Finistère : Dans « son atelier du Père Noël », Ti Jouets redonne vie aux jeux et jouets usagés

RECYCLAGE Le chantier d’insertion vient de réceptionner une cargaison de jouets acheminée ce week-end par un train spécial affrété par la SNCF

Jérôme Gicquel
Basé dans le Finistère, le chantier d'insertion Ti Jouets a récupéré huit tonnes de jouets usagés l'an dernier.
Basé dans le Finistère, le chantier d'insertion Ti Jouets a récupéré huit tonnes de jouets usagés l'an dernier. — Ti Jouets
  • Dans le Finistère, la structure Ti Jouets recycle et valorise des jouets usagés tout en donnant un emploi à des personnes en situation de précarité.
  • Elle a réceptionné ce week-end des milliers de jouets acheminés par un train spécial dans le cadre d’une grande opération de collecte.
  • Les jouets remis sur pied sont ensuite revendus à petits prix dans une boutique.

C’est un train très spécial qui a débarqué samedi après-midi en gare de Brest. Parti de Rennes quelques heures plus tôt, il a sillonné la Bretagne avec à son bord des milliers de jouets collectés dans plusieurs gares. Mise en place par la SNCF, cette grande collecte solidaire a été organisée au profit de Ti Jouets, une structure unique en Bretagne qui recycle et valorise des jeux et des jouets usagés. C’est dans « son atelier du Père Noël », basé à la Roche-Maurice près de Landerneau (Finistère), que la cargaison va être réceptionnée et pesée en ce début de semaine.

Porté par l’association Don Bosco, qui œuvre depuis 1945 dans le domaine de l’action sociale et médico-sociale, ce chantier d’insertion a vu le jour courant 2019. Il est né d’un constat accablant dressé par l’Agence de la transition écologique (Ademe) qui a révélé que 1,27 jouet était jeté chaque seconde en France. « Cela fait donc plus de 40 millions de jouets qui finissent à la poubelle chaque année », souligne Marjorie Grégoire. Sachant que les jouets en plastique ne sont pas recyclables, la quantité de déchets produite est donc considérable.

Douze personnes en grande précarité employées en CDD

Dans son entourage, la coordinatrice de la structure a également observé que des montagnes de jouets dormaient dans les placards, abandonnés par des enfants qui se lassent souvent vite. « Dans le même temps, des professionnels de la petite enfance m’alertaient sur le fait qu’ils n’avaient pas de budget pour s’équiper ou renouveler leur stock de jouets », indique-t-elle. S’inspirant du modèle des ressourceries et des recycleries qui poussent un peu partout sur le territoire, Marjorie Grégoire a donc donné vie à Ti Jouets.

La structure collecte les jouets auprès de particuliers, d’entreprises ou de commerçants. Et la moisson est bonne avec « huit tonnes de jouets collectées l’an dernier », se félicite sa cofondatrice. Douze personnes, majoritairement des femmes, employées en CDD d’insertion se relaient ensuite dans l’atelier pour trier, nettoyer et réassembler les jouets. « On a tout un stock de pièces détachées et on en ajoute donc quand il en manque sur des jouets », explique-t-elle. Les jouets cassés ne sont en revanche pas réparés sur place, la démarche nécessitant trop de contraintes pour répondre aux normes européennes de sécurité.

Des jouets « comme neufs » vendus à petits prix

La structure arrive tout de même à revaloriser 80 % des jouets qu’elle reçoit et à les remettre sur le circuit « comme neufs ». Ils sont ensuite vendus à bas prix dans une boutique attenante à l’atelier ou lors de ventes privées organisées pour des entreprises ou des collectivités. « Les enfants ne voient même pas la différence quand on leur présente un jouet neuf ou un jouet qui a été reconditionné chez nous », assure Marjorie Grégoire.

Le reste des jouets récoltés est recyclé pour partie (12 % environ) tandis qu’une petite quantité termine à la déchetterie. Bien implantée dans le Finistère et plus récemment dans le Morbihan et les Côtes-d’Armor, Ti Jouets cherche désormais à s’implanter en Ille-et-Vilaine pour agrandir encore sa montagne de jouets et leur offrir une seconde vie.