Coronavirus à Toulouse : La dégradation des masques dans la nature (grâce à de minuscules bêtes) scrutée de très près
BAS LES MASQUES Une équipe d’étudiants toulousains a décidé de mener une étude pour voir le rôle que pourraient jouer les micro-organismes pour accélérer la dégradation des masques jetés dans la nature
- Les masques jetables sont régulièrement jetés dans la nature. Or, cette nouvelle source de pollution met plus de 400 ans à se dégrader dans l’environnement.
- Des étudiants toulousains ont décidé de voir quel rôle pouvait jouer les organismes aquatiques dans sa dégradation.
- Ils ont lancé une expérimentation dans les trois cours d’eau de la Ville rose et en laboratoire.
Il y a encore un an, trouver un masque chirurgical abandonné dans une rue de la Ville rose aurait été une découverte insolite. Aujourd’hui, c’est monnaie courante d’en apercevoir dans les caniveaux, qui finiront à terme dans les eaux du canal du Midi ou celles de la Garonne. De quoi pousser des étudiants toulousains à étudier la façon dont l’environnement peut agir sur la décomposition de ces objets jetables.
Composés de couches de polypropylène, un polymère très répandu et loin d’être biodégradable, ils sont censés mettre près de 400 ans à disparaître complètement après avoir été jetés dans la nature avec désinvolture. Un vestige très polluant de cette crise sanitaire que les organismes vivants dans les milieux aquatiques pourraient aider bien malgré eux à dégrader plus rapidement.
« Nous avons vu que beaucoup de masques chirurgicaux fleurissaient sur les trottoirs, nous nous sommes alors posé la question de l’interaction avec le vivant, par notre expérience nous voulons savoir quels macro ou micro-organismes peuvent les coloniser et comment ils interagissent avec », explique Virgile, l’un des cinq étudiants du projet Codemasc, mené dans le cadre de leur master « Ecosystèmes et Anthropisation », en partenariat avec le laboratoire Ecologie fonctionnelle et environnement de Toulouse.
Les mini-escargots à l’attaque
Pour mener à bien leur expérience, ils ont donc immergé une quarantaine de masques dans les eaux du canal du Midi, de l’Hers et du Touch le 20 octobre pour une durée de six semaines. Mais aussi en laboratoire, où ils ont simulé le milieu naturel, tout en pouvant contrôler les mécanismes de dégradation sur la même période.
Ils veulent ainsi voir si de minuscules escargots aquatiques, baptisés physes, jouent un rôle dans la perte de masse du masque et sa vitesse de dégradation. Ces derniers grignotent en effet le biofilm, une sorte de couches d’algues et micro-organisme, qui se forme à la surface des masques. En laboratoire, mettre de l’azote permet aussi d’augmenter le nutriment du biofilm.
« Nous avons fait nos relevés et nous nous sommes rendu compte qu’il y avait plus de matière organique qu’on le pensait, des micro-organismes qui s’y sont intéressés. Dans les aquariums des laboratoires, les physes ont un impact. Dans la nature, d’autres paramètres peuvent aussi entrer en ligne de compte, comme les courants ou les UV. A l’œil nu pour l’instant on ne voit pas de grosse différence », explique Aurélie, une des autres étudiantes du projet qui partagera ses résultats sur son blog.
A l’heure où l’on parle beaucoup du continent plastique, à travers leur travail, l’équipe cherche aussi à sensibiliser sur une pollution aux microplastiques, bien plus proches de nous et qui pourrait être certainement évitée.