Marseille : Un mois après les intempéries, « il reste encore tous les petits trucs merdiques dans la mer, les emballages, les plastiques »

EPLUCHURES BEACH Un mois après, les stigmates de la pollution marine provoquée par les intempéries à Marseille interrogent

Mathilde Ceilles
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Eric Akopian de l'association Clean My Calanques
Eric Akopian de l'association Clean My Calanques — Mathide Ceilles / 20 Minutes
  • Des tonnes de déchets se sont déversées dans les eaux de la Méditerranée il y a un mois, au large de Marseille.
  • Depuis, les déchets continuent d’arriver sur le rivage, mais la plus grosse partie de la pollution serait invisible.

C’était il y a un mois. D’importantes pluies tombaient sur Marseille, drainant dans leurs sillages à la mer les tonnes de déchets au sol en raison de la grève de ramassage des ordures. Un mois après, la préfecture maritime de la Méditerranée indique avoir « diligenté des missions de reconnaissance en mer le long du littoral des Bouches-du-Rhône​ par voie aérienne ». Et affirme : « Rien n’a été signalé laissant penser à une continuité de pollution à l’issue des intempéries du mois dernier au large de Marseille. Il apparaît qu’un travail important a été réalisé sur le littoral pour ramasser les déchets. Il n’y a pas eu d’autres sources de pollution à ce stade sur ce secteur. »

Sur la plage de l’Huveaune, au sud de Marseille, l’heure n’est pourtant pas au satisfecit pour Eric Akopian. « Regardez, là ! Il reste tous les petits trucs merdiques, les morceaux de plastique, les polyesters, les mégots, soupire le fondateur de l’association Clean my Calanques. C’était obligé. » Il enjambe les emballages en tous genres et les gobelets en plastique qui jonchent le sol, au point de faire de cette plage un véritable dépotoir dont on peine à certains endroits à distinguer le sable. « Vous imaginez un enfant là ? », soupire-t-il. A ses côtés, son chien renifle les sacs en plastique en décomposition et les canettes de sodas.

« La mer rejette tous les petits trucs avec la marée »

« La mer rejette tous les petits trucs, avec la marée, encore plus après la pluie comme ce week-end, constate Eric Akopian Quelques jours après les intempéries, on avait ramassé cinq tonnes de déchets sur les plages. Mais la mairie de Marseille avait estimé qu’il y avait encore des tonnes de déchets en mer... »

Surtout, selon Eric Akopian, un mois après la catastrophe naturelle, la pollution qui en découle demeure majoritairement invisible, pour ne pas dire insidieuse, puisque issue des microplastiques aujourd’hui dissous dans la mer Méditerranée. « Et ces microplastiques sont ensuite ingérés par les poissons », se désole Eric Akopian.

« Il est donc souvent trop tard pour agir »

Un constat partagé par la préfecture maritime elle-même, quelques jours seulement après les intempéries. « Lorsqu’ils sont déversés en mer, la grande majorité des déchets d’origine plastique ne restent pas en surface, car ils se diluent rapidement dans la colonne d’eau et finissent par se déposer sur le fond de la mer, écrit la préfecture dans un communiqué, le 8 octobre dernier. Ainsi, lorsqu’une pollution majeure par déchets plastiques survient, comme cela a été le cas le 4 octobre dernier, il est donc souvent trop tard pour agir : une minorité de déchets flotte en surface et peut finir par arriver à la côte, mais la grande majorité reste immergée et constitue une pollution invisible. »

Une situation qui pourrait décourager Eric Akopian, qui lutte depuis des années pour préserver le littoral marseillais. « J’essaie de ne pas penser à ça, sinon à un moment, on baisse les bras, balaie le Marseillais. Moi, personnellement, je pense même, quelque part, que cette catastrophe naturelle a fait enfin réagir les gens. Depuis, il n’y a pas un jour sans lequel on m’interpelle sur les réseaux sociaux. Je fais des interventions toutes les semaines dans les écoles, et on arrive à sensibiliser de plus en plus de monde. »

L’association invite ainsi les Marseillais à rechausser les gants en plastique pour un autre ramassage organisé au Mucem le 13 novembre prochain, avec la participation exceptionnelle du groupe Bon Entendeur.