Nantes : Que faire de l’énorme quantité de déchets collectée sur le MIN ?
ENVIRONNEMENT Deux ans après son installation à Rezé, le nouveau marché de gros parvient à trier 80 % des déchets du site. Mais il espère encore faire mieux
- Le MIN de Nantes est le deuxième marché de gros le plus important de France, après celui de Paris-Rungis.
- Il a quitté l’île de Nantes en 2019 pour emménager sur un site flambant neuf à Rezé, en bordure de périphérique.
- La gestion des déchets en tous genres produits sur le site est devenue une préoccupation majeure.
C’est une petite ville de 20 hectares, active 24h sur 24h, bien qu’inaccessible au grand public. Installé depuis deux ans à Rezé, le MIN de Nantes, deuxième marché de gros le plus important de France derrière Rungis, abrite près d’un millier de professionnels de l’alimentation et de l’horticulture et reçoit jusqu’à 3.500 acheteurs. Si tout ce petit monde participe à la vente de 200.000 tonnes de marchandises par an, il produit aussi, mine de rien, énormément de déchets : fruits et légumes abîmés, cagettes, palettes, cartons, papiers, plastiques… Au total, environ 2.500 tonnes en une année ! Heureusement, un centre de tri ambitieux a été intégré dans les locaux du MIN afin de traiter toutes ces matières. Ce qu’il faut savoir.
Le recyclage a-t-il progressé ?
Incontestablement, selon Veolia, l’opérateur en charge de la valorisation des déchets du MIN. Sur l’ancien MIN, situé sur l’île de Nantes, seuls 30 % des déchets collectés étaient triés. Sur le nouveau site, l’objectif était de grimper à 80 %. Mission atteinte « dès la première année ». Un saut de performance rendu possible par une organisation millimétrée : 27 points de collecte sont répartis sur le site, les déchets sont récupérés deux fois par jour puis acheminés vers une plateforme de tri dédiée où les matières sont séparées. Certaines, comme le polystyrène ou le carton, sont compressées afin de « gagner de la place » et de « faciliter leur transport » vers les filières de recyclage. Neuf agents travaillent à plein temps sur le centre de tri.
Où vont les déchets ?
Les biodéchets (fruits, légumes, fleurs, etc.) représentent le plus gros tonnage de matières à traiter (environ 700 tonnes par an). Ils sont envoyés dans une usine de méthanisation à Machecoul où ils « deviennent du biogaz réinjecté sur le réseau ». Le carton, deuxième tonnage collecté sur le MIN, est « expédié dans une papeterie sur l’île de Nantes » pour y être recyclé en bobines de kraft. Le papier, donné à une association, les plastiques, transmis à une entreprise de plasturgie, la ferraille, récupérée par une société de métallurgie, ou le verre, confié à un verrier français, sont, eux aussi, recyclés. Les nombreuses palettes en bois sont reconditionnées pour être réemployées. Encore plus nombreuses, les cagettes sont trop fragiles pour être réutilisées. Elles sont donc brûlées dans une des chaufferies de la métropole nantaise servant au chauffage urbain. Quant aux « déchets résiduels » non triés (déchets souillés, bois comportant des résines ou substances chimiques…), ils sont également incinérés pour alimenter le réseau de chauffage. In fine, « 100 % des déchets du MIN sont donc valorisés », considère Veolia.
Comment faire encore mieux ?
La première piste d’amélioration est de réduire la part des déchets résiduels non triés (20 % aujourd’hui). « La marge de progrès se situe à ce niveau. On accompagne les opérateurs pour qu’ils évoluent petit à petit vers des emballages ou contenants recyclables. C’est possible d’aller plus loin », estime Anne Thevenot, directrice régionale de Veolia recyclage et valorisation. L’autre piste est d’améliorer le geste de tri en mobilisant encore plus les professionnels, quelques-uns étant peu motivés. « Je pense qu’il y a eu une prise de conscience globale. Mais la gestion des déchets demeure une bataille permanente. Il ne faut sans cesse réexpliquer pourquoi on le fait », confie Amaury Hanotaux, directeur du MIN. Une piste d’amélioration consiste également à diminuer le volume de déchets en amont, en proposant par exemple des contenants réutilisables consignés.
Et les invendus alors ?
La lutte contre le gaspillage est devenue un « enjeu majeur » sur le MIN. La majorité des invendus alimentaires est désormais récupérée par le Secours populaire. Les denrées sont offertes à une dizaine d’associations caritatives de la métropole. Pas moins de 620 tonnes ont ainsi été confiées à des personnes dans le besoin l’an passé. « On a fait connaître le dispositif aux opérateurs et ceux-ci sont de plus en plus impliqués », assure le directeur du MIN.