis étaient encore de sortie avec leurs appareils photos pour tenter d’apercevoir… une mouette. Mais pas n’importe laquelle. L’oiseau, qui a trouvé refuge sur les côtes nordistes, est une mouette de Ross, extrêmement rare dans nos contrées.
A peine la nouvelle de sa présence a-t-elle été connue que des naturalistes de toute la France – voire de Belgique et des Pays-Bas – ont déboulé dans la petite commune balnéaire. Et cette découverte risque d’ajouter un élément dans le dossier des opposants au projet d’éoliennes offshore, au large de Dunkerque.
« Je ne m’attendais pas à un tel engouement »
« Quand j’ai partagé ma découverte sur les réseaux sociaux, je ne m’attendais pas à un tel engouement. » Claire Mariani est une naturaliste débutante qui apprend l’observation des oiseaux, depuis deux ans, au sein du Groupe ornithologiste et naturaliste du Nord (GON). Au cours d’une séance d’observation sur la plage de Leffrincoucke, lundi dernier, elle bloque sur une drôle de petite mouette qu’elle ne connaît pas.
« Je l’ai prise en photo et j’ai cherché son nom, avant d’envoyer un message aux réseaux d’ornithologues, raconte-t-elle à 20 Minutes. Et là, j’ai compris l’ampleur de la découverte. J’ai reçu des messages de partout pour venir la voir. En fait, j’ai eu beaucoup de chance de tomber sur cette espèce. »
En France, on ne compte qu’une dizaine d’observations de cette mouette venue de l’Arctique. La dernière datait de 2014. Et dans le Nord, l’oiseau n’a été aperçu que deux fois, en 2000 et 2004. Toute la semaine, à Leffrincoucke, il suffisait, cette fois, de suivre les longues-vues pour le repérer.
« Elle n’a pas peur de l’homme »
« C’est une jeune mouette qui s’est sans doute un peu paumée, souligne Vincent Gavériaux, naturaliste au GON. Elle est originaire du Canada, du Groenland ou de Sibérie, dans des contrées où elle ne rencontre jamais l’homme. C’est pourquoi elle n’en a pas peur et se laisse facilement approcher, contrairement aux mouettes habituelles. »
Cette particularité aiguise donc la curiosité des passants et donne lieu à des scènes cocasses. « Elle s’est déjà liée d’amitié avec un pêcheur à pied, plaisante Vincent Gavérieux. Il lui jette des crevettes et des vers de vase, ça lui évite d’avoir à chercher de la nourriture et ça pourrait l’inciter à rester un peu plus longtemps sous nos latitudes. »
Couloir unique au monde pour la migration
Mais au-delà de l’anecdote, la présence de cette mouette de Ross va donner un nouvel argument contre l’implantation d’éoliennes offshore au large de Dunkerque. « Cet oiseau rare et protégé est un élément supplémentaire dans le dossier, assure l’association Vent Debout qui milite contre le projet. On sait que l’endroit où les éoliennes doivent être construites est un couloir exceptionnel et unique au monde pour la migration des oiseaux. En voilà une nouvelle preuve. »
Ce projet d'éoliennes en mer sur un site protégé Natura 2000 a été lancé en 2016. L’étude d’impact est encore en cours et, selon nos informations, l’enquête publique doit avoir lieu fin 2022.