Bordeaux : Avec Ikos, les objets de seconde main entrent dans notre quotidien
REPORTAGE•En attendant la construction d’un énorme « village du réemploi », Ikos a ouvert une boutique des objets de seconde main, dans la galerie commerciale Auchan-Lac à BordeauxMickaël Bosredon
L'essentiel
- Le projet Ikos vient d’obtenir un accord pour s’implanter sur un terrain de Bordeaux-Nord pour 2023.
- En attendant, une boutique éphémère proposant vêtements, livres et meubles recyclés, s’est installée jusqu’en avril dans la galerie commerciale Auchan-Lac.
- Le public est au rendez-vous, et Ikos espère pouvoir enchaîner avec un autre magasin éphémère prochainement.
C’est un ovni, posé au cœur de l’immense galerie commerciale d’Auchan-Lac, à Bordeaux. Ouverte le 28 novembre dernier, la boutique éphémère Ikos propose jusqu’au mois d’avril, des produits recyclés ou de seconde main, et préfigure ce que sera le futur village Ikos de Bordeaux, qui devrait ouvrir en 2023 non loin de là, à côté du centre routier de Bordeaux-Nord.
Aujourd’hui, sur 350 m2, Ikos regroupe la boutique Ding Fring du Relais Gironde, le Livre Vert, et l’Atelier d’éco Solidaire, qui fabrique des meubles à base d’ancien mobilier. Espace aéré, présentation soignée, produits nettoyés... En termes d’agencement, la boutique d'Auchan-Lac n'a rien à envier aux magasins Zara ou autres IKKS situés juste à côté. « On est loin de l’univers poussiéreux du bazar et du bric-à-brac », confirme Marion Besse, la responsable du projet.
« On peut trouver ici des produits haut de gamme à bon prix »
« Globalement, les clients sont surpris par la qualité de nos produits, analyse Frédéric Guerin, un des responsables du Livre Vert. A la base, c’est du don, mais il y a un gros travail réalisé en amont et ce qu’on commercialise a été trié avec grand soin au préalable. En livres par exemple, on propose des exemplaires de La Pléiade. Je me souviens qu'à Noël, une cliente nous a acheté un beau livre… et l’a glissé ensuite dans une pochette cadeau de la Fnac. Cela veut tout dire, non ? »
« On a des clients qui cherchent à s’habiller pour pas cher, et d’autres qui ont pris le réflexe de ne plus acheter du neuf, analyse de son côté Amélie Berdoues, responsable du Relais Gironde au sein du magasin Ikos. D’autres viennent encore car ils savent qu’ils peuvent trouver ici des produits haut de gamme à bon prix, comme du Maje et du Christian Dior. Et on a fait le choix de mettre le vintage en avant dans la boutique, car on sait que c’est quelque chose qui se développe. » Une vendeuse nous glisse d’ailleurs qu’elle n’hésite pas à aller démarcher jusque dans la galerie commerçante, les jeunes clientes hésitantes en leur assurant qu’Ikos, « c’est comme Vinted »…
« J’aime savoir qu’un habit peut avoir une histoire »
Nathalie Guillier, elle, n’a pas besoin d’être convaincue. Passionnée du vintage, cette Bordelaise a découvert Ikos un peu par hasard. Mais mercredi, c’est déjà la cinquième fois qu’elle y retourne. « J’étais juste à côté, je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas pousser jusqu’ici, s’amuse-t-elle. J'achète et je vends beaucoup de vêtements sur les sites d'occasion sur Internet, j’étais aussi déjà cliente du Livre Vert, mais je ne connaissais pas Ikos. Et je suis devenue vraiment fan, car pour les vêtements, on ne trouve jamais deux fois la même chose, et j’aime savoir qu’un habit peut avoir une histoire, et qu’il continuera à en avoir une… J’adore les meubles aussi, ils sont magnifiques ! »
Sophie est entrée aussi par hasard. Après avoir flâné dans les rayons, elle repart avec un livre. « Si jamais on est à nouveau confinés… », anticipe-t-elle. Toucher un nouveau public, peu habitué à l'univers des produits de seconde main, c'est un des objectifs de la boutique. « Et aussi de faire découvrir le projet Ikos », poursuit Amélie Berdoues.
« Une galerie marchande pour s’équiper entièrement en produits issus du réemploi »
Un projet qui a franchi une étape importante, il y a quelques jours. Un accord sur un terrain a été trouvé entre la ville de Bordeaux, Bordeaux métropole, et les porteurs du projet de village du réemploi. « Le terrain se trouvera dans le quartier Dangeard de Bordeaux Nord, à côté du centre routier, détaille Marion Besse. Une réunion technique avec Bordeaux Métropole aura lieu le 5 février pour affiner le projet, mais on part sur une surface de 2,5 hectares. » L’idée est de créer « une immersion » dans le monde du réemploi. « On trouvera à la fois des activités de collecte et de tri, et une galerie marchande d’environ 1.000 m2 pour s’équiper entièrement en produits issus du réemploi. »
Le projet réunira neuf acteurs de l’univers du recyclage, Le Relais Gironde (vêtements), le Livre Vert, l’Atelier d’Eco Solidaire (ameublement), les compagnons bâtisseurs Nouvelle-Aquitaine, l’association R3 (valorisation des encombrants), Envie Gironde (électroménager), la Recyclerie sportive, l’association Echange Nord-Sud (alimentaire, conserve et confiture) et Eco Agir (jouets). « On a donc à peu près tout ce qui se trouve dans une maison, poursuit Marion Besse. Le village accueillera aussi un lieu d’animation et de sensibilisation au thème du réemploi, avec des événements comme des ateliers de réparation et d’upcycling. Il y aura enfin des activités de R&D sur le réemploi et la réparation, via l’accueil d'étudiants. »
Une enveloppe autour de 11 millions d’euros
La prochaine étape sera l’étude de faisabilité technique, qui permettra de sortir une première enveloppe financière. « Pour le moment, nous avons estimé une enveloppe autour de 11 millions d’euros, qui sera financée par du privé et du public. Bordeaux métropole et la région prendront une part, l’Ademe également, et je pense que nous lancerons une levée de fonds participative. Si tout va bien, on peut espérer ouvrir le site en 2023. »
Ikos a l’ambition avec ce projet d’enclencher un « véritable changement des comportements, par rapport à l’usage que l’on fait des objets. » Et Marion Besse espère pouvoir proposer une autre boutique éphémère, pour faire la transition entre celle d’Auchan-Lac qui fermera en avril, et l’ouverture du village.